Le problème des politiques, c’est parfois leur comportement qui font que leurs belles et bonnes idées sont négligées par les électeurs. On a de beaux exemples au moins depuis 2002. Je ne donnerai pas de noms, ça ne veut pas dire que je renie des amitiés politique ou autres, c’est le droit à la nuance. prenons le cas de Jean-Luc Melenchon.

Nous avions interviewé Melenchon avec les autres soc-traitres en 2010.  Je ne change rien à ce que je pense depuis cette époque, Melenchon est un soc-dem en colère, un républicain. Bien plus en colère que les autres, devenus mous, ou complices du système. Et sa colère est saine, au vu de ce que le monde est devenu en 2 ou 3 décennies avec auto-intoxication d’une partie de la gauche avec des idées idiotes.

(c) Richard Trois 2010

Sur ce sujet ceux-ci ne sont pas forcément cyniques et même parfois complètement dans le vrai1. :

“La gauche française au pouvoir s’est cantonnée en matière économique dans la gestion à court terme [...]. Convertie à la crédibilité internationale, surnageant dans la vague libérale, elle s’est placée sur le terrain de l’adversaire et s’y est naturellement trouvée progressivement démunie. [...] Plus profondément, les objectifs d’une politique de gauche, à être sans cesse repoussés au-delà des résultats d’une période de rigueur qui ne s’arrête jamais, deviennent illisibles, peu crédibles, voire introuvables.

J-L Melenchon était dans ces équipes gouvernementales, il a changé d’avis – c’est son droit- et j’aimerai bien savoir comment il s’est rendu compte de tout ça, quels sont les mécanismes qui transforment des gens de gauche en répéteurs des conneries de l’OCDE ou autres billevesées ? C’est essentiel de savoir. Et des insiders des appareils, comme Jean-Luc Melenchon ont surement des choses à raconter sur ces sujets.

On me demande toujours, mais pourquoi a-tu soutenu Hollande ? la réponse est simple, c’est celui qui dans mon camp avait le plus de chance d’être élu 2 . Voilà donc pourquoi j’ai fait sa campagne. Le but : gagner les élections, faire le plus de progrès dans une direction. L’outil : François Hollande.  Je ne sais pas si au final ce sera un pédalo ou un Roosevelt bis, on jugera en 2017. Pour l’instant je n’ai pas d’éléments pour juger, et ceux qui le font se trompent. Et je compte sur tout le monde à gauche : EELV, FDG, PRG pour secouer le cocotier batave quand ça n’ira pas dans le sens qu’il faut, ou avec l’intensité qu’il faut.

Oui, j’aurai pu faire la campagne de Melenchon s’il avait été plus soutenu dans les sondages. Est-ce la faute des médias qui paraient ils ont triché ? c’est ce que me disent des “melenchonistes” en mode fan-club sur twitter ? Suis-je le complice de ce complot contre la démocratie ? ou ne suis-je pas plus légitime pour poser des questions ? “en quoi le fait d’être non-encarté te donne une légitimité supplémentaire ?”

Ce sont des messages de 2 de ses fans..

Revenons à J-L Melenchon et à ses idées, j’ai donc dit que j’étais d’accord à 70% avec le tout. Il y a donc 30% qui me posent des soucis. Là c’est la lessiveuse à trolls, ça va couiner sévèrement, sans doute 10 sur l’échelle Celine Dion.

Le tropisme sud-américain.  Melenchon est captivé par l’Amérique latine et son histoire politique récente. Il s’en sert comme source d’inspiration, c’est son droit. Mais sur le Venezuela et le Chávezisme  parfois exacerbé de ses militants, je ne suis pas d’accord :  le Venezuela est un des pays où les gens ont le plus de risques de se faire abattre dans la rue. Nous sommes dans l’UE et le contexte est largement different, même sur la violence sociale ou politique. Bien sûr , il y’a des schémas oligarchiques de nature voisine: top 1% et autres. Mais la bas, les choses sont plus violentes.  Là, les trolls vont me qualifier d’anti-Chávez. Ils sont en mode TINA a l’envers et ça s’explique :

The revolutionist has no patience for the dialogues of reform and compromise; it’s either revolution or nothing.

Donc, on essaye de nous imposer des choix Binaire : on est pour Chavéz ou alors pour la CIA, c’est un choix binaire: O ou 1, comme G.W Bush le faisait en son temps. Et bien non, TINA ca n’est pas juste, ce qui est juste c’est TATA: il n’y a pas une alternative écrite je ne sais où par des gens sympathiques ou pas, mais des centaines de choix possibles et pas forcément médiatisés par des “gauchistes” dans les médias mais pourtant proches ou cités par ceux qui se disent de la “vraie gauche”.

Donc je regarde Chávez d’un oeil lointain, et en gros je m’en fous.  Est ce que ça fait de moi un Chávezophobe ? bien sûr que non. Et dans les électeurs chez nous, qu’est ce qui les emmerde/intéresse  le plus ?  Merkel, Chávez, Obama, Romney, le Pape ? Tout ça peut choquer les non militant, et les gens peuvent se dire “Mais qui est ce Chavez?”

l’iconographie révolutionnaire. J’ose le dire : c’est du marketing politique, ils ont mis un (c) sur la Révolution©. Pourtant le projet du FDG n’est que de la social-démocratie avancée: on n’y parle de pas de collectivisation des moyens de productions, ou autres. Demandez à un vrai “gauchiste” il va sortir des mots clairs à ce sujet. Ensuite la révolution ça a forcément un gout violent, de violence politique. Au minimum on prend les gens et on les dégage de force de leur place.

Ce marketing politique a donc entrainé un phénomène simple, le FDG a capté des déçus du NPA qui a subi une telle vidange qu’Olivier Besancenot à du gueuler contre Melenchon sur le plateau de Canal+ Dans ces déçus du NPA on trouve des révolutionnaires en carton, capable de faire des appels au meurtre dans twitter ou de soutenir la lutte armée. C’est tellement facile depuis son canapé.

Et bien sûr les éditocrates cons comme des ânes, ont mis le FDG à l’extreme gauche et crié à la peur du rouge, avec le couteau entre les dents. Alors qu’en fait ce sont des réformistes radicaux ! Donner plus de pouvoir au parlement, aux citoyens, aux travailleurs dans une économie de marché, dire non au TCSG ce n’est pas du gauchisme ou du marxisme ou faire la révolution! Il se passe la même chose aux Pays-Bas. C’est même ce que la gauche de gouvernement devrait faire, et ce qui est proposé en partie par les soc-dems ou certains d’entre eux.

Jean-Luc Melenchon l’avait dit lui même : je veux ramener les socialistes au bercail. Pour faire ça, il ne faut pas insulter les gens, leur parler de ce qui les concerne, et ne pas faire appel des communicants à lunettes Prada™. Et bien sûr ça veut dire aussi que les socialistes ne doivent pas chier sur Melenchon surtout quand il a raison, par exemple sur l’impôt progressif…

 

 

 

 

 

 

 

  1. la citation est extraite de L’Heure des choix, François Hollande et Pierre Moscovici, Ed. Odile Jacob, 1990
  2. élu ou ému ? oui FH m’a ému, mais Melenchon aussi parfois pendant la campagne

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