Angela Merkel va-t-elle finir par énerver les Grecs ? En effet, les médias Français n’en parlent pas beaucoup, mais il y’a des soucis de taille qui se préparent dans l’UE. Des attaques verbales contre des peuples, et le retour de factures qui datent de 1945…

Il y a quelques semaines, Angela Merkel considérait qu’ils étaient fainéants et prenaient trop de congés ou partaient à la retraite trop tôt. Ceux-ci sont déjà prévenus qu’ils allaient perdre de la souveraineté. Et que de toutes façons ils s’étaient augmentés de trop… selon Junker président de l’euro-group. Voilà donc la sortie de Merkel:

«Il faudrait que dans des pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal, on ne parte pas à la retraite plus tôt qu’en Allemagne, que tous fassent un peu les mêmes efforts, c’est important» (..) «Nous ne pouvons pas avoir une monnaie commune et certains avoir beaucoup de vacances et d’autres très peu, à la longue cela ne va pas. Nous ne pouvons pas simplement être solidaires et dire que ces pays peuvent continuer comme si de rien n’était. Oui, l’Allemagne aide. Mais elle n’aide que si les autres font aussi des efforts palpables »

Discours, proche de celui de Sarkozy, mais là avec opposition directe de peuples les uns contre les autres.   Mais, il va falloir vérifier tout ça. On oubliera pas de lui dire que l’Allemagne est un des pays d’Europe où il y a le plus de jours féries : 16 (en moyenne 14 par ce que ça dépend du Land). En France hors DOM et Moselle et autres zones ayant été teutonisés en 1870:  10 jours féries dans l’année. L’Espagne n’a que 7 jours de congés nationaux et 5 qui peuvent être ajustées dans l’année en fonction de la communautés autonome.

Les grecs n’ont que 5 jours chômés obligatoires dans l’année et quelques autres facultatifs. Soit 10 ou 11 jours fériés obligatoires de plus pour les Allemands qui se moquent des Grecs.

Pour la retraite, n’oublions pas la différence entre la réalité et l’âge affiché pour les traders et autres agences de notation : 67 ans chez les Allemands et en réalité 62,1 ans d’âge moyen de sortie du marché du travail pour les hommes. Contre 60 affiché en 2008 en Grèce et 61,9 ans pour les hommes. Soit donc 0,3 année de plus pour l’allemand, ou encore 4 mois.

Pour les congés, les allemands ont 20 jours obligatoires à prendre, soit 4 semaines de congés payés.  Le site toute l’Europe nous indique via une carte  que les Grecs ont donc entre 21 et 24 jours de congés (en fait 23 en moyenne) , contre 20 pour les allemands… qui ont donc déjà 11 jours fériés de plus que les grecs.

 

On voit donc que le solde congés/fériés entre les deux nations est en faveur de la Grèce dans ce domaine: 11 – 3 = 8 jours. Comparons aussi d’après l’OCDE , le nombre moyen d’heures annuelles ouvrées par personnes ayant un emploi. En Grèce en 2008, c’était 2119 heures, tandis qu’en Allemagne on ne travaillait que 1390 heures. On voit donc que là encore les données macro-économiques sont une claque à Angie.

Alors Angela, est ce que tu sais compter ? Oui , tu as une formation scientifique si ma mémoire est bonne. Mais alors pourquoi trahir la réalité? Si ce n’est pour faire dans le populisme à la Tatcher et aussi pour cacher tes propres soucis de banques à créances douteurs ou de dette qui finalement est aussi élevée qu’ailleurs comme le montre cette carte.

 

Ou alors Angela, ne serait-ce pas par ce que tu sais que ton beau pays (oui c’est  un très beau pays l’Allemagne) doit encore un gros paquet de sous… aux Grecs, du fait des réparations de la 2nde guerre Mondiale. Comme le rappelle courrier International, via un article publié dans “Der spiegel”   C’est une Interview de Albrecht Ritschi qui explique qu’au XXe siècle Berlin a été le roi de la dette et de la Guerre associés à ces dettes. Et que comble de l’ironie, il ne veut pas payer ses dernières. Autre ironie de l’histoire l’UE propose qu’on copie le mécanisme de privatisations de la réunification allemande: Treuhand. Via un office contrôlé par des administrateurs étrangers, la Grèce serait vendue en morceaux. Mais fait étrange, là encore ce truc allemand avait fini par crouler sous les déficits :

La Treuhand était censée revendre les actifs publics en faisant un bénéfice mais elle a clôturé ses comptes sur un énorme déficit de 270 milliards de marks (172 milliards de dollars, 118,4 milliards d’euros), un souvenir fort déplaisant pour les milliers d’Allemands qui y perdirent leur emploi.

Il faut donc que les grecs se mettent à copier un modèle allemand foireux, qui en plus aura été le moment d’une vaste arnaque comme le précise Albrecht Ritschi:

 Oui, le chancelier d’alors, Helmut Kohl, a refusé d’appliquer l’Accord de Londres de 1953 sur les dettes extérieures de l’Allemagne, qui disposait que les réparations destinées à rembourser les dégâts causés pendant la Seconde Guerre mondiale devaient être versées en cas de réunification. Quelques acomptes ont été versés. Mais il s’agissait de sommes minimes. L’Allemagne n’a pas réglé ses réparations après 1990 – à l’exception des indemnités versées aux travailleurs forcés. Les crédits prélevés de force dans les pays occupés pendant la Seconde Guerre mondiale et les frais liés à l’occupation n’ont pas non plus été remboursés. A la Grèce non plus (…)  Personne en Grèce n’a oublié que la République fédérale devait sa bonne forme économique aux faveurs consenties par d’autres nations. Les Grecs sont parfaitement au courant des articles hostiles à leur égard parus dans les médias allemands. Si le vent tourne dans le pays, de vieilles revendications liées aux réparations de guerre pourraient refaire surface, y compris dans d’autres pays européens. Et si l’Allemagne se trouve contrainte de les honorer, nous y laisserons notre chemise.

Terrifiant en effet, un Allemand explique que son pays pourrait se retrouver un peu exsangue si on lui demandait de régler ses dettes de la 2nde guerre mondiale, surtout qu’il y a fort soupçons de tromperie allemande sur ce sujet.  Un autre économiste, Français celui là a calculé l’addition pour Angela et les Allemands si cela venait sur la table des négociations.

Selon mes calculs, les Allemands doivent aux Grecs au moins 575 milliards d’euros au titre de la seconde guerre mondiale. Les Allemands doivent beaucoup plus à la Grèce que les Grecs ne doivent à l’Allemagne. Et enfin, ils habitent tous les deux dans le même building, et si l’on fait imploser l’appartement de la cigale, tout le monde s’effondre. La morale de l’histoire c’est que deux choses doivent à mon avis être respectées : le contrat de la Grèce avec l’Europe et le contrat de l’Allemagne avec l’Europe.

La même Angela Merkel aurait du lire Die Zeit, qui se pose la question simple “ou est passé l’argent des riches grecs” ?

Les riches Grecs conservent leurs millions sur des comptes à Zurich, à Chypre, au Liechtenstein et à Londres. Les particuliers grecs auraient déposé plus de 560 milliards d’euros à l’étranger, selon un récent article du Handelsblatt de Düsseldorf, qui s’appuie sur des sources proches des milieux financiers grec et suisse. (A titre de comparaison, le PIB de la Grèce était de 230,2 milliards d’euros en 2010.) La somme exacte est probablement inférieure, mais une chose est sûre : nombre de Grecs riches ne font pas confiance à l’économie nationale.

Une partie de ce pactole est sans doute dans des banques allemandes ou filiales de celles-ci . On comprend alors que certains ne veulent pas trop qu’on y touche, ou qu’on incite fortement les Grecs à le faire revenir dans leur économie nationale.

Et pourquoi non plus ne pas dénoncer la fraude fiscale en Grèce, qui est a titre de comparaison de 250 milliards d’euros par An en Allemagne. Chiffre énorme vous ne trouvez pas?

Il y a encore une deuxième tradition grecque, qui coûte beaucoup d’argent à l’Etat : la fraude fiscale. Riches armateurs ou pauvres plombiers, presque personne ne déclare ses revenus avec exactitude, car le risque de se faire prendre est limité. Les nombreux travailleurs indépendants du pays ne font pas de factures ou en établissent pour un montant inférieur à la réalité. Les rares riches investissent leur argent de façon tortueuse. Depuis un an, les inspecteurs des impôts utilisent Google Earth pour rechercher les piscines non déclarées : ils en ont trouvé 1 700 au lieu des 121 officiellement déclarées dans une région du nord, selon la Neue Zürcher Zeitung de Zurich.

Non Angela Merkel a choisi le populisme et la négation. C’est sans doute elle qui met le plus la zone euro en Danger. L’Allemagne est l’enfant prodige de l’Europe, mais cela s’est fait sur le dos de Européens, pour que la république fédérale d’Allemagne puisse être un champion dans l’Europe de l’ouest. Ce prodige a donc été acheté à crédit et sur le dos d’autres nations.


Et voilà donc ce que Merkel confirme en quelques secondes avant de se barrer de la conférence de presse : pas d’Eurobonds qui calmeraient les spéculateurs, pas de collaboration avancée entre nation. En fait, sa vision de l’Europe c’est celle de Maggie Thatcher. Celle ci voyait l’Europe que comme un gros tiroir caisse libéral, et a fini par expliquer un jour “I want my money back“. Angie le fera sans doute prochainement. Alors que c’est l’inverse qui devrait être fait.

Mais d’ici là foules grecques auront peut être réclamé la mise à jour de compatibilité européenne. Et avant cela Angela Merkel aura peut-être expliqué que -selon elle- les Italiens sont des fainéants et mafieux et que les espagnols ne pensent qu’a faire la sieste… Quitte a ouvrir la boite de Pandore, et a faire oublier l’idée même de construction européenne. Tout sera devenu un tiroir caisse libéral avec insultes trans-européennes. Un hommage d’Angie à Maggie?

Cet article a été écrit grâce à Courrier International qui est une source essentielle d’information pour celui qui est curieux de l’actualité internationale et des points de vues autres que franco-français, n’hésitez pas à cliquer sur l’offre de Toutabo Courrier International pour profiter d’un abonnement à un tarif préférentiel.