On a vu ce week-end dans la blogobulle politique de gauche, un débat: La fête de l’Humanité. Débat avec des arguments parfois pénibles ou de mauvaise foi. Certains ont réduit la fête de l’humanité à un cirque et expliqué qu’y aller était une faute . Les voilà en wanabe Duhamel, c’est leur droit. Ils se comportent comme des militants politiques.
Oui, en militants politiques, même s’ils ne sont pas encartés. Surtout quand les plus brillants d’entre eux, parlent de négociation à venir et qui viendront de toute façons pour des postes ou des mandats. Alors qu’il faut parfois se mettre à la place du citoyen lambda, de Monsieur et Madame Michu, de leur ainé Jean-Kevin et du petit Steven.
On se souvient avoir lu, et signé des appels demandant à faire de la convergence politique, à chercher le commun. Nous avons tous signifé à ce moment là, la volonté de rassembler les gauches.
Rappelons les deux derniers paragraphes de cet appel:
D’ailleurs pensez-vous sérieusement qu’un programme qui rassemble tous les partis de gauche soit un défi aussi insurmontable ? Nous partageons tous un socle de valeurs communes : écologie, services publics, société solidaire, emploi pour tous, fiscalité redistributive, laïcité, régulation de la finance, éducation, innovation, recherche, et bien sûr, l’ambition d’une France forte, généreuse et influente sur la scène mondiale.
Chers camarades, quelle tâche plus stimulante qu’un programme unitaire pour ceux qui aiment la politique et veulent changer les choses ! Ce n’est pas une utopie, c’est une nécessité. Les électeurs le sentent et multiplient les appels dans la presse et sur le Net. Nous sommes à un an de l’échéance, vous avez encore le temps de vous y mettre. N’attendez pas.
On me répondra, oui , mais le candidat ? Alors relire ça: un programme, un candidat. Il faut d’abord se mettre d’accord sur le programme. Donc travailler le fond, et hors des images et discours en langue de bois d’appareil. Pourquoi ? Tout ça se passe sous les yeux des citoyens, des électeurs… qui ne disposent pas des grilles de lecture de “militants politiquement plus éduqués“
Ceux-ci n’ont qu’une envie: Que la gauche se réunisse, et propose des solutions concretes s’adressant à tous. Et l’union, ce ne sont pas des images dans une péniche un soir d’élection. Non, ce sont des images fréquentes, avec des propositions échangées et des réponses apportées.
Et j’ai bien utilisé le mot images, par ce que nous sommes dans l’ère de la communication. Les citoyens se disent “t’as vu hier, X et Y se sont mis d’accord sur des trucs”. Oui vu, pas lu. Pas lu dans la presse qui vend de moins en moins (sauf épiphénomène DSK) , et encore moins dans les blogs (hélas, vous en conviendrez).
Et vu , où ? dans les journaux télévisés. Les trucs que personne ne regarde dans la blogobule. Alors que c’est le principal média d’information (hélas) pour les citoyens. On parle là de millions de spectateurs…. Et qu’on vu ces spectateurs, le samedi soir sur France2 par exemple ? Ce sujet:
Que peux retenir un spectateur restant devant le sujet de bout en bout et non dérangé par le gamin de 7 ans qui veut brancher sa PS3, pendant que l’ado use son forfait unlimited pour appeler sa copine et gueuler “LOL” toutes les 4,34 secondes ?
Ségolène Royal apporte un projet de réforme bancaire à Melenchon et “propose qu’on travaille ensemble” . Réponse de Melenchon: “très bien, très bonne idée (..) parfait” .
Martine Aubry est venue avec son mari, c’est une habituée ou une vieille copine et explique que les responsables de gauche doivent être là. On voit deux zozos, gobelet autour du cou, ou à la main “les socialos à la Rochelle”. Ca peut faire poivrot, dommage pour eux quand ils vont rentrer chez eux.
Melenchon explique que François Hollande aurait du venir (le spectateur comprend donc qu’il n’est pas venu), et explique que l’accueil est bon enfant.
Notre téléspectateur aura retenu: “Ségolène Royal, Melenchon, travail ensemble”. Il se dit que c’est bien par ce que ça montre que la gauche peut se réunir et travailler ou discuter de choses concrètes. Par ce que comme beaucoup de français sa banque lui suce des frais bancaires de plus en plus importants et n’aide pas le PME où il travaille (80% de l’emploi salarié dans les PME). Et donc “réforme bancaire”ou “mettre les banquiers au pas” ça lui parle. Parait que c’est populiste de faire comme ça. C’est un hurluberlu qui a expliqué ça sur France5 juste après le reportage sur les accouplements de Lion.
Envoyez à notre téléspectateur moyen, Les mots comme convergence, houlà ça devient compliqué, et appareil politique ? mazette c’est quo? Alors si on lui parle de trop de convergence qui tue la convergence : il zappe. Parlez lui de génuflexions, de rodomontades verbales: le camenbert industriel finit ecrasé sur le plasma ! Parlez lui de comparaison de vêtements féminins : Mais on est pas sur m6 , sera la réponse. Expliquez lui que Titine et Ségolène ont ruiné la gauche en y allant et que l’électeur se base sur les dépêches Reuters pour se faire des idées, il rigolera et vous suggérera de postuler à C-Dans-L’air. Encore plus si vous lui citez un blog de droite comme argument.
On le voit, va falloir que nos élites de gauche un peu engoncés dans leur certitudes, et les wanabe médium invoquant les esprits de Mitterand descendus sur Hollande (Il a même davantage d’obligations que les autres : l’esprit de François Mitterrand qui est descendu sur lui, l’oblige.) comprennent une chose essentielle : La gauche doit parler concret, avant de décrire une utopie réalisable et doit montrer des preuves d’un travail en commun… préalable à un rassemblement qui ne fasse pas Vaudeville de théâtre de boulevard comme l’a vu les années précedentes.
C’est pourtant simple non ? Pas besoin d’invoquer de spectre ou de faire des A4 sur les manœuvres d’appareil.
Quelques billets sur cette histoire de Fête de l’Humanité :
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