Big society, c’est donc le nouveau délire libéral, venu de chez nos voisins grands-bretons. Il s’agit en fait de finir de déshabiller l’état pour le profit de l’oligarchie. Tout ça via un nouveau “contrat social ” proposé par le manifeste du Parti conservateur britannique.. et qui va faire croire aux citoyens qu’ils peuvent remplacer gratuitement des services publics locaux.

Un concept fumeux, comme tout concept libéral : Responsabiliser les citoyens, avec wording classique : cesser de les infantiliser, combattre le marxisme, le service public forcément inefficace , soutenir les associations caritatives plutôt que des fonctionnaires… Et message révolutionnaire :

‘take power away from politicians and give it to people’ (…) impressive attempt to reframe the role of government and unleash entrepreneurial spirit”(…) exists to generate, develop and showcase new ideas to help people to come together in their neighbourhoods to do good things.

Citations prises un peu partout, qui résument le projet : Les vilains politiciens et fonctionnaires sont inefficaces, il faut libérer l’esprit d’entreprise et les voisins vont faire des trucs gentils, Kikoolol ! Ca vous rappelle forcément quelque chose, c’est le monde merveilleux des bisounours libéraux. Pour le rendre “moderne” on rajoute une branche Opendata pour libérer les données et permettre la création d’entreprise (pour les insiders, les autres rien ne change). On va bien sûr, développer le volontarisme et donc le travail gratuit. Un rêve salué par le Financial Time : What a fabulous opportunity to introduce yourself to the neighbours over a plan or two.

Pratiquement, ça veut dire qu’on va confier aux citoyens le budget de gestion des services locaux: Bibliothèques, etc…  Tout ça en réduisant les subventions aux mêmes services… de 60%. Tout ça faisait donc fantasmer le libéral ! Pensez donc, on va créer un LibertyLand local, joie, joie !!!

La BBC mit donc en place un test et au suivi d’habitants en situation. Le Monde à relaté ça, et vous allez voir que c’est assez cocasse et prévisible comme résultat. Le cobaye libéral annonce tout de suite ““Nous n’en avons pas pour notre argent” , version light du c’est trop cher. Chaque habitant reçoit donc la somme correspondant à ses impôts locaux pour … gérer les services locaux lui même en se mettant d’accord avec ses voisins lors de multiples réunions le soiraprès le travail.  Il faut tout faire, les poubelles, les crottes de chien, ramasser les canapés abandonnés dans la rue, emmener les enfants des autres à l’école, s’occuper des vieux… Et voilà qu’arrive le cas d’une assistée… la vilaine faignasse Tracy touchait des aides locales, il faut donc savoir ce qu’on va faire d’elle. Certains voudront la virer du quartier, et d’autres oseront “elle a trop d’enfants“. Voilà donc pour les “good things” supposés: de l’égoïsme, et la mise en cause des plus pauvres tout ça auto-régulé.

Au bout de 42 jours, l’expérience se termine. “Les gens ne vont pas oublier, ils ne vont pas pardonner, La communauté est en lambeaux, il faudra du temps pour qu’elle s’en remette si tant est qu’elle y arrive.” . Voilà la conclusion d’une des participantes.

Finalement, la presse UK enterra le projet, du moins en apparence. Pour le Financial Times, c’est Big Society, Big Fiasco.

Un fiasco : il s’agit en fait de déshabiller l’état et donc de confier aux collectivités locales et citoyens volontaires ses responsabilités et budget .. en baisse. Ce qui conduit à des comportements égoïstes dans les populations ayant testé cette idée. Le pauvre devient l’ennemi, et l’état condamné a être désarmé.. Ses services publics devenant obsolètes ou sans fonctionnement possibles. Une sorte de RGPP avancée ! Et les volontaires abandonnent pas manque de temps, forcement faire du bénévolat après une journée de travail…

“La Big Society apparaît comme profondément cynique : l’opinion y voit un subterfuge pour justifier les coupes budgétaires, déplore l’un d’entre eux. Nous essayons bien de lui redonner un souffle, mais le patient ne réagit pas.”

 

Aux dernières nouvelles, Cameron et ses amis ne renoncent pas à leur projet ! Preuve que l’hallucination libérale est forte.

Par contre chez nous les idées libérales sont encore en chute libre, y compris aux USA.  L’exception Française, de liberté, égalité, fraternité se voit dans un sondage. Prononcez ces 3 mots devant un libertarien ou un chien libéral : il va couiner séverement. Rappelez lui la nuit du 4 août, il va vous dire qu’il est d’accord. Expliquez lui que ses amis sont des néo-aristocrates, il va nier. Nous citer 2 ou 3 blogs libéraux exilés qui en UK , qui en Belgique, nous expliquer que nous sommes dans une France socialiste collectiviste… Preuve s’il en était de leur aliénation mentale.

Et voilà que des UMP margé les échecs locaux en UK, se mettent à fantasmer sur le sujet. Evidement dans l’espace à gambadages libéraux qu’est Atlantico. Tout ça sous la plume de Camille Bedin, secrétaire nationale en charge de l’Egalité des chances au sein de l’UMP.

Attention par ce que c’est violent : Ces principes nous donnent à réfléchir, notamment en matière d’éducation, afin de rendre leur dignité et leur pouvoir aux citoyens qui ne demandent qu’à redevenir acteurs du destin collectif. (…)  la « Big Society » de David Cameron peut être une source d’inspiration.

Ou on y lit des commentaires divins :

Pourquoi diable les gens ont ils peur de la liberté ? Pourquoi ce besoin d’avoir un état omniprésent au dessus de soi pour tous les moments de la vie ? Pourquoi les gens ne comptent ils pas plus sur eux-même ?

La liberté du renard dans le poulailler, l’état omniprésent ? il est décentralisé, et c’est un tradition qui date chez nous de 1789 pourtant présentée comme révolution “libérale” par certains libéraux…  Compter sur eux même ? Oui c’est déjà le cas pour les millions de salariés et chômeurs jugés comme variable d’ajustement.

Méfiance donc, ces idées loufoques doivent être surveillées, car ça continue! même si The idea has now become a toxic brand.. La saloperie a été étendue au service de santé publique (NHS) via des co-operative de personnels de santé et désormais les associations caritatives se plaignent des subventions disparues.

 

Il ne s’agit pas pour moi de dénoncer la participation des citoyens à ce qui les concerne. Mais on ne peut pas demander à des volontaires de faire le job de spécialistes.. surtout gratuitement.