La surprise du moment, c’est ce qu’on lit dans les gazettes en ligne: l’OCDE prévoit une légère baisse du chômage en 2015. Tout ceci repris par le quotidien du soir, ou le journal sans fond à 2€.
Donc on se dit, qu’on peut tout poser, wahouuuu le miracle est là ! L’OCDE annonce un retournement de la courbe du chômage , donc une baisse , pas une basse de la dérivée première, de la pente, non de la courbe.
Mais voilà, les gens ont une mémoire de poisson rouge, l’OCDE c’est le bras armé du néo-libéralisme qui s’est trompée partout et peut même dénoncer ses propres turpitudes sans aucune retenue comme le ferait un maoïste. Et que nous dit l’OCDE sur ce retournement de la courbe du chômage ? Retournement dont l’intensité est forte pensez donc : on va perdre 0.1% sur le taux officiel du chômage. Alors comment faire ?
C’est très simple et amplement prévisible: l’OCDE recommande, en «priorité», de procéder à des «réformes structurelles du marché du travail». REFORMEs, TINA, Y’a pas le choix, Y’a plus de sous .. Et quelles sont ces réformes, je vous le donne en mille. Pour ça il faut lire les recommandations de l’OCDE à la France. Ouais, cheri, faut lire les recos, tu vouaaaââââââââââ…..
Voilà c’est simple : si y’a du chômage en France, c’est par ce que les gens payés au salaire minimum sont trop payés ! Enfer et damnation, c’est pas compliqué d’être expert OCDE : il faut penser simplement, et mettre des mots compliqués autour. Et après c’est sympa, tu peux travailler dans un beau château, faire des conférences, inviter des twittos pour essayer de les transformer en twittopute (équivalent de la blogopute : il fait la promo d’une marque dans ses twitts au lieu de billets de blogs, ça marche avec la mode, et n’importe quoi désormais ce placement de “produit“).
Ce simplisme outrancier est vicieux, car il peut infester des esprits mêmes bien formés. On oublie que le taux de smicardisation de l’emploi est énorme. On trouve déjà (et depuis quelques années) des salariés rémunérés au smic pour des jobs où on leur demande de réfléchir, de penser à l’organisation de leur travail, ou de prendre des décisions, ou de créer des choses.. alors qu’à la base c’est un salaire de niveau simple exécutant dans les conventions collectives.
On devine derrière tout ça l’attaque contre le smic: Certains veulent rémunérer 900€ brut mensuel (ou moins) des salariés pour exécuter un travail qui en valait 1500 ou 2000 quelques années plus tôt. Tout ça avec prochainement la possibilité légale de mettre des exceptions “locales” à la loi , via des conventions.
Regardez par exemple , la liste d’offres, que j’ai trouvé en 20 secondes avec Google. On rémunère déjà au smic des salariés chargés de “rédaction des communiqués de presse, revue de presse et contact avec la presse“, “rédaction des newsletters et des publications sur les réseaux sociaux“, “développement des publics, des réseaux“, “réalisation ” de contenus médiatiques. Ce n’est pas ici un simple job d’exécutant. Car dans ces métiers la rémunération au smic c’est par exemple celle d’un agent d’accueil. Et qu’on ne me dise pas que c’est un problème de “charges” , le taux d’exonération de cotisations sociales d’un salaire au smic est de … pas grande chose, voir rien ou presque.
Je suis convaincu qu’on trouve dans le fine équipe de conseillers économiques de Hollande quelques un qui pensent qu’on doit faire sauter ce seuil du Smic pour “résoudre le chômage“, mais ne sait pas comment faire pour que l’opinion l’accepte… des trucs du genre “mais madame Chabot, rendez-vous compte, on ne peut pas payer le simple ouvrier au même prix que le webmaster , c’est du bon sens” .
Misère,tout ça crée déjà de la misère (et des déficits), de la mouise, de la colère et cette pitoyable bande ne comprend pas.
Mise au point nécessaire face à l’unanimisme provoqué par l’OCDE. Ne boudons pas notre plaisir, une bonne nouvelle reste une bonne nouvelle et une baisse du chômage est bonne à prendre. Dans ces proportions c’est pas terrible mais mieux que rien.
Le problème de l’emploi en France n’est pas tant au niveau des réformes du code du travail que de l’investissement : le pays ne crée pas assez d’emploi pour absorber les nouveaux actifs, c’est aussi pourquoi le chômage frappe les jeunes.
sauf que c’est une baisse en trompe l’oeil : la population active augmente, le nombre de chômeurs aussi et ceux qui ne cherchent plus aussi.