Tout le monde a forcément un avis sur la crise grècque. Pour le réactionnaire ou le libéral,ce sont des fainéants. Pour Merkozy, le fait serait même établi: la Grèce a vécu au dessus de ses moyens. Notez que ces mots sont repris sur nos antennes et télé plates Haut-Débit de bêtises à la seconde.
On va commencer par une video, extrait d’une émission de France2 :
La mère explique que son salaire va être divisé par 2 ou 3 d’ici un an, et quelle ne pourra plus payer les traites de la maison . Son enfant de 13 ans va à l’école : Plus de chauffage, plus de bus scolaire à la fin de l’année, fermeture d’écoles autour d’eux, plus de cantine. Voilà la visage de l’austérité. Est-ce celui de la Grèce qui a vécu au dessus de ses moyens ? J’en doute.
Dans un autre reportage sur France5, j’ai appris que 70 000 PME sont fermées en une année. Est cela le prix à payer pour résoudre la crise de la dette ? Etonnant non ? On laisse un pays se désintégrer, son tissu économique se dissoudre pour lui demander de rembourser une dette.
Le même reportage de France 5 aborde le problème des jeux olympiques de 2004 : 7 ans après : les sites sont a l’abandon. Les promeneurs y font pisser leur chiens. Leur coût prévu était de 2 milliard sur la papier. Le coût final est de 9 Milliards selon le gouvernement, 18 milliards selon des experts indépendants d’une commission citoyenne: le comité d’audit de la dette. Celui-ci dénonce la gabegie financière et pose des questions: Qu’est devenu l’argent ? Quelles entreprises qui ont touché du fric et ont gonflé les devis ? Conclusion : certains ont trichés, des noms sont connus , le premier responsable est le comité olympique grec. A sa tête, une madame Ampoulos, l’épouse d’un des plus gros armateurs grec. Armateur qui ne paye bien sûr aucun impôt et doit menacer de délocaliser si on lui demande de payer un euro d’impôt.
Bref L’oligarchie !
Et sinon pour cette année : On annonce la fermeture de 1054 écoles, la fermeture de 54 hôpitaux. Ca doit être ça vivre au dessus de ses moyens ? Et la suppression des livres gratuits à l’école primaire. Un retour aux années 50, selon certains.
Des images de soupes populaires : On y voit de très grand nombres de jeunes. Le reportage aborde l’explosion de la consommation d’anxiolytiques, d’anti- dépresseurs : 50% de suicides en plus. les plus courageux fuient le pays, et émigrent vers le Canada ou l’Australie. D’autres reprennent des fermes abandonnées :
Dans le coin, les gens reviennent dans les fermes qu’ils ont abandonnées il y a des années, pour faire pousser des pommes de terre, des choux et des légumes afin de survivre à la crise” “des maçons et des mineurs sans emploi, ainsi que des retraités, ont commencé à revenir dans les fermes familiales dont ils avaient hérité il y a une génération, mais qu’ils n’avaient jamais exploitées”
Un psychiatre explique: ils ont perdu la capacité de rêver. Ne dit-on pas que celui qui ne rêve plus, devient fou ? En fait le problème est plus simple, dans le reportage on voit ensuite le Vice premier ministre , parlant des gens qui ne veulent pas rembourser la dette: Ce sont des cons.
On nous montre ensuite le port du Pyrée : 75% privatisé pour 30 ans à la Chine. Les containers pour la Grèce, arrivent ici, soit du coté Chinois, soit du coté Grec. Les travailleurs d’un coté, les bons à rien de l’autre ? Non : le coup de trique d’un coté, et de l’autre coté, l’attente de la fin. On résume : 4,5 Milliards pour les 2/3 du port pour 30 ans. Léger comme coût ? Et bien sûr les chinois imposent de la Sous-traitance, salaires plus faibles qu’a coté… avec des décotes de 50%.
C’est donc ça vivre au dessus de ses moyens ?
Et sinon ailleurs dans le sud de l’Europe , quelques verbatims intéressants trouvé dans Courrier International no 1096. Comme la banque alimentaire de Lisbonne au Portugal:
“Au cours des derniers mois, nous avons eu des avocats, des ingénieurs… Il y a même eu un juge qui est venu ici chercher de quoi manger”, “C’est une grande partie du drame que nous vivons. Les gens qui demandent de quoi manger ne sont pas ceux auxquels on s’attendrait normalement. Il y a des couples dont chaque époux avait un bon emploi. Ils avaient un niveau de vie élevé. Puis l’un des deux est licencié et ils ne peuvent plus tenir le coup : ils n’ont plus les moyens de payer la voiture, le loyer ou l’emprunt, l’école des enfants… et ils ont recours à la charité.”
On trouve les même témoignages en Grèce bien sûr. Et en Italie, on peut lire:
l’expérience vécue par ce professeur vacataire qui, se retrouvant dans une situation de grande précarité et sans perspective réjouissante – comme la plupart des étudiants, universitaires et enseignants en Italie – s’est décidé à travailler dans les champs comme cueilleur de melons.
En Grèce la fermeture d’entreprises, le non paiement de salaires font que les immigrés albanais retournent chez eux ce qui satisfait -pour l’instant- le gouvernement albanais :
Des milliers d’Albanais sont de retour chez eux. Ils rapportent avec eux l’argent qu’ils ont gagné en Grèce et créent leur propre entreprise ici. Pour eux, c’est un grand pas. Pour nous, c’est une victoire”
The Independant, de Londres à constaté une chose simple, loin des résumés odieux, lors d’un reportage sur Naxos une ile des cyclades où le chômage explose, et en particulier celui des jeunes chômeurs qualifiés:
Contrairement aux mythes qui ont cours en Europe du Nord et qui veulent que les Grecs se vautrent sans vergogne dans le confort aux dépens des prêts de l’UE, le plus frappant chez les 18 500 habitants de Naxos, c’est de voir à quel point ils travaillent dur. Beaucoup ont toujours eu plus d’un emploi, aucun n’étant vraiment bien payé.
Le même journaliste témoigne de maigres allocation familiales supprimées pour des raisons pas forcément claires. Tout ça mettant des familles dans des situations encore plus désagréables. On parle là d’un retour en arrière de 20 ou 30 ans, de services de recherche virales (institut pasteur d’Athènes) qui risquent de fermer, d’hôpitaux qui ferment, de médicaments qui ne sont plus achetés … d’hôpitaux qui n’ont même pas de compresses ou coton. Que se passera-t-il en cas d’épidémie de Grippe par exemple ?
Le mot de la fin sera celui d’une Albanaise revenue au pays, après quelques années en Grèce: “Ici, au moins, mes enfants sont sûrs d’avoir leurs trois repas par jour” Pendant qu’à Naxos, avec ses belles plages envahies de touristes (allemands ?) l’été, un entrepreneur pense que la Grèce est condamnée à “un effondrement économique et social irréversible” .
Alors cher lecteur, tu comprend au moins la colère de ces grecs, qui ne sont pas des fainéants ? Maintenant demande toi si en fait le problème n’est pas de réduire le peuple ? par ce que là on parle de situations qui au final vont impacter l’espérance de vie des citoyens…
Cet article a été écrit grâce à Courrier International qui est une source essentielle d’information pour celui qui est curieux de l’actualité internationale et des points de vues autres que franco-français, n’hésitez pas à cliquer sur l’offre de Toutabo Courrier International pour profiter d’un abonnement à un tarif préférentiel (et ça me rapportera quelques sous).
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