Internet, ce monde fascinant où l’être humain se sent investi, parfois d’une mission divine. Celle de l’auteur de Politeeks, pudiquement caché dans un anonymat qui sied à son courage et à sa vertu, est claire. Il incarne une pensée (oui, ne riez pas) de gauche visant, semble-t-il, “à démonter les intox, désinformations et à commenter l’actualité politique”.
Et donc, pour se faire, il lui faut trouver quotidiennement des sujets d’indignation. Sous un gouvernement de droite, c’est facile : tout est mauvais pas essence et ce qui serait bon est bien entendu ignoré : la création d’un RSA par exemple n’est pas un sujet. 1,9 million de foyers bénéficiaires du RSA en 2011 dont 1,4 million de foyers allocataires du RSA socle (prolongement du RMI et de l’allocation parent isolé), un montant maximum de 470 euros environ pour un célibataire (840 euros pour un couple) et 200.000 perçoivent le RSA socle et activité. S’ajoutent 500.000 foyers bénéficiaires du RSA activité, qui permet de compléter les revenus du travail (environ 230 euros en moyenne par mois), ça n’intéresse personne.

Mais là, voilà, une mesure de gauche, oui de gauche, génère 10 à 20€ par mois et un journaliste a l’impertinence de ne pas se prosterner aux pieds du pouvoir en pleurant à chaudes larmes devant ce geste magnanime.

Ce journaliste a la grande folie de penser que ce n’est pas à la hauteur des enjeux, que c’est une atèle sur une jambe de bois, que c’est au final 0.30€ ou 0.60€ par jour et que, au final, ça n’est pas la résolution d’un problème. D’autant que, dans le même temps, on laisse entrevoir que, pour revenir à 3% de déficits public, le gouvernement de gauche va devoir sabrer plus que le gouvernement de droite (aveu de Najat Belkacem mais ce sera un sabrage “juste”).

Alors, enfin, pour répondre à ce petit censeur autoproclamé du net, recontextualisons :

– un petit journaliste n’a pas les moyens de se payer, comme la porte-parole du gouvernement de gauche, une montre à 3 000€.
– un petit journaliste n’a pas de collections d’œuvres d’art valant des millions d’Euros comme certains Ministres en exercice.
– un petit journaliste n’a pas le loisir d’être entouré de caméras quand il prend le train (alors que des brigades entières de gendarmes sécurisent le trajet et les gares, que des hélicoptères suivent, qu’un autre convoi précède…) pour au final une facture plus élevée que de prendre l’avion mais bon, c’est pour l’image.

Non, le petit journaliste de BFM qui plait aux CSP+ (ou CSP++ puisqu’il gagne un + entre le début et la fin de l’article), lui sait ce que c’est que les fins de mois. A tout prendre, le travail d’un journaliste, c’est d’informer mais ça ne veut pas dire être lobotomisé et répéter ce que le pouvoir en place vous demande. Cela relève plutôt de la dictature et je crois me rappeler que c’est LE principal reproche que l’autoproclamé du net, en début de mandat, faisait aux journalistes, leur manque d’esprit critique.
Peut-être voulait il dire “manque de critique” envers la droite, là, on comprendrait mieux son positionnement.

Alors laissons aux lecteurs bobos le droit de s’extasier devant la profondeur des propos de notre cyber-gourou qui distribue, du haut de sa grandeur, bons et mauvais points. Et si en fait Internet et les sites “de commentaire” étaient devenus les derniers Bars-PMU où, après quelques verres, on entendait au bar des propos vibrants de sincérité. En le lisant, il m’en est revenu une en mémoire “Quand un muet est con, cela ne se remarque pas”, dommage que ça ne marche pas sur Internet…  

L’avantage d’un compte personnel, où la personne est encore un humain libre de sa pensée, c’est que tu peux dire ce que tu penses. Or, là, vous mêlez son employeur (que vous citez dans votre article) et sa parole. C’est comme si je disais qu’en tant que bénéficiaire du RSA, vous parliez au nom de la CAF. Étonnant non ? Vous confondez malheureusement Déontologie et neutralité. Je ne vous en veux pas, et finirai ce commentaire (et cette conversation) avec la même conclusion que sur mon commentaire précédent.