La sorcière Royal est de retour, elle n’était pas partie bien loin. Il lui reste cependant et ce n’est pas un petit problème à résoudre une équation pour revenir encore plus dans le jeu.

On a vu sur Twitter la très représentative (sic) réaction de clubDSK qui s’étonne de voir Melenchon participer à un débat avec Royal… et d’autres sympathisants DSKystes couiner au sujet du même Jean-Luc Melenchon . Tout cela montre que pour ces gens là seuls la gauche parisienne tendance 7e arrondissement à le droit d’exister. Ils devraient méditer cette phrase de Melenchon : “Il faut vraiment que ce pays aille mal pour que même des gens qui se sont tirés la bourre se retrouvent pour faire une proposition en commun. Et oui, l’idée de faire voter le peuple par référendum sur un nouveau pacte social incluant les retraites et d’autres sujets me semble une bonne chose.

A ceux qui font la fine bouche devant de tels rassemblements, Il leur suffira comme ce sont des gens savants, de consulter des études et statistiques qui montrent que les parents savent que désormais leur enfants ne sont plus assurés d’avoir une vie meilleure, de progresser. La notion de progrès étant elle même remise en cause.

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Revenons à notre équation.. Je me souviens de l’appel un soir du 7 ou 8 mai 2007 d’un ami issu de ce qu’on appelle les quartiers “mais qu’est ce qu’on a fait ? que va t’il nous arriver ?”.  Le “on” était global , collectif : eux , nous.  En effet les jeunes avaient voté massivement pour Royal, surtout dans ces quartiers oubliés par certains et très bien connus d’autres. Je cite toujours les 80% de vote pour elle dans tel ou tel bureau populaire avec participation exceptionnelle .

Et notre Sorcière[1] que devient-elle ? Il suffit de lire une interview de Najat Belkcacem dans France Soir, qui n’a retenu bien sûr que l’aspect relationnel avec Titine.

F.-S. Voilà qui est nouveau ! Ségolène Royal avait plutôt l’habitude d’évoluer en marge du parti

!
N. B. Oui, mais elle a été profondément marquée par les régionales en Poitou-Charentes. C’était une campagne difficile, qu’elle a axée sur la proximité avec la population et qui lui a permis de mesurer la souffrance des gens. Elle en est sortie avec plus de gravité et un sens des responsabilités renouvelé. Cela lui a servi de déclic. Elle a pris conscience de la nécessité de changer les choses, quitte à sacrifier des ambitions personnelles au profit de l’intérêt collectif.

Voilà ce qu’il a requinqué : le contact avec les gens, l’écoute, la participation à une campagne de proximité. Rajoutez à ca l’épisode retraites, qu’elle a pris à bras le corps en travaillant sur les données et en démontant les mensonges UMP et prenant en défaut les journalistes couchés adeptes du TINA. Voilà une sorcière en forme…

La proximité ? Le PS n’a qu’a sortir de ses bunkers et aller vers les gens au lieu de passer son temps à invoquer portes et fenêtres ou organiser des conventions thématiques creuses : Ça s’appelle les primaires justement. D’où la difficile équation collective, avec l’inconnue DSK qui ne veut pas de primaire justement et Titine qui ne doit pas trop le mettre en défaut (d’où son silence relatif sur les retraites, laissant le travail à Royal, dans l’espoir de la cramer d’une façon ou d’une autre. Manque de chance c’est l’effet inverse[2] qui s’est produit).

Revenons encore une fois à notre équation: Cette fois-ci Slate rappelle quelques évidences[3] pour poser le problème final:

Pour François Miquet-Marty, directeur de l’institut de sondage Viavoice, Ségolène Royal maintient ses positions offensives car «elle conserve un crédit auprès des classes populaires par son style distancié par rapport au reste de la classe politique». Mais pour le sondeur, attention de ne pas répéter les erreurs du passé. «En 2002, Lionel Jospin avait su s’adresser aux catégories supérieures mais n’avait pas su parler à l’électorat populaire traditionnel de la gauche. En 2007, Ségolène Royal a réussi l’inverse: elle a regagné une partie du vote populaire, mais elle s’est décrédibilisée auprès des cadres et des classes supérieures.» Ce pas de deux programmatique est le plus difficile à réaliser, mais décisif lors d’une présidentielle. En 2007, un seul candidat était parvenu à résoudre cette équation complexe: un certain Nicolas Sarkozy.


J’invite les gens de gauche à se poser sans cesse la question suivante pour savoir ce qui nous attend du coté des néo-cons & libéraux ou UMP old school converties à la connerie ambiante appelée modernité:  “Demandez vous bien ce qu’il reste à vendre dans ce pays?“. C’est Melenchon qui nous l’avait expliqué, et croyez-moi ça reste d’actualité : Assurance maladie, Retraite, école..

Et sur ce sujet référendaire, comme Royal et comme Melenchon je pense qu’il sera nécessaire de faire voter par le peuple un nouveau pacte social et donc négocier ce truc d’ici 2012 entre gens de gauche et tout ceux qui voudront le soutenir.  Ce doit se faire avec l’ensemble de la gauche, avec les écolos d’EE ex-Modem et ceux de la gauche radicale qui veulent participer, s’ils ne veulent pas tant pis pour eux : le piège se retournera contre eux.
Allez soyons fous! 15 propositions concrètes sur les retraites, la précarité, les banques , les droits des citoyens-consommateurs, la sécurité … ou plus. Ça permettrait de cliver avec le FNUMP non ? Ca revient à faire un matricage comme Sarkozy en 2007 , mais sur les sujets de fond alors que lui l’avait fait sur les populations: Cela a très bien fonctionné sur les candidats et primo-accedants à la propriété et sur les retraités nantis aigris.

Revenons à notre équation : Allier les classes populaires et les cadres. Signalons aux observateurs en tout genre et autres critiques “prout-pout” qu’il existe des endroits où le peuple en col bleu (le populo qui effraye le bobo et la rive gauche parisienne) et où les cols blancs (les cadres, CSP+) se retrouvent : Dans les nouveaux mouvements sociaux, avec des actions plus poussées , plus médiatiques et plus percutantes. C’est un constat qui échappe aux pénibles pisseurs de lignes et donc à leur lecteurs. Et où observe-t-on ces mouvements sociaux, je vous le donne en mille dans les régions avec secteurs industriels entiers soumis aux délires actuels de la rentabilité immédiate et supérieure à l’inflation[4] . Poitou-Charentes mais aussi dans d’autres parfois même à portée de taxi depuis le 7e arrondissement. Et qui d’autre à part des élus locaux peut comprendre ce qui se passe à ce moment là, les liens et proximités de lutte par exemple ? Tous les cadres ne sont pas parisiens et ne font pas l’aller/retour à la Défense tous les jours.

Soyons matheux : Il doit y avoir un millions de bobos parisiens ou autres, et 15 à 30 millions d’ouvriers, salariés et cadres avec leur famille : Il est plus important de parler au 2e lot qu’au premier.  Et de faire comprendre à la majorité des CSP+ de gauche que le projet est le candidat et porté par le ou la candidate.

Et ce projet devra répondre entre autre (et pas uniquement) aux questionnements de la société. Ceux-ci sont connus: Il suffit de consulter la liste des 15 items
sofres. Il faudra donc apporter à chaque 1, 2 ou 3 propositions fortes et concrètes,  Tout en donnant  une vision à ceux qui en ont besoin (il faut parler a leur intelligence comme on dit) .. tellement ils ne savent plus où ils habitent !

Mais ce n’est pas l”équation de Royal ? ah bon ? et pourquoi pas ?

Notes :

[1] lire le billet Bewitched pour comprendre pourquoi je l’appelle ainsi

[2] Ceux qui essayent de cramer la sorcière se brulent avec leurs propres allumettes ou lance-flemmes.

[3] J’ai quand même un gros doute : les cadres ont ils voté massivement pour sarkozy en 2007 ?

[4] Ca en devient tellement odieux que même Dati en parle et lape-suce sur le sujet.