Je cherchais une idée de titre pour ce billet grec. Oh oui, on parle encore des Grecs… les pauvres. Donc désolé pour ce titre raté et foireux.

Je vous ai déjà fait des billets pour comprendre la colère des grecs, et la comprendre encore , et aussi expliquer pourquoi j’avais un début de doute sur Hollande justement pour cette histoire grecque. Tout ça dans un contexte de zone de low-cost fantasme non avoué de certains dans l’UE, qui va s’étendre du Portugal à la Grèce.

Merci de vous référer à ces billets pour comprendre ce qui suit, mais je vous résume le tout :  je comprend aisément la colère des Grecs, tout en m’étonnant de leur dignité, et de leur capacité à prendre des coups sur la tête sans réagir avec violence. Si j’étais à leur place, il y’a longtemps que j’aurai [autocensuré pour ne pas être condamné pour apologie du terrorisme].

L’UE demande donc à des grecs dont les retraites ont perdu jusqu’à 40% de leur valeur d’en perdre encore 10% : Oui, l’UE a demandé ces dernier jours à la Grèce un effort sur les retraites équivalent à 1% du PIB Grec. Prenez un retraité français et supprimez lui presque la moitié de sa pension, et notez sa réaction, et revenez nous voir ensuite.

Le gouvernement grec à fait des propositions à la Troika, et à même proposé un plan de réformes avec l’aide de l’OCDE. Vous avez bien lu avec l’aide de l’OCDE. OCDE qui est pourtant la vaisseau amiral des libéralisations, privatisations et autres billevesées.

On peut et on doit rappeler que la Grèce c’est un pays sans service des impôts efficaces qui a du mal à collecter la TVA , pays qui ne dispose pas non plus  de cadastre précis! Comment dans ce cadre voulez-vous qu’un état normalement constitué puisse fonctionner correctement. Ne parlons pas non plus de l’évasion fiscale, de la corruption dans le monde des affaires (avec des connexions allemandes par exemple) … et ça en dit long sur le coté “bons à rien” du Pasok et de la Droite locale qui ont gouverné le pays depuis 1974.

Je vous propose cher lecteur de lire ces propositions avec l’OCDE , ce ne sont pas des propositions de gauchistes qu’ils ont fait, pourtant tout le monde considère ce gouvernement Grèce comme d’extrême-gauche ou gauche radicale, il n’en est rien ou alors la social-démocratie est devenue gauchiste en quelques jours ! Ça se trouve sur le site Business Insider , qui cite le blog de Mr Varoufakis.

 

In our proposals to the institutions we have offered:

  • An extensive (but optimised) privatisation agenda spanning the period 2015-2025
  • The creation of a fully independent Tax and Customs Authority (under the aegis and supervision of Parliament)
  • A Fiscal Council that oversees the state budget
  • A short-term program for limiting foreclosures and managing non-performing loans
  • Judicial and civil procedure code reforms
  • Liberalising several product markets and services (with protections for middle class values and professions that are part and parcel of society’s fabric)
  • Elimination of many nuisance charges
  • Public administration reforms (introducing proper staff evaluation systems, reducing non-wage costs, modernising and unifying public sector payrolls).

In addition to these reforms the Greek Authorities have engaged the Organisation of Economic Cooperation and Development (OECD) to help Athens design, implement and monitor a second series of reforms. Yesterday I met with the OECD’s Secretary General Mr Angel Gurria and his team to announce this joint reform agenda, complete with a specific roadmap:

  • A major Anti-corruption Drive and relevant institutions to support it — especially in the area of procurement
  • Liberalising the construction sector, including the market and standards of construction materials
  • Wholesale trade liberalisation
  • Media — electronic and press code of practice
  • One-Stop Business Centres that eradicate the bureaucratic impediments to doing business in Greece
  • Pension System Reform — where the emphasis is on a proper, long-term, actuarial study, the phasing out of early retirements, the reduction in the operating costs of the pensions funds, pension fund consolidation — rather than mere pension cuts.

 

Donc est-ce là un truc gauchiste  avec socialisation des moyens de production ? le programme d’une gauche radicale anti-capitaliste ? J’ai un gros doute: On y parle de réduire la bureaucratie, de libéraliser des marchés, de privatiser, d’éliminer des charges nuisibles , réformer le service public, faciliter le business, libéraliser le commerce de gros et celui de la construction, et de s’attaquer à la corruption. Cher lecteur de la gauche radicale, est-ce là un programme socialiste ?

Non , et bien sûr que non.

Et cela a été refusé par la troïka, la commission de l’UE, et les chefs d’états et de gouvernement de l’Eurozone.  Les mêmes créanciers ont biffé les documents de travail des propositions grecques. En voici un extrait, qui s’ajoute à la nouvelle coupe sur les retraites…

troika_propal_grecque

Ce qui est en rouge est ce qui a été modifié par les créanciers. Refus d’un impôt supplémentaire sur les entreprises, refus d’une taxe sur les jeux , refus de la vente de licences 4G/5G, et refus des réduction d’Impôts pour les grecs pauvres vivant sur des iles où tout problème ou achat est vite plus élevé que sur le continent.

On se demande à quel jeu jouent donc les créanciers et l’Eurozone. On ne doit pas oublier les commentaires pénibles de C.Lagarde du FMI qui parle d’enfantillages. Elle qui devrait se taire au vu de ce qu’on découvre dans l’affaire Tapie, tout comme Monsieur Junker du Luxembourg dont des affaires d’évasion fiscale organisée ne doivent pas être oubliées.

Je me pose donc quelques questions, et poste là quelques points:

– On nous dit que F.Hollande n’a rien dit au conseil pour contredire Merkel (ni les excités néerlandais spécialistes de l’aspirateur à impôts ): Cela veut il dire que la Grèce est seule face aux autres dans ces négociations, que personne n’ose soutenir leurs propositions qui prévoyaient même (du moins celles avec l’OCDE)  des privatisations alors qu’on nous dit, comme l’âne Leparmentier du Monde que ce sont des gens de l’extrême-gauche ?

– Si on regarde les propositions grecques rejetées par l’Eurogroupe, il  y’a des trucs qui choquent. Pourtant aucun débat en France dans les chaines TV plates sur ces propositions, a part du troll et des commentaires en mode posture, ou des insultes à l’intelligence humaine comme la réaction du pathétique Sarkozy cette après-midi qui exige, oui il exige depuis le siège de son rassemblement réactionnaire… Pathétique créature nuisible.

– Que ferons nous ,bientôt quand les réactionnaires de la CDU dénonceront les Portugais, Italiens et Français comme des fainéants, oubliant qu’on a effacé les dettes de l’Allemagne 2 fois avant 1933.  Dette encore effacée en 1953 pour leur éviter la ruine et reconstruire le pays. Ils oublient donc ce que les autres ont accepté pour ne pas voir l’Allemagne tomber en morceaux.

– Tout la dette grecque n’est pas illégitime , à part les contrats d’armements, les JO qui ont couté 2 fois plus que sur le contrat et quels autres détails… Il est possible de la refinancer, y compris les intérêts restant  à 0.01% via la BCE et donc de réduire le poids de cette dette dans les années à venir.

– Il faudra bien admettre que le dette ne peut pas être remboursée que ce soit pour la Grèce, le  Portugal, l’Espagne, la France même les allemands qui en ont autant que la France, et pour toute l’UE qui est endettée  et au profit de qui ? et de combien ? 12 500 milliards au profit des banques privées.

– Finalement soit l’UE crève en ayant payée ses dettes et démantelé le système social dans 5 ou 8, ou 9 ou 10 ou 15 pays de l’UE… et tout ça au profit de ses propres banques privées, soit on leur jette un sort à elles ou la dette, en l’effaçant en temps de paix sans faire de guerre .

Je ne peux donc que comprendre les grecs, qui voteront NON au référendum, qui va donc valider la position du gouvernement Grec et lui confier un mandat clair et faire comprendre –espérons le– à L’Eurozone et la BCE que les choses ne peuvent plus continuer ainsi, qu’on ne peut pas forcer les peuples à voir leur revenu êtres divisés par deux… quand on sait que le traité de Rome expliquait dans son préambule que le but essentiel de l’union est  l’amélioration constante des conditions de vie et d’emploi de leurs peuples. Parmi les buts de l’union figure le développement harmonieux en réduisant l’écart entre les différentes régions et le retard des moins favorisés.

 Nous en sommes loin non ?