les banques d’affaires comme Citigroup n’aiment pas qu’on revèle leur plans. Pourquoi donc ? Vous allez le voir. Voici un billet qui est une ré-édition d’un ancien billet, ça date de 2012: rien n’a changé la bas, et on prend le même chemin chez nous. les fichiers PDF en lien font l’objet de recherche “copyright infrigment ” par la banque et ses avocats. Tout ça tourne autour d’un film de Michael Moore “Capitalism love story” que je vous suggère de visionner.

J’avait donc assisté à l’avant première du film de Michael Moore “Capitalism: A love story”. Je vous conseille de le visionner. Vous allez comprendre rapidement, c’est un acte de salubrité publique que d’aller voir ce film. Ca décrit les ravages du capitalisme et du libéralisme aux USA, le tout accentué par cette crise financière toujours pas finie:

Voilà donc ce que j’ai retenu du film. A chaque fois, Moore interviewe des acteurs de ce désastre, victimes ou complices défroqués. Il y’a des histoires personnelles, de l’émotion, du vécu, de l’espoir, et un sentiment étrange de proximité avec ce qui se passe chez nous dans certains cas. Le film commence par l’histoire personnelle de Michael Moore, enfant des 60’s qui a donc vécu l’extraordinaire période de croissance et d’enrichissement des citoyens US. Ses parents en ont profité, à une époque où le taux marginal de l’impôt sur le revenu était de 90% et où l’homme pouvait marcher sur la Lune… Puis quelque chose à changé, un cow-boy a été élu président.  Et les choses ce sont enchaînées avec comme maitre-mot la dérégulation l’objet de toutes les attentions de tout libéral.

Voilà ce que ça a donné la bas, dans des cas précis :

On va donc découvrir des pilotes de lignes de compagnie intérieures salariés à 20 K$ par an et qui doivent exercer des jobs en plus.En fait ils sont payés moins cher que le directeur du MacDo du coin! Des histoires de compagnies qui ont tout fait pour tuer les syndicats et donc obtenir des salaires plus faibles. Avec des accidents, des histoires de pilotes qui oublient telle ou telle procédure.

Que retenir de ça? Ce que j’appelle le syndrome GAP : profits en hausse, qualité en baisse. Le pantalon GAP est moins solide qu’il y a 10 ans mais vous est vendu aussi cher, et sa production coute moins cher à GAP. Vous avez toujours cru que le client était roi? Allez lire ce billet basé sur mes expériences pro avec “magouilles” impactant des centaines de milliers de clients.

Moore ressort la déclaration des droits de Franklin D. Roosvelt décédé en 1945 avant de l’avoir fait promulguer, elle est tombée dans l’oubli. En gros c’est notre pacte de 1945, le résumé du projet du conseil national de la résistance. Seb Musset l’a trouvé sur Wikipedia: Celle-ci expliquait que le citoyen US aurait de nouveaux droits:

– Le droit pour chacun à un travail utile et correctement rémunéré;

– Le droit pour chacun de manger à sa faim, de pouvoir se vêtir et d’avoir des loisirs;

– Le droit pour tout fermier de cultiver et vendre ses produits à un tarif lui permettant, à lui et sa famille, une vie décente;

– Le droit pour tout entrepreneur, petit ou grand, d’échanger dans une atmosphère dégagée de la compétition et de la domination des monopoles domestiques ou internationaux;

– Le droit pour chaque famille à un toit décent;

– Le droit pour chacun à la protection médicale, et aux meilleurs conditions de santé possibles;

– Le droit pour chacun à une protection contre les conséquences économiques de la vieillesse, de la maladie, des accidents de la vie et du chômage;

– Le droit pour chacun à une bonne éducation.”

Savez vous que chez nous on trouve des séides du libéralisme toujours près à combattre ce pacte de 1945, celui qui nous a donné la sécurité sociale par exemple.

Moore nous montre l’expulsion de gens qui n’ont plus rien à part leur voiture et se voient proposer un chèque de 1000$ pour bruler leurs meubles.. Et oui l’expulsé doit rendre le bien propre, et donc faire le ménage et le vider complètement. Tout ça après avoir travaillé comme des chiens pendant des années, et devoir abandonner le patrimoine familial comme l’agriculteur interviewé. Et ces biens immobiliers sont ensuite l’objet d’attention de revendeurs vautours qui font un gros jackpot sur les maisons dont la valeur à baissé des 2/3 ou 3/4. Regardez cet extrait, il parle de lui même:

A un moment, un des expulsés ( paysan blanc, celui qui reçu le chèque de 1000$ pour bruler ses meubles qu’il ne pouvait emmener) explique des choses très simples d’une façon très directe: Ce sont toujours les mêmes qui triment, un jour il faudra bien prendre a ceux qui ont trop. Témoignage très émouvant, d’un mec qui a du bosser dur, et ne peut pas profiter du fruit de son labeur. Il faut savoir que le paysan a forcément un lien fort avec la terre de son père, grand père etc.. Par la suite, il explique qu’il faudra aller taper sur la gueule des cons, mais se dit que “non faut pas“.

On découvre aussi des entreprises qui prennent des assurances vies sur leurs salariés et touchent le pactole quand celui ci meurt jeune sans avoir par exemple réussi à payer l’hôpital. Savez vous que les frais médicaux élevés sont désormais la première cause de rupture de crédit hypothécaires aux USA, et donc la cause principale des reventes et expulsions de biens immobiliers ? Dans le film vous verrez le cas d’une jeune asthmatique trentenaire ans dont la famille a du s’endetter pour payer l’hôpital et les soins. Cette grosse saloperie d’assurance-vie sur le dos d’un tiers a été rendue possible grâce à la complicité du congrès US et aux multiples dérégulations. Moore explique que la division du FBI chargée d’enquêter sur la délinquance financière a été vidée par Bush et ses amis. Que se passe-t-il chez nous ? Est ce que les moyens de lutter contre la délinquance financière ont été augmentés depuis 2002 ?

Vous verrez une usine occupée dans la banlieue de Détroit. Ce mouvement social avait comme raison la demande du paiement du dû aux salariés en fin de contrat (comme en FR , bouteille de gaz en moins). ici les salariés ont du occuper l’usine pour obtenir quelques milliers de dollars. Dans la même région, on voit un sherif qui refuse d’exécuter les expulsions comme la loi lui en fait l’obligation. C’est de la résistance civile tout simplement. Ailleurs dans les mêmes USA on aura tenté du libéralisme à l’outrance en milieu judiciaire pendant quelques années: Avec la privatisation de la prison pour jeunes dans un comté (équivalent d’un département). Avec un juge local qui se fait payer par la prison privée et qui condamne tout ce qui passe a quelques mois de prison. Moore oublie de préciser que les gens payent “un loyer” en prison privée
. La belle entreprise a perduré, des gamins sont restés en prison selon le bon vouloir de l’entreprise privée. This is free entreprise!

Une grosse partie du film concerne le plan de relance des banques, le fameux TARP c’est un coup d’état bancaire : Au moins 700 milliards de dollars passés on ne sait où , voire plus. En gros le parlement a confié le trésor US a des banquiers et ceux ci ont imposé au parlement un comportement HORS DROIT , c’est à dire pas du tout attaquable en justice y compris devant la cour suprême. Souvenez vous que nous sommes passés tout près du gouffre, que tout s’est déclenché en 24h. Les témoignages des rares parlementaires US opposé à ce coup de force sont édifiants.

Tout cela est lié à un mémo de Citygroup sur la démocratie et les riches clients de la banque. Pour celle-ci, le problème de fond, c’est que leurs riches clients ne représentent que 1% de la population et que ceux là n’ont que 1% des droits de votes… Quelle drame : Les pauvres peuvent éventuellement leur demander des comptes (le cauchemar des libéraux en mode autorichiens , adeptes de Hayek) …  En gros pour la banque le problème c’est la démocratie, il faut donc confisquer le pouvoir pour maintenir une ploutocratie qui s’adjoint un fonctionnement spécial de l’économie : Ploutonomy, où le top 1% décide de tout et où la classe moyenne est prolétarisée et maintenue dans des occupation stériles.

Voilà  en plus de quoi lire en anglais sur cette fameuse plutonomie/Plutonomy qui est le pendant économique de la ploutocratie. L’économie aux mains du top 1%, qui utilise la finance comme moyen d’en avoir encore plus à bouffer, et stocker les 4×4 dans des garages de 1000m^2. Le fameux mémo de Citigroup est disponible en deux parties au format PDF : Partie 1, Partie 2 chez scribd.com. Victimes des avocats de Citigroup ( “This content was removed at the request of Kilpatrick Townsend & Stockton LLP ») qui ne veut pas que de tels documents soient disponibles pour le grand public. Mais voilà, cliquez sur ces liens là.

gros PDF Citigroup  ou alors chez Google doc

On notera que la banque en question a été sauvée par de l’argent public aux USA. Avec un comportement plus que douteux.

Moore vous rappellera aussi que Goldman Sachs contrôle beaucoup de choses: Ils ont placé des hommes dans le gouvernement US depuis les années 80, que ce soit chez les républicains ou les démocrates. C’est encore pire avec Obama. ( Tout est vérifiable en plus: Fouillez sur les noms dans google). Devinez qui a financé B.Obama ?

On voit des images d’archives, avec un banquier ( je sais pas lequel) glisser à l’oreille de Reagan qui ouvre la séance de Wall street au début des années 80 : “Bon maintenant faites plus vite“. Scène d’anthologie, avec un banquier qui donne des ordres au maitre du monde, le mec qui voulait transformer l’USSR en tas de cendres. Toutes les saloperies ont commencé là, avec ces folles dérégulations: Le taureau était lâché.

Vous allez rigoler quand Moore demande à des ex-traders ou spécialistes de la finance de lui expliquer les fameux CDO, CDS etc.. Tous ces produits dérivés, décrits par des modèles mathématiques avec intégrales, suites et autres objets qui vous rappellent des maux de crâne.  Regardez la à gauche, c’est extrait d’un PDF de 6 pages qui présente le modèle mathématique d’une de ces saloperies.

Le premier “expert” bafouille maladroitement. Le 2e bafouille, et ne trouve pas d’explications ou d’analogie concrètes : Étrange pour un truc qui est censé correspondre aux besoins de l’économie réelle. En gros, des singes savants ont conçu des outils mathématiques pour spéculer sur la spéculation et assurer des assurances sur on ne sait plus trop bien quoi. Tout ça devant croître sans cesse et générer des flux financiers où tout se petit monde se vautre avec dégâts collatéraux dont ils s’en foutent ou profitent .

Puis un dernier “expert”  explique que c’est compliqué pour se mettre à l’abri du code des impôts US ( qui doit interdire les opérations à tiroirs en tout genre) et que si un mec des impôts comprend, c’est qu’il est bon et donc faut l’embaucher… ce qui revient alors à se mettre à l’abri.

Tout ça ne parait pas moral à Moore.  D’où un gros passage sur le supposé aspect “moral” du capitalisme et de sa moralisation. Moore est croyant, il demande donc à son curé qui est assez explicite: non c’est égoiste et “evil” “bad” .
Pris d’un doute : Moore demande a un autre curé qui a marié sa sœur (de mémoire) :  bad, evil sont de nouveaux employés. Encore pris du même doute il va voir l’évêque qui est le chef des deux curés:  c’est bad et evil contre les notions chrétiennes de partage et d’aide de son prochain et explique que les riches auront du mal à aller au paradis. Et on ne peut pas moraliser ce qui est mal par essence. Là je me pose une question simple: le communisme et le socialisme ne sont ils pas des enfants du christianisme ?

Habillement, Moore mélange des images de propagande des années 50 : free entreprise = Jesus … et l’évêque qui ensuite explique son point de vue : Non si Jésus revenait il ne serait pas pour le capitalisme.

Le message final est simple : On a cru, nous a fait croire que chacun avait sa chance ( american dream) et que le capitalisme créait des richesses pour tous. Syntax Error: s’il en crée, beaucoup part dans les mêmes poches et de plus en plus vite, ce fameux top 1%, vers ceux qui ne souffrent jamais des malheurs qui tombent toujours sur les pauvres: Cela est illustré par des images d’inondation. Il demande alors si ce n’est pas le PDG de AIG là sur le toit en caleçon ?.

Et finalement, il y a des coopératives aux USA , des co-op en fait. Moore en parle, et oppose ça à la quête du profit individuel immédiat. Sa conclusion: Nous nous sauverons en adoptant ce modèle co-opératif qui est l’o
pposé de la corporate anarchy.

Et depuis, Michael Moore a lancé un appel : 15 things Every American Can Do Right NOW pour changer le fonctionnement de la société.  Quand j’ai expliqué que j’avais vu ce film sur Twitter, j’ai eu aussitôt des réponses des chiens de garde libéraux “ah oui, mais gnaaaa gnaaa le capitalisme il a sorti 60 millions de chinois de la pauvreté“. Ah bon ? 60 millions sur 1 milliard de chinois ? Mazette quelle efficacité et dans quel taux ? Avec quelle progression moyenne ? Leur revenu à été multiplié par quel facteur ?

Et le milliard de crève-la-faim? les africains qui payent désormais l’eau qui était gratuite ? ça aussi ça doit être un progrès du capitalisme selon ces aboyeurs en 140 car:

Le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde a augmenté constamment depuis 10 ans. Aucun progrès n’a été effectué pour atteindre les objectifs du Millénaire d’une baisse de moitié des personnes sous-alimentées entre 1990 et 2015, à environ 420 millions de personnes

Non en fait c’est corporate anarchy rien de plus, à moins que ne soitle socialisme pour les riches et le capitalisme pour les pauvres...