UE : vers une zone low-cost ?

Apr 30, 13 UE : vers une zone low-cost ?

Il se passe selon moi une chose terrible au sud de l’UE. Et ce dans un quasi silence médiatique, de rares reportages ou articles de presse vous informent de ce qui se passe par exemple en GrèceOn y découvre des déclassements, des licenciements , des baisses de salaire, de retraites: la solution de la troika d’inspiration ortholibérale, donc de la CDU Allemande et de ses complices ailleurs.

Vous avez vu ce billet commence avec de la germanophobie, on va faire mieux alors. C’est dans le journal Le Monde qu’un article m’a interpellé . Il titrait tout simplement En Espagne, “sans l’économie souterraine, il y aurait déjà eu une révolution”.

On vous y explique qu’on estime à 20 ou 25% la part du PIB espagnol issue de l’économie souterraine, le travail au noir et autres. Tout ça dans un pays où le taux de chômage officiel est de 27,16%. Le tout serait un amortisseur, pour éviter des mouvements sociaux, voir même une révolution. Tout ça avec  comme le note le journal, “les chefs d’entreprise de construction qui ont besoin d’un travailleur docile, qui ne demandera pas de papiers ni de protection sociale“. Le mot est là : docile, et de préférence sans protection social à demander ou a payer. Là, le libéral  masqué va couiner de joie : Ce salarié est sorti de la sécu bolchevique ! il est liiiiiiiiiiiiiibre, docile et mal soigné.

espagne_manifestation

le même article, décidément riche en information et citations utiles – un reportage – nous explique que le président du Syndicat des techniciens du ministère des finances, Carlos Cruzado,  estime que “240 milliards d’euros qui échappent au contrôle du fisc” soit  60 milliards qui devraient être versés à l’Etat. “Sans parler des cotisations sociales(...) Le niveau de la fraude en Espagne est le deuxième plus élevé d’Europe, après la Grèce.”

Voilà donc pour une grande partie des espagnols, le libéralisme et féodalisme  en même temps, les deux ne peuvent d’ailleurs pas se séparer : Des petits seigneurs locaux (patrons, syndicats de patrons) qui contrôlent des hordes de travailleurs ultra-souples sans statut. Travailleurs interchangeables, qu’on met facilement en concurrence entre eux: il n’y a plus de salaire minimum dans ces contextes là. Et ce genre de pratique se trouve même dans les entreprises gérées par  le Medef local :

plusieurs salariés d’une société de restauration appartenant au vice-président de la Confédération espagnole des organisations patronales, Arturo Fernandez, ont dénoncé publiquement qu’ils recevaient jusqu’à 50 % de leur salaire au noir.

 

On résume : 25% du PIB, explosion des fraudes sociales et fiscale. Tout ça facilité par les licenciements de fonctionnaires (là le libéral se fait dessus): moins de régulateurs, moins de contrôles ..  La même chose se devellope en Grèce, et en Italie sans doute. avec la matraque sociale : baisse des indemnités, des salaires, des retraites, du système de protection sociale, avec la santé qui redevient payante et  bien sûr partout, des jeux du cirque à la TV qui donnent l’illusion du miracle possible.

Voilà donc le système qui se dessine de plus en plus : En haut, pour les plus aisés : le socialisme et partage des richesses endogamique pour le Top 1%, avec dernier décile des revenus ( top 10%) comme complices (même s’ils tiennent des blogs ventilateurs pour se donner bonne conscience) et exécuteurs des basses oeuvres: Exécutive manager, cadres dirigeants et autres DRH… tout ça avec la complicité des gouvernements qui obéissent aux banques ou anticipent leurs désirs: C’est la ploutocracie.  Il parait que ce mot est connoté, zut alors, on le trouve pourtant dans de glorieux PDF de banques d’affaires, PDF supposés ne jamais sortir dans les internets publics: Ils vous y expliquent comment cibler les “riches” pour mieux servir leurs intérêts en leur offrant des services réservés.

Vous entendrez ou lirez des phrases comme celle-ci , lourdes de sens: on doit donc avancer “ce tant que les pays européens n’ont pas accompli les réformes nécessaires pour assurer la cohésion de l’ensemble”. La cohésion de l’ensemble, mais qu’est ce donc ?

C’est la zone UEsud  avec 20/25% des PIB en zone grise sans cotisations ni impôts  Une façon simple, efficace, cynique  de réduire le cout du travail des métiers non qualifiés ou même qualifiés, il suffit de creuser un peu… C’est  un far-west libéral, avec des zones touristiques pour touristes… allemands. Zones où on demandera que le minimum soit quand même garanti pour leur confort lors de leur séjour estival. Confort qui doit être de plus en plus important, vu qu’ils deviennent de plus en plus gros et exigeants. Tout ça avec Angela Merkel qui en est la représentante, la tête pensante, la porte parole.

Et elle s’étonne que son nom soit associé aux saloperies subies par des peuples entiers? Elle veut qu’on oublie que les banques allemandes ont plus qu’aidé la bulle immobilière espagnole surtout .. comme par hasard dans les zones à touristes.

La politique de taux d’intérêts bas appliquée par la Banque centrale européenne (BCE) pendant les années qui ont précédé la crise a permis à l’ ‘économie allemande moribonde’ de récupérer, mais elle a également été l’élément décisif qui a provoqué les bulles immobilières des pays périphériques européens, [...] exacerbées par les flux de capitaux provenant des banques allemandes et françaises.

Il fallait en effet remplir ces constructions en masse : soit par des espagnols endettés, soit par des touristes dodus et adeptes de confort de plus en plus important. Seulement voilà désormais, des pays et zones à 25% de chômeurs (chiffre officiel) ici ou là: Ca risque de mal se passer un jour pour ces touristes allemands: Ils sont 10 milllions chaque année en Espagne… et ont pu à certains moments se comporter, bien avant la crise, comme des occupants et refuser de payer les .. taxes locales.. là où ils justement ils étaient en nombre.

Ca doit être ça la cohésion de l’ensemble.

 


3 Comments

  1. internaciulo /

    Wow, dingue le document de citygroup, merci !

    • il est OLD, je l’avais diffusé y’a 2 ou 3 ans je crois. ils font des DMCA contre tout site qui les diffuse.. Forcément vu le contenu.

  2. Samedi 4 mai 2013 :

    Sur son blog, Jacques Sapir écrit :

    Oskar Lafontaine est un dirigeant de gauche allemand de premier plan. Il a dirigé le SPD pendant des années, puis il a été un des fondateurs du parti de gauche Die Linke. Jusqu’à ce jour, il avait défendu l’Union Monétaire, soit l’Euro.

    Oskar Lafontaine fut Président du SPD de 1995 à 1999, Ministre des Finances de 1998 à 1999, avant de démissionner en raison de divergences politiques avec le Chancelier (SPD) Schröder. Il fut un des fondateurs de Die Linke dont il assuma la direction jusqu’en 2009 où il se retira pour raisons de santé.

    Dans la déclaration qui vient d’être publiée, il change radicalement de position et estime qu’il faut progressivement dissoudre l’Euro afin d’éviter une catastrophe économique et sociale en Europe du Sud.

    On trouvera ci-dessous le texte de sa déclaration du 30 avril 2013.

    http://russeurope.hypotheses.org/1193

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