Je suis donc allé à l’Elysée l’autre jour, pour assister au lancement des 34 projets de “la nouvelle France industrielle” … Hollande l’a dit lui même: Aux Français, je leur dis que le progrès n’est pas un astre mort, qu’il n’y a pas un âge d’or qui serait celui de notre histoire.

En y allant, je m’étais posé une question avant même d’y assister, la vraie question sur ce sujet essentiel: Est-ce que finalement l’Etat n’est pas désarmé après 10 ans d’UMP-UDF-UDI ayant réduit les effectifs ici ou là : régulation, contrôle, anticipation ? Et que cela peut nuire à tout projet planificateur quelque soit son amplitude ? En gros : S’il n’y a plus les gens et qu’il faut N années pour les recruter, former eventuellement et les rendre opérationnels, On fait comment ? Ici bien sûr le jeune troll au poil souple me dira : Révoluuuuuuuuuuuuuççççççççion. Certes, mais sinon comment ? Par ce que pour changer les choses, il faut des gens, des acteurs, et si ceux-là n’existent plus vous aurez beau publier avec fracas, fureur et bruits des tonnes de loi, et penser contrainte, si vous n’avez pas d’acteurs pour le faire ça ne marchera pas.

En fait on peut le dire la gauche molle a une politique d’avenir industrielle. Ca va énerver des lecteurs libéraux et la Vrauche. Le tout est de savoir ce qu’on met dans les mots. Bien sûr, il n’a pas repris le forcément génial programme de Melenchon, ni enclenché une révolution libérale en mode Hayek-Schumpeter sensée créer des millions d’emplois. Et quelle horreur aussi, Hollande est ensuite allé visiter une entreprise privée qui fabrique des batteries… quelle horreur en effet pour les gens coincés.

Etant de formation scientifique, il y a des mots qui m’ont fait plaisir. Je dois donc dire merci a Hollande  pour les mots pour les salariés, techniciens , ingénieurs, scientifiques.  Ca montre qu’au sommet de l’état on pense enfin à ceux qui ont été méprisés depuis des années au profit des vendeurs, publicitaires, financiers et autres métiers parfois inutiles. On a bien vu certains intervenants ayant un discours de créateur et pas de vendeur ou de marketoides: ça se sentait.

On oublie facilement certains détails: Par exemple,  l’Iphone a été inventé par un frenchie pour Apple.

Donc même si c’est un petit pas, ça va dans le bon sens.  Oui, un petit pas. On ne va pas attendre 2017 quand même ? Et j’ai surtout vu des patrons en applaudir d’autres ou le président. Des patrons expliquer avec leur mots les nouveaux produits de leurs entreprises, sans chichis, avec leur mots donc, loin de la propagande ou de la novlangue des TV plates.  Et vu les mêmes discuter ensuite en petits comités, je n’ai pas vu de têtes “vues à la TV” en donneur de leçons. Là “ce sont plutôt ceux qui courent après les subventions” m’a fait remarquer perfidement un libéral de gauche.

Ces gens là auraient pourtant plus de place à la TV que les sinistres déclinistes comme Barbier et autres Soumier, ou Lenglet.

La question est donc, de savoir si l’Etat ou la chose publique délocalisée peut encore se lancer dans des plans. La réponse est non, donc il va faire confiance au secteur privé, et mettre en place des outils de suivi régulier des projets. Fonctionner en mode projet, l’Etat en MOA (maitrise d’ouvrage) et les autres en MOE (maitrise d’oeuvre). Tout ça est expliqué dans son discours, en ligne. La méthode y  est décrite, comme l’a noté Seb Musset:

Chaque plan sera animé par un chef de projet pour favoriser les synergies, faciliter les financement (par la Banque public d’investissement, commissariat général à l’investissement, les opérateurs de l’Etat) selon un calendrier de dix ans évalué tous les 6 mois. Objectif : 480.000 emplois d’ici 2020 et la création de 45.5 milliards d’euros de valeur ajoutée dont 40% à l’export.

Tout ça est dans le discours de Hollande. Et bien sûr, on a illico presto, le discours a peine terminé, vu et lu des ânes 2.0 se moquer des projets. Pensez donc des robots, des avions électriques, des tissus réparateurs, de moteurs de voiture ne consommant que 2l/100. Mais ces gens là ont ils oublié les moqueries à chaque étape ou projet industriel du passé ? Réfléchissez un peu sur ce sujet. Et quelques jours plus tard, le même Hollande à expliqué qu’on allait devoir réduire notre consommation d’énergie de 50% en 2050 à cause de la transition énergétique, du coût de l’énergie et du changement climatique.

C’est ce que je demande au politique, de fixer un cap, d’expliquer aux citoyens que les choses vont changer et qu’on doit s’adapter. S’il les associe aux décisions, que la parole n’est pas confisquée par les professionnels de la prise de parole en AG, alors tant mieux. Ce point est essentiel.

Et je n’oublie pas le reste : l’ANI, le CICE, la ligne social-libérale du reste du gouvernement, les traités Européens, la TVA non sociale… Et là nous sommes entre le plan des 60’s et le laisser faire des neo-libéraux : Ici on assiste donc à de  l’interventionnisme 2.0 light de la gauche molle. Certains y voient avec des mots intelligents, de la droite, une vaste fumisterie.

Comment qualifier notre politique industrielle ? Elle n’est ni libérale, ni dirigiste, elle ne se veut ni rhénane, ni anglo-saxonne. Elle est française, pragmatique et fidèle à une tradition d’audace, de créativité et d’excellence scientifique et industrielle.

Montebourg parle de transition économique et environnementale ? Avec un peu plus de sens et quelques décisions et actes, il pourrait prendre le dessus sur Melenchon et son eco-socialisme… Qui sait, c’est peut être ça que se disaient Hollande et Montebourg, là à 1m50 d’un groupe de blogueurs “venus consommer des miettes comme des pigeons” [1. Ah non ça c’était un commentaire lors de l’épisode précédent].

La gauche molle pense transition écologique et économique , c’est donc un  léger interventionnisme suffisant pour effrayer les libéraux. On est loin du neo-libéralisme que les trolls voient partout. Et Hollande habile manipulateur n’oublions pas l’époque PS, va mettre Montebourg interventionniste sur le devant pour faire oublier Moscovici adepte du laisser-faire, et demander à l’UE d’agir : L’Union doit également se doter d’une politique commerciale et combattre vigoureusement toutes les pratiques déloyales, à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur. Ces exigences, la France les portera devant les institutions européennes.

Ceci nous rappelle des mots de Montebourg pendant la campagne des primaires socialistes. Et la suite de tout ça dépendra en partie du résultat des élections allemandes… certains pensent déjà qu’il n’y aura pas de conséquences concrètes ou qu’elles risquent de manquer. Certains autres jugent rapidement, un peu trop même.

 

 

 

 

.