le malentendu de Melenchon
On va surement me traiter d’anti-Melenchon, de troll en DM sur twitter, de dire que je suis pire que BFMTV et une pauvre folle expliquera quelque part que je suis payé par l’Elysée pour écrire ce qui suit.
“Je vous appelle à vous retrouver le 6 mai, sans rien demander en échange, pour battre Sarkozy. Je vous demande de vous mobiliser comme s’il s’agissait de me faire gagner moi-même l‘élection présidentielle.” (…) “Ne demandez rien en échange, seulement l’acte de votre conscience”
Il s’agit d’une citation de Jean-Luc Melenchon au soir du premier tour de l’élection présidentielle, il y a donc un peu plus d’un an. Tout cela est archivé. Et visible en vidéo.
On notera la force du moment, ce n’est pas une emission de TV avec pauvre éditocrate en slip, c’est une déclaration solennelle au soir du premier tour de l’élection devant de gens qui l’ont soutenu, aidé. Moment d’émotion collective, où certains soufflent, d’autres pleurent. Moment où du ressenti s’exprime, des attentes déçues surgissent…
Ne demandez rien en échange. J’avoue que cela me rend circonspect. N’est ce pas la un malentendu ? Comment peux-t’on ne rien demander et ensuite demander ce qu’on ne voulait pas demander 6 mois plus tôt ? Ne pensez vous pas cher militant FDG que ce genre de propos peut jeter le trouble dans l’esprit des électeurs ?
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- Christiane (@chrislaine33) - le malentendu de Melenchon http://t.co/J6XSKqr3pA
- @romanrecit - RT @Yasmilady: le malentendu de Melenchon (commentaires sur blog ) http://t.co/G67rsvXeZs via @politeeks
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- Gabale (@Gabale48) - C'est ce qu'on appelle l'ironie de l'histoire --> le malentendu de Melenchon (commentaires sur blog ) http://t.co/zR1tQDxkM1 via @politeeks
- @_orglin_ - RT @Albrecht30: #Mélenchon “Je vous appelle à vous retrouver le 6 mai, sans rien demander en échange, pour battre Sarkozy" ...
- despasperdus (@despasperdus) - le malentendu de Melenchon http://t.co/jfdEupEuYJ avec mes commentaires ;-))
je note. Tu donnes des gages au camp d’en face. C’est bien. ça te permettra d’aller boire un verre à ma santé aux frais du gros. Va, je ne te hais point. Il faut parfois comme toi ne pas choisir son camp pour ne pas être emmerdé par les cons. (tu vois, j’m'adapte
hahahahahahahaha ! des gages ? mazette comme si j’avais un quelconque pouvoir chez ces gens là , franchement quand même…
je ne parle pas du PS mais des blogueurs de gouvernement, auxquels se réduit de plus en plus le groupe des Leftblogs. Il me semble que tu en es l’un des membres fondateurs, non ? Mais je te répondrai plus sérieusement dans un billet ce soir… Là, je bosse…
Je ne vois pas le rapport avec les leftblogs. Je n’écrit pas mes billets en pensant à mes potes ou pas. Ah si , oups je dis une bétise. Certains ont fait le site du point d’étape/bilan de FH. ils vont donc prendre un coup sur la tete.
Ce n’est pas contradictoire.
L’appel à battre Sarkozy, et donc à voter Hollande ne se monnayait pas.Le Front de Gauche prenait ses responsabilités, mais n’attendait pas de “places” en retour.
Ça n’enlève rien à notre droit à proposer aujourd’hui une autre politique que celle menée par le gouvernement.
Ne rien demander en échange – Oui, c’était concernant l’appel au vote utile, au vote pour FH. Le FdG n’a rien demandé en échange.
Aujourd’hui, ce n’est pas une division de la gauche que l’on observe, mais un rappel à FH devant un bilan que certains estiment très mitigé.
Il s’agissait de ne rien demander en termes de portefeuilles ministériels. J’ai vu des responsables FdG en discuter devant moi. Il n’y a en fait pas d’ambiguǐté réelle, mais là c’est mal formulé.
En revanche quelques pontes d’EELV ont tenu à obtenir des maroquins, avec en contrepartie la débâcle pour leur mouvement, qu’ils ont tué en fait.
Hollande aurait pu au moins respecter ses propres engagements. Même si ce n’était pas grand chose, c’était suffisant pour le préférer à Sarkozy. Et pour un leader politique, il y a des moments où il faut dire “oui” ou “non” sans ambigüité.
La phrase complète était pourtant simple :
“Ne demandez rien en échange, seulement l’acte de votre conscience”
Mélenchon n’est pas en train de dire “je vous ai soutenu, vous devez donc m’écoutez”. Il est en train de dire “Nous sommes dans le même camp, vous devez donc m’écouter”.
eh oui ne rien demander en mai 2012 ce n’est pas 6 mois après demander d’appliquer le programme du Front de gauche comme depuis quelques mois le font Mélenchon et ses amis. Il faut avoir une certain constance en politique ce qui visiblement n’est pas le cas du sus-nommé.
@Melclalex : Qu’est-ce que je disais… http://gauchedecombat.com/2013/05/05/epuration-ideologique-au-ps-comme-chez-les-blogueurs-de-gouvernement/ Taper sur Mélenchon permet d’oublier en ce jour anniversaire les promesses non tenues et de faire le bilan croitique (ce qui n’est pas vraiment le fort des hollandais) de l’année gâchée à donner des gages au patronnat plutôt qu’à ceux qui, même au Front de gauche, ont voté pour Hollande. Ce qui n’est pas mon cas. Je n’ai donc rien à lui devoir, et ma conscience et tranquille.
Les frontistes (de gauche) contextualisent donc les envolées lyriques de leur champion. C’est normal. Ceci dit, on avait compris que Mélenchon s’exprimait dans le feu de l’élection présidentielle et appelait solennellement au rassemblement de toute la gauche. Il ne pouvait pas agir autrement de toute façon. Mais il l’a fait « sans contrepartie » C’était bien le moins que Mélenchon pouvait faire à l’égard de celui qui fut dix ans son premier secrétaire au sein du PS (oui… PS, horresco referens ! Vite de l’eau bénite pour purifier les yeux des blogchéviks !).
Pourquoi avoir mis autant de solennité à appeler à voter pour François Hollande si c’est pour le dézinguer, un an plus tard, avec des trémolos dans la voix ? C’est – comment dire sans être désobligeant ? – « légèrement » contradictoire. Et ça ne plaide pas en faveur de la crédibilité du coprésident du parti de gauche.
Je vous explique. Le vote du FdG pour Hollande au 2è tour était un vote de barrage contre Sarkozy. Ni plus ni moins. L’expression démocratique ne peut pas se réduire à un rituel électoral tous les 5 ans. De là vient l’importance accordée à la réforme institutionnelle. De là vient aussi l’importance accordée aux manifestations.
Et le sujet n’est pas Mélenchon. Ca, c’est de la politique “people”. Il s’agit de politiser le débat et de l’élargir en-dehors des professionnels de l’opinion.
(PS : avoir été membre du PS n’est pas un argument d’indignité, sauf pour le FN… )
Parfaitement exact. Combien de citoyens de gauche sont allés, la mort dans l’âme sachant ce qui allait arriver, dire non au président sortant !
Vu ce qui s’est passé depuis, ce déplacement où l’on apportait une apparente caution à quelqu’un en qui on n’avait aucune confiance n’aura pas de suite tant le nouveau a appliqué avec zèle la même politique, aggravée ! Pourquoi des militants dont je suis persuadé qu’ils sont de bonne foi, ne se rendent-ils pas compte de cette évidence, et de ce bilan calamiteux ? Car non seulement il n’y a pas eu rectification du tir précédent, mais les pires mesures sont arrivées en urgence comme la réforme du droit du travail ou le TSCG, par exemple.
oui, donc 100 000 personnes manifestent pour une 6e république et/ou non à l’austérité : NEXT
Complètons ta question.. “Comment ne peux-t’on rien demander pour sortir Sarkozy, et ensuite demander ce qu’on ne voulait demander 6 mois plus tôt ?”
Je cherche encore le sens… Mélenchon demande-t-il à ce que l’élection soit annulée pour faire revenir Sarkozy ? Non, clairement.
En supposant que battre Sarkozy aurait pu se monnayer d’une quelconque façon – ce que conteste très explicitement Mélenchon s’adressant à l’électorat – tu vas jusqu’à envisager la rupture du minimum d’unité qui liait encore la gauche jusqu’à présent, comme une alternative envisageable et envisagée.
Juste par stratégie politicienne au FdG.. mais qu’il reste alors à démontrer.
Quel discours ou prise de position te permet d’accréditer cette thèse.. en dehors des élucubrations issues du PS ?
S’il y a malentendu, il n’est certainement pas à chercher chez l’électeur FdG qui aura lui tendu un peu plus l’oreille que la moyenne à ce qui se disait.. au FdG, a priori.
Franchement t’as compris ça ? je dis : dire “je ne veux rien” fin avril 2012 et 6 mois plus tard demander des trucs ? c’est ça le hiatus.
manifestement cela suffit a convoquer la fine fleur des blogcheviks et parler d’élucubrations sorties du PS. PS que je conchie, mais ça les trolls FDG ont du mal à le voir .
Je te l’ai pourtant mis en gras.. Pour sortir Sarkozy ! Pourquoi veux-tu qu’il négocie un objectif qui est déjà acquis pour un électeur de gauche et/ou qui aura été convaincu par le FdG ?
Mélenchon ferait campagne pour… puis au dernier moment minauderait ou recommanderait d’aller à la pêche comme le fait le FN ?
Où est le sens d’une telle politique-fiction, niant toute cohérence ?
Faut vraiment ne rien avoir suivi de la campagne FdG, pour avoir envisagé cette éventualité ou s’étonner de son appel le soir du premier tour.
PS – Je te lis assez pour ne pas t’assimiler au PS. Je soulignais la proximité de ton propos avec l’argumentaire “Mélenchon pratique la politique du pire pour voir échouer Hollande, et faire gagner FN ou UMP”
De plus, de quelle possibilité de négociation parles-tu ?
Hollande avait déjà clairement annoncé qu’il mènerait SA politique pour se conserver l’électorat plus centriste et des candidats PS avaient été mis en face à peu près partout face à ceux du FdG, allant jusqu’à vouloir éliminer Billard sortante par exemple.
Avec de plus l’expérience des précédentes présidentielles démontrant qu’un élan est donné aux législatives à l’issue de la présidentielle, c’est une tarte à la crème de suggérer que le PS voulait négocier quoi que ce soit…
L’objectif était de battre Sarkozy sans quémander je ne sais quelle place ni avoir une quelconque exigence. Une sorte de réflexe républicain de désistement à gauche pour battre la droite.
Une fois l’élection passée, on devrait se taire parce qu’on a fait preuve de responsabilité sans pratiquer la politique du pire ?
Il me semble plutôt qu’on a tout fait pour qu’Hollande soit élu. Sans négocier. Sans surenchérir même si on savait…
Petit ajout :
Rétrospectivement, j’estime que cette déclaration donne plus de poids et de légitimité au Front de gauche. Et surtout, elle démontre combien le PS par ses insultes récentes est totalement hors sujet.
Nous verrons bien un jour si les positions se renversent si le PS aura la même attitude un soir du 1er tour quand le candidat du Front de gauche le dévancera. Une hypothèse qui peut paraitre farfelue, mais rien n’est inscrit dans le marbre…
je soulignais la proximité de ton propos avec l’argumentaire “Mélenchon pratique la politique du pire pour voir échouer Hollande, et faire gagner FN ou UMP”
A une telle ineptie , je ne répond pas sinon je vais employer des gros mots avec des gens que j’apprécie. Surtout que là y’a Eric Woerth dans ma TV.
Dites vous bien que je critique la tactique de Melenchon et du FDG, autant que les conneries du PS.
“Ne demandez rien en échange” ça voulait dire ne pas monnayer son vote du deuxième tour, ça voulait pas dire ne rien demander politiquement ensuite. Franchement, je sais pas qui joue au troll
Haaaaaaaaan ah oui “ne rien demander pour une durée de 24h” , non mais franchement à force de défendre tout de votre candidat vous allez nous faire un nouveau dictionnaire ?
Certes, nous avons voté Hollande en 2012 comme nous avions voté Chirac en 2002. Sans rien demander, mais en espérant que le vainqueur se rappelle qui l’a fait élire. Mais Hollande a oublié ses électeurs, comme Chirac avant lui.
Les mêmes causes reproduisant toujours les mêmes effets, on peut deviner la suite.
En 2014, le PS va perdre la moitié de ses communes, et la moitié de ses députés européens. Et Hollande va venir dire à Pujadas qu’il a bien compris que les électeurs lui demandaient d’aller plus loin dans les réformes libérales et dans les économies budgétaires pour stabiliser le taux de chômage à 13% fin 2014.
En 2015, le PS va perdre ses régions et ses départements. Hollande va revenir chez Pujadas pour affirmer que la dérivée troisième de la courbe du chômage changerait de signe à la fin du quinquennat avec un taux de 15%.
Avril 2017, le chômage franchit la barre des 20%. Le PS désigne le FDG comme ennemi numéro 1. Hollande est éliminé au premier tour de l’élection. Marine le Pen entre à l’élysée et nomme Coppé à Matignon. Le PS se déchire. Hollande et Désir sont voués aux gémonies par les militants PS et les leftblogs qui retournent leur veste en 3 jours et font l’inventaire du Hollandisme. A la faveur des divisions, Valls prend la tête d’un parti réduit à 30000 militants et dévoile son nouveau programme pour 2022 “La France aux blancos”.
C’est pour éviter ça que nous demandons maintenant un changement de cap. Les maroquins ne nous intéressent pas. Nous voulons sauver le pays, et sauver la gauche.
Voilà comment je comprends la séquence:
(NB: je n’en discute pas l’efficacité, ni n’en approuve forcément les ressorts)
Le 6 mai 2012 au soir, le tout juste ex-candidat Mélenchon constate l’écart dangereusement faible qui existe entre Hollande et Sarko. Si ses électeurs se démoralisent et s’abstiennent au second tour, le risque est énorme de voir le mouvement FdG rendu invisible derrière un PS maintenu en premier opposant à Sarko bis. Il demande donc aux électeurs FdG de voter contre Sarkozy, en désamorçant immédiatement de possibles soupçons de tractations secrètes potentiellement tout aussi démobilisateurs.
Une fois le PS au pouvoir total, tout se passe comme le redoutaient (!) le FdG et Mélenchon (cf. “En quête de gauche”). Dès lors, leur action, parlementaire ou non, vis-à-vis de tout l’électorat de gauche, est double:
- ils mettent en lumière sur des cas précis la dérive croissante vers la droite entre les mots d’ordre du candidat Hollande et l’action réelle du président (SMIC, CICE, BPI, ANI, amnistie, sans doute bientôt retraites…).
- ils ne “demandent” pas l’application du programme FdG (à quel titre?), mais ils assortissent chaque constat d’échec de la description de leur solution (relance keynésienne, confrontation européenne, etc., contre “socialisme de l’offre”)
Au passage, la proposition “Mélenchon premier ministre”, c’est la réponse à l’accusation stérile de se contenter d’être des “opposants stériles”, et un rappel pas innocent d’une Ve où le rôle supposé du Premier ministre est de fixer les orientations politiques essentielles du gouvernement. C’est une des nombreuses façons de provoquer dans l’espace public la vie de concepts qui sans ces incongruités n’y auraient jamais droit de cité (la “cohabitation de gauche” et l’image du curseur).
Très bien dit ! C’est exactement dans ces termes que s’inscrit l’opposition constructive de la gauche.
la proposition “Mélenchon premier ministre” Et comment on fait pour ça, comment vous faites dans la pratique ? c’est bien d’avancer des propositions : donc comment faites-vous ? je veux des réponses pratiques, pas du A4 de blabla , merci.
Euh, demandez-leur, moi je me borne juste à commenter en réponse à “Comment peut-on ne rien demander et ensuite demander?”.
Mélenchon premier ministre ? De la même façon qu’on a eu trois cohabitations. S’il obtient le soutien des groupes GDR, verts, et de 87% du groupe socialiste, il a la majorité de 288 députés. Il va falloir quelques mois de négociations, mais c’est jouable. Toutes les démocraties parlementaires procèdent ainsi.
Une fois cette majorité réunie, Hollande n’aura pas d’autre choix que nommer le premier ministre réalisera ce programme. Mélenchon ou un autre. S’il traîne les pieds, un petit 49-3 précipitera les choses.
Malgré la pratique monarchique détestable perpétuée par Hollande après tous ses prédécesseurs (contrairement à son engagement) la constitution de la 5eme, toute boîteuse qu’elle est, demeure un régime parlementaire.
87% du groupe socialiste après les avoir traité de tous les noms ? de “salopard” un ministre qu’ils connaissent et dont certains sont proches ? ou de “poursuivre jusqu’a chez eux” à je ne sais plus quelle occasion ? Propos d’ailleurs TOUS défendus le moment concerné par les gens FDG qui ont commenté ce billet..
Franchement vous c’est du pure fantasme de penser que Melenchon puisse réaliser un tel scénario : Croire que ceux dont ils se moque en permanence vont l’acclamer premier ministre.
On verra dans un an, quand l’explosion du chômage et deux raclées électorales historiques seront passés par là. Les parlementaires sont capables de dépasser leurs petites rancoeurs personnelles quand il est question de l’intérêt du pays (et de leur réélection, accessoirement). On a bien vu dans le passé Mitterrand nommer son pire ennemi à Matignon, et Chirac son pire ennemi à l’intérieur.
Certes, il est peu probable que les soc-libs purs et durs comme Valls, Moscovici, Sapin ou Baylet fassent partie des 87%, mais je ne crois pas qu’ils iraient jusqu’à s’allier à l’UMP. Mais les vrais socialistes, que l’indigestion de couleuvres guette, seront ravis de prendre leur revanche avec un couple exécutif qui les méprise ouvertement, comme la p.2 du Canard nous le montre chaque semaine.
En tout cas les négociations entre le FDG et les verts ont déjà commencé officiellement. Je ne serais pas étonné que des contacts soient déjà pris en coulisse avec la gauche du PS. On sait que Guedj et Lienemann sont de vieux amis de Mélenchon. C’est comme ça que fonctionne la démocratie, surtout avec un président de la répubique affaibli.