Fleur Pellerin, le maillon faible ou fort
Je vous ai alerté dans quelques billets sur le fait , que le lobby libéral essayait d’influencer Fleur Pellerin. Ministre en charge des internets et des PME. C’était en octobre dernier. Depuis vous allez le voir, les choses évoluent en pire ou presque. La jeune ministre est-elle devenue le cheval de Troie du libéralisme ?
Tout ça par le biais d’un individu nommé Philippe Hayat , libéral de son état. Il proposait de s’occuper des entreprises de croissance. Une entreprise de croissance, c’est en fait une entreprise qui travaille dans domaine innovant..
Pour qu’il prenne le risque de la croissance, il doit pouvoir se séparer de salariés sans coût excessif (…) Et il faut mettre en place un outil simple d’attribution au salarié d’actions à prix réduit, sans les contraintes et les risques de requalification en salaire qui existent aujourd’hui.
Vous avez compris ce dont il retourne : le coût des licenciements.
En novembre on a eu l’épisode du rapport Gallois, démenti quelques jours avant d’être reconnue comme alpha et omega de la pensée social-libérale du gouvernement. C’est à la suite de ça que nous avons eu l’ANI, accord MEDEF-CFDT posant de nombreuses questions.
Qu’apprenait-on dans les communiqués de l’époque ? ici c’est un extrait d’un PDF de Matignon. Cela date du mois de Novembre.
À la suite du rapport rédigé par M. Philippe Hayat seront organisées au printemps 2013 des Assises de l’Entrepreneuriat réunissant entreprises, organisations syndicales et patronales. Sous l’égide d’un Haut responsable à l’entrepreneuriat, un programme sera alors mis en place visant à doubler le nombre de créations d’entreprises de croissance d’ici à 5 ans.
Que va-t-il nous tomber sur le coin du nez ? l’ouverture du marché du travail ? Vous n’y croyez pas ? Il suffit de lire un de ses rapports pour ce gouvernement de gauche… Cherchez-y le mot “licenciement ” . Voici ce qu’on trouve :
- Assouplir les conditions de licenciement des salariés.
Depuis il y a eu le discours de Hollande, et les nouvelles annonces. Voici quelques nouveaux éléments ce sont des twitts d’un journaliste libéral de BFM Business qui donc rencontré Fleur Pellerin et discuté avec elle en OFF.
Il nous explique donc que Fleur Pellerin est un bulldozer de détermination, qui a clairement gagné des arbitrages et du pouvoir. On peut encore se demander dans quel sens cette détermination se dirige. Le doute est permis.
C’est alors qu’un pigeon en chef, surpris par les mots du libéral journaliste pose la bonne question:
On a donc compris dans quel sens vont les arbitrages gagnés par Fleur Pellerin. Il suffit donc d’attendre les propositions de Monsieur Hayat.
On nous dit que le gouvernement doit assumer la ligne, la porter, communiquer comme il faut. Ces soucis de communication de ligne j’en ai entendu parler il y’a 15 jours. Ca inquiète des militants socialistes. Ils ont un souci de communication. Alors que le problème est plus simple que ça: c’est cette ligne social-libérale que vous allez devoir défendre les amis.
Finalement il ne manque plus que le code du travail1 spécial entreprises de croissance .. Et la ligne soc-lib sera parfaitement intégrée. Après tout pourquoi pas2, c’est donc un pari: si ça marche , ça va créer des emplois pérennes… Mais si on libéralise.. et que la régulation ne fonctionne plus ( cf les effectifs des impôts, des inspecteurs du travail.. en baisse) ça sera pire que tout: le Far West libéral.
Vidéo :
Fleur Pellerin: Déminage de l’affaire… par BFMBUSINESS
Elle le dit “j’essaye de construire un cadre pour les entreprises de croissance”
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“Cheval de Troyes” : coquille ou bien contraction entre “Cheval de Troie” et “Andouille de Troyes” ? C’est bien trouvé !
oups, j’ai corrigé , il faut dire que je venais de voir la vidéo obscène avec le journaliste libéral en question.
Ça ressemble plus à un “outing” qu’à l’influence d’un lobby extérieur non ? Je ne connais pas bien la dame mais son usage de la fausse novlangue libérale ne date pas d’hier il me semble. Et que du vocabulaire (de l’habitus diraient certains) naisse une vraie ligne politique voilà qui ne surprend qu’à moitié.
Quand au patronat de “start-up”, il va nous faire regretter le comité des Forges.
le comité des forges a été la cause de la guerre de 1870… Les pigeons sont moins doués
Ce qui est dommage, c’est qu’on ait choisi comme ministre des PME un pur produit de la fillière hollandaise (Ecole de commerce-ENA-corps-PS-cabinets), qui n’a (come tous ses collègues ministres) jamais mis les pieds dans une entreprise, encore moins une entreprise industrielle. Comme son mentor Hollande, elle a adhéré au PS par carriérisme. Il se trouve que la gauche était au pouvoir lorsqu’elle était à l’ENA, mais si elle avait été un peu plus jeune ou un peu plus vieille elle serait à l’UMP.
Dans les start-up aussi, la lutte des classes existe. C’est peut-être même pire, car la perspective virtuelle d’une croissance forte permet parfois de payer des petits ingénieurs qui ne comptent pas leurs heures avec des salaires de misère, en leur promettant des stock options et autres BSPCE qui ne vaudront rien dans la majorité des cas. C’est dans les startup qu’on trouve le plus de faux stagiaires (startups software ou internet) ou de faux thésards (startups technologiques).
Il y règne une ambiance qui mélange admiration pour le libéralisme, la californie, le risque, l’aventure, le vent dans les cheveux et détestation de la bureaucratie, de l’administration, des règles, des normes, des syndicats, tous ces “freins”. Les salariés parlent comme les patrons, personne ne se plaint (on est tous des potes, on va boire une bière après le taf, on a monté un groupe de hard-rock ensemble). Du coup, le droit du travail on connaît pas. Beaucoup de startups sont dans l’illégalité sans même le savoir, et comme elles ne sont jamais controlées, elles ne s’en apercevront que si elles sont rachetées par une entreprise d’âge mûr.
Au lieu d’introduire le respect de la loi dans les startups, Pellerin veut adapter la loi à la pratique. C’est plus simple.
huhu, ça sonne vrai tout ça.. ou ça sonne le vécu.
Oui c’est du vécu.
Mais qu’on se comprenne bien, je suis à fond pour les jeunes entreprises innovantes, et il faut que l’Etat les soutienne.
Par exemple avec des financements à long terme, des garanties bancaires, des aides à l’exportation, un CIR réformé (aujourd’hui c’est n’importe quoi), un accompagnement à l’industrialisation en France.
Pas en réduisant la fiscalité des plus values de cession ou en favorisant la précarisation des employés.
@GANLANSHU : donc du vécu ,comme moi . Et comme toi je veux qu’on aide ces entreprises a se créer , à croitre via la chose publique , la BPI et les régions. Sur les plus-values , je pense qu’un système de malus-bonus serait adéquat : en fonction du nombre d’emplois, leur type, la répartition des revenus du capital pendant le fonctionnement.. On me dira que c’est une usine à gaz : mais l’informatique ça existe non ?
Merci pour cet article (et les commentaires) qui décode un secteur que je ne connais pas du tout( les entreprises de haute technologie, les start-ups). Il faut dire que les “pigeons” jouent à mort là-dessus, le terme “micro-entreprises” recouvre tellemnt de réalités différentes !
Je mets en lien sur notre forum politique, où nous avons très peu abondé cette thématique…. faut dire qu’on n’a pas des masses de geeks…..
http://sarkostique.fr/index.php?topic=1602.msg40343#msg40343