Cinéma militant “No”

Posted by Rva in Libéraux | 3 comments

Mes chers lecteurs, l’autre soir avec le tovarich Gildan nous sommes allés voir une projection presse du film “NO” du jeune cinéaste Chilien Pablo Larraín avec entre autre Gael Garcia Bernal.

 

C’est l’histoire de la buzz campagne pour le NON au référendum Pinochet en 1988 où comment des publicitaires et des militants ont conçu ce qui occupait les 15 minutes quotidiennes de campagne TV qui leur était réservées pendant 27 jours. La bande de satrapes de Pinochet pensait gagner le referendum sans tricher et continuer sa saloperie libérale qui durait depuis 15 ans avec comme phase de départ le coup d’état contre Salavator Allende. Tout ça en 1973 et financé par les USA via la CIA.

Nous voilà donc en 1988. C’est filmé façon super 8 à l’épaule pour faire old. En fait c’est donc fait avec du matériel 3/4 U-Matic, qui n’est pas du tout HD c’est même en 4/3, et selon les mots d’un cinéaste autrefois pousuivi par G.Depardieu : Putain tourné en U matic ! Respect. J’ai commencé avec ça. Camera de 30 kilos, magneto de 50. Grosse daube technique. Comme quoi on peut faire des super films dans n’importe quel format. Le plus important c’est d’avoir un son propre.

En effet le son est propre, je ne sais pas si ça explique le bon accueil par la critique. Tout ça recrée une ambiance, vous êtes projetés en 1988. A un moment on reconnait un Atari 800XL posé sur la table de la TV forcément ronde. Les voitures sont des Renault des années 80. Saavedra, doit concevoir la publicité d’un micro-ondes. Innovation de l’époque…

Tout ça montre aussi l’affrontement verbal entre les militants de gauche qui voulaient montrer tout le mal de la dictature (le bilan) avec dialectique de combat, et les pubeux qui expliquent que pour gagner il faut -dans ce contexte violent- faire espérer et donc qu’on doit montrer l’avenir, et juste rappeler le passé en second plan. Il faut donc promettre la joie de dire Non au vieux con. Ça a surpris les militaires qui se demandaient en visionnant les bandes avant la TV:  “y’a pas des communistes homosexuels chez eux?”

En effet on voit à un moment des ministres de Pinochet (en uniformes) parler de ce logo arc en ciel :

 ” L’arc en ciel … c’est les couleurs des maricón … les communistes sont des maricón … les Mapuches sont des maricón..” 

 

Ils (les maricon, et les autres anti-Pinochet) ont gagné à la fin après ultime peur d’un auto-golpe¹.  On connait la fin comme dans un épisode de Colombo²: L’essentiel est alors le connaitre le “comment”.

Pour ça laissons parler Gael Garcia Bernal[1.Wahou Gael Garcia Bernal parle de néo-libéral, c'est un gauchiste : hop je veux me marier avec lui c'est un maricón bolchevik selon les militaires libéraux.]:

 

Quelle est selon vous la plus grande réussite de la campagne du NON, en considérant sa dimension politique et publicitaire ?

La plus grand réussite de la campagne du NON a été d ́une part, d ́utiliser le système néolibéral mis en place par la dictature, et d ́autre part, la démocratisation des médias dans l ́état rudimentaire dans lesquels ils se trouvaient à l époque. On peut dire que la campagne a dépassé la droite par la gauche, et par la droite. Ils ont appelé à l optimisme et à la joie, dans un pays submergé par les chocs douloureux, conséquences de sa politique récente. 

Pinochet est l ́unique dictateur de l ́histoire récente à avoir abandonné le pouvoir a travers une élection démocratique. Comment voyez‐vous Saavedra avec cette perspective ?

Je pense que ce qui a triomphé à ce moment là, est un des actes fraternels les plus importants et les plus purs qu ́ait vécu la démocratie dans le monde. En s’engageant sciemment dans une campagne que la grande majorité estimait frauduleuse dès ses débuts, Saavedra et son équipe ont estimé que le sacrifice en valait la peine et ont décidé de l’assumer une fois pour toutes. Pour eux, pour leurs parents, pour leurs enfants. C ́est pour cela que Saavedra m ́a plu, car il s’est converti en quelqu ́un d ́héroïque et de plausible. Longue vie à Saavedra. Il me manque déjà 

 

 

Mais le film retrace les choses d’un point de vue intimiste (la vie du jeune publicitaire) et mélange des images réelles : les clips de l’époque, et surtout ceux du camp Pinochet vont vous rappeler les éléments de langage de l’UMP. On voit le pape Jean Paul 2.0 venu bénir le Chili de Pinochet, les élites américaines, les européens qui le soutenaient…

Il rappelle que le modèle chilien libéral c’est une dictature politique. Dictature avec des stades pour parquer des milliers de personnes en prison ensuite, des milliers de disparus , des exécutions sordides parfois dans la rue , l’armée partout et des gens en exil et des coups de matraque pour ceux qui osent ouvrir leur gueule et 40% de pauvres sous le seuil de pauvreté à l’époque.

On trouve donc des citations de Hayek, idole des libéraux déclarant à Thatcher:  ”Je viens de revenir du Chili, c’est merveilleux ce que Pinochet a fait“. Voilà pour ces libertarés qui ont ici pu démontrer que leur modèle de développement c’est tout simplement des bisounours en mode far-west, si tu n’est pas d’accord on te cogne la tête et plus si affinités.

Même le patron de Gael Garcia Bernal lui fait des menaces “fais attention à ton gamin” après lui avoir proposé des parts dans sa société. Un vrai libertaré donc !

Allez donc voir ce film, C’est autre chose que Norman des vidéos: du cinéma utile et plaisant.