délocalisations, PME performantes
Martial Bourquin, sénateur autodidacte pas du tout motodidacte est président de la mission sur la désindustrialisation des territoires.Nous l’avons rencontré au Sénat, et discuté de ce sujet. Vous allez voir , il y a de la matière et on aura bientôt des exemples concrets sur ces sujets qui seront au coeur des débats de 2012 : Oui,nous ne sommes pas obligé de perdre notre industrie et non, le coût du travail n’est pas trop elevé en France, et n’est pas le seul paramètre.
Tout ce qui suit montre que cette mission a travaillé et a écouté autour de chez nous : En Allemagne (coucou le modèle allemand) en Italie chez des PME innovantes. Il nous a expliqué que de toutes façons il produira un addendum au rapport. Et je peux vous dire que la rédaction de ce rapport sur ce sujet hautement stratégique, par ce qu’il peut démonter des intox UMP est assez délicate: On risque même un clash dans la commission, les rapporteurs UMP ne veulent pas trop parler de certains sujets .. comme par hasard.
Ami lecteur qui regarde les étiquettes avant d’écouter , c’est un proche de Moscovici que nous avons aussi interviewé. SI ça te pose un souci , alors sache que les oeillères ça laisse des traces. On verra que notre sénateur parle de PME qui se débrouillent et qu’on doit aider, tout comme celles qui sont dans la panade. Tiens tiens, des PME agiles, ça vous rappelle des propos d’une candidate en 2007 ? Vous allez voir qu’on va parler de donnant-donnant , de bonus-malus, et de territoires qui agissent.
Par ce que ce bonhomme là il parle avec son coeur, ce n’est pas un technocrate, un énarque. Mais un autodidacte, qui a commencé comme ouvrier chez Peugeot cycle. A été membre du PCF (exclu par ce qu’il avait expliqué ce qu’il pensait de l’alignement sur l’urss) et est toujours membre de la CGT. Il a toujours des liens avec les syndicalistes, cela se voit aussi dans ces domaines d’action comme parlementaire. il parle de liens très étroits, avec les associations et les quartiers.
Questionné sur le PS , il va nous parler de paresse intellectuelle, (NDLB: du PS) de décalage entre élus militants et direction parisienne. Il y a rejet et attente. Rejet “tous pareil” et il sent le FN monter, c’est sérieux. Ca changera avec nous ou ça pourrira sans nous. Il parle de son expérience locale: On a mis le paquet sur l’ANRU (logement), mais l’emploi suis pas : 40% de chômage dans certains quartiers. Et ça c’est dramatique. A ce moment là on sent sa voix qui parle de choses vécues. Oui vous avez compris cet élu , oui il cumule sénateur et maire , mais il se bouge le cul.
Sur le rapport avec les syndicalistes,: CGT sociaux très ouverte.. la CGC vient vers nous. On est le réceptacle des demandes.
Comment se fait il que le parti ne représente pas plus ses élus et ses militants. Très bonne question c’est une de celle qui font que j’ai quitté le PS .
Martin va poser la bonne question “l’endogamie” ? et le problème des élus potentiels qui ne sont pas “insider” dans la chose politique. Problème très sérieux.
Réponse : le PS doit former ses militants… s’accrocher a toutes les questions. Les question sociétales il faut se les coltiner … il faut travailler, il faut bosser. Le gros problème qu’on a parfois c’est qu’il y a une paresse intellectuelle ou simplement du plagiat de ce qui sort.
Vous avez compris : là je ne peux pas vous dire le contraire , je buvais du petit lait. C’est tout le contraire du militant MJS un peu bébête que vous dit “mais si le PS a un projet“.
Tout ça est lié à sa mission sur la désindustrialisation : Comprenez, le PS est en slip sur cette question, sauf quelques parlementaires et les élus locaux. Indirectement c’est une baffe calibre 155 dans le PS solferinien et ses adeptes de 7 à 77 ans. Il est persuadé que le contenu du rapport de la mission , sera dans le projet du PS en 2012. Je peux qu’être d’accord avec lui.
Il propose que l’outil de travail à la différence de l’immobilier ou du capital soit détaxé. Voglesong ose “mais ça on peut l’entendre dans la bouche d’un député UMP”. la réponse est simple : non il ne le feront pas. et précise bien “l’outil de travail”. Sur l’ISF à choisir entre les oeuvres d’art (marché spéculatif, c’est la gauche qui a mis en place, marche juteux ) et l’outil de travail son choix est pour l’outil de travail. Ben là je suis pour à 100%. C’est prendre un choix : favoriser l’intelligence plutôt que la rente.
Bien sûr si on demande à Jack Lang, ca sera le contraire.
Pour lui la taxe carbone, ça doit être au niveau européen et anti-délocalisation. Je me demande comment lutter contre des ratios de 1 a 3 en terme de coût final du produit.. Ca existe dans les traités ce sont les “tarifs extérieurs“. Comme le dit notre sénateur, c’est une évidence. Et une question de volonté politique au niveau européen : ça n’a pas encore été déployé. Et tout le problème est européen.
Et la taxe carbone européenne ne réglera pas le problème du dumping social avec travail des enfants, refus des droits des travailleurs.
Ensuite il va nous parler de la révolution verte , moi je vais glisser “et ça va créer 4 millions d’emplois” ? les réponses seront convenues : des centaines de milliers d”emplois. Mais moi cadre supérieur : je vais grimper sur les toits pour poser du photovoltaïque ? Sur ce sujet, lire mon billet : ça ne créera pas 4 millions d’emplois. Sa crainte c’est que les industriels français soient à la traine sur les industries vertes, comme le photovoltaïque alors que les américains savent rebondir plus rapidement, comme ils le font actuellement. Il sent un raidissement sur les questions écologiques au parlement. Tout ça après les déclarations de Sarkozy vers le lobby agricole.
Il explique la bêtise de l’arrêt de la subvention du photovoltaïque, alors qu’il suffisait de maintenir la subvention sur la pose, sachant que 80 à 90% du matériel vient de chine ( panneaux). Il cite aussi des entreprises FR qui produisent des capteurs de 2e ou 3e génération dont l’empreinte CO2 est bien moindre à celle du produit made in china. Il est donc possible de mettre une taxe/subvention basée sur l’empreinte écologique. Mais l’UMP avec son discours grenelle bla-bla a tout stoppé : voilà pour le soutient aux PME innovante par l’UMP.
Sur le ferroutage, son discours est essentiel et ça implique remettre en service du réseau , des dépôts de marchandises fermés. Là il pense qu’il y a un gisement d’emplois mais sans en donner ou estimer la masse.
Ensuite vous avez une intervention de martin sur le #FAIL de l’industrie de l’écran plat en Europe, alors que tout était possible. Et Martial Bourquin rétorque qu’on a laissé le marché faire (tout en chine, low cost) alors que c’était possible en Europe. Ce qui revient à anticiper les choses, faire en sorte que les industriels pensent à moyen et long terme. Est ce qu’on laisse Carlos Gohn penser le futur de l’automobile, ça va pas être marrant . Nos amis allemands ils le préparent lancer et constructeurs ensembles.(…) on a discuté avec des cadres (NDLB: de Renault) y compris de direction, ils sont malheureux de voir la politique qui est menée . Par exemple, quand vous achetez une voiture allemande y’a 80% des composants fabriqués en Allemagne. Nous on est à moins de 50% . Patriotisme industriel.
Vogelsong rebondit : et le cout du travail ?
MB nous parle de sa mission à Stuttgart, et ils ont posé la question qui tue aux allemands : Il parait qu’il faut choisir entre l’euro et les 35 heures ? Il pose la question au numéro 2 de Bosch (pas des trous du cul avec matos de merde hein ? vous notez les gens) . quel est le cout du travail de l’usine de Rodez et celle de Stuttgart ? Ecoutez bien, nombre d’heures travaillées sur
le site en Allemagne 1449 / an. Sur le site de Rodez 1498. Les couts de l’entreprise à Rodez et Stuttgart ? Temps de travail global en Bade-Wurtemberg 35h et 32H pour la métallurgie, alors pourquoi on nous raconte encore des conneries comme ça en France? Et nous les présenter comme des vérités .
On entend alors “mais les journalistes ne font pas leur travail” ( c’est moi), tout le monde acquiesce. Il citera un peu plus tard une de ses interventions[1] en séance publique.
Là vous pensez comme moi : Il faut que MB soit envoyé débattre industrie face à des clowns comme Copé. Il demande à ce que toutes ces informations, les compte-rendus de territoires soient précis et se resserve le droit de publier un commentaire au rapport si la droite UMP du sénat ferme trop les yeux sur des vérités. il veut que les propos du numéro 2 de Bosch sur la non différence en terme de cout du travail soient dans le rapport. Et précise que les allemands parlent d’infrastructures productives plutôt que de cout du travail.
Il cite aussi l’arnaque de la baisse de la TVA dans la restauration et des problèmes : les jeunes ne veulent plus aller la dedans, même après apprentissage. Pourquoi ? salaires de misère, travail très difficile. Celles et ceux qui gardent leur cuistot et personnel sont ceux qui les payent bien. Il y’a une idée fondamentale que n’ont pas compris les libéraux c’est que quand vous faites une baisse de la fiscalité , ou que vous faites des subventions il doit y avoir des contreparties (…) On baisse si vous signez avec nous un accord de convention collective sur la branche, sur la modernisation de la branche , sur les couts … n-contreparties. C’est le donnant-donnant de 2007, pour lui ça devra être un des points essentiels du projet de 2012.
Il croit à une société mixte, un état ,des régions des territoires qui passent des contrats de développement. Où la puissance publique met des moyens , mais attend de ses partenaires qu’ils y mettent des moyens. Investir à fond perdu et en faisant appel à la bonne conscience des actionnaires : à chaque fois on se fait avoir. Comment se fait il qu’on est pu supprimer la TP (taxe professionnelle) sans demander de contre partie. Pour lui l’inspirateur de cette suppression c’est Carlos Gohn avec argument c’est pour empêcher les délocalisations : argument qui sera repris par l’UMP et sarkozy. Et nous explique que les lander allemands sont bien plus impliqués dans l’activité économique, la formation , l’alternance et l’apprentissage que nos régions…qui vont perdre des pouvoir au profit de l’état avec la réforme Sarkozy. Et que chez les allemands , la culture de l’apprentissage concerne aussi les ingénieurs, ce n’est pas réservé à ceux qui échouent comme chez nous. Ils prennent parmi les meilleurs en leur proposant des plans de carrière.
Et sur le soutien aux PME : les lancer ont mis en place des bourse d’emplois pour les entreprises qui ne peuvent pas se payer des cadres pour faire de la R&D ou autres, peuvent avoir accès à des labos publics, prendre des brevets, le salaire du cadre étant payé par le lander.
Il va aussi nous explique sa vision de la réforme de la TP : bonus pour la création d’emploi, malus pour les autres. Jamais on a discuté de tout ça, le discours ambiant avec lunettes noires, on ne voit rien, mais on croit qu’on a raison: le fameux chantage aux délocalisation sur tout et n’importe quoi, voilà ce qui empêche les débats de fond et la discussions sur des solutions concrètes.
On expliquera que ces contrats de filières reviennent en fait à planifier intelligemment l’économie, donc revenir sur les saloperies de l’école de Chicago et des dogmes libéraux du marché roi et efficient tout le temps ce qui est totalement démonté par la réalité depuis quelques années.
Le cout du travail n’est pas le seul paramètre pour une entreprise : l’environnement, les infrastructures , les services publics jouent un rôle. Pour lui la priorité doit être mis dans l’innovation, la R&D : il faut lier l’enseignement supérieur à la production . Créer dans les territoires cette infra-structure productive (labos, universités technologiques) qui existent en Allemagne mais pas dans toutes nos régions. Pour lui le débat sur la qualité des produits, la suivi des PME est important et permet de sortir de celui biaisé sur le cout du travail qui vise .. à baisser les salaires.
Ma question qui tue : inverser le rapport aide / emploi qui favorise outrageusement les grandes entreprises ? ( voir billet aides) il est d’accord, c’est une question de fond, les groupes du cac40 se débrouilleront .. l’emploi c’est essentiel et rajoute une couche : sur le financement public des PME et le redéploiement des aides sera dans le rapport de la mission. Ainsi que la nécessité de contrat de filières entre grands groupes et sous-traitants et faire un sort au global sourcing qui est là pour réduire tous les couts sans se préoccuper des conséquences comme de la rupture des chaines de production par ce que le sous-traitant chinois moins cher de 15% est bloqué par un volcan. Les têtes pensantes ont alors du expliquer pourquoi l’économie de 15% faisaient perdre bien plus à l’entreprise.
Cette modernisation devra être soutenue par la puissance publique. Il cite le cas de PME qui se sont re-construite sur de nouveaux produits avec partenariat privé-public pour être à la pointe de l’innovation.
Il parle encore une fois de mettre des cadres à la disposition des PME: ingénierie ou R&D, de bourses à l’innovation. Exprime le besoin d’une agence de développement locale. Des politiques de filières , des grands groupes, des équipementiers, des PME: la puissance publique poussant au fonctionnement en réseau. Il explique que les PME commencent à fonctionner en réseau, avec prêts de production ou de personnel : ça se passe dans les districts italiens.
Viens ma question qui tue “OK, ce sont les PME qui arrivent à s’adapter“, et je montre la courbe (trouvé dans le capitalisme d’héritiers de Thomas Philipon) qui montre la qualité des relations au travail entre manager et salariés, et la satisfaction des salaries :
Nous sommes au plus bas: un gros tas de nuls donc, et qui est au plus haut : les pays nordiques, l’Autriche, l’Allemagne. Il y a donc un réel problème de qualité des relations de travail en France. Et cela nuit à beaucoup de choses. Donc la question que faisons nous de de stock de PME (en apparence) non intelligentes ? Sa réponse: de la proximité, de l’action locale hors de l’incantation, arriver à convaincre pour qu’ils comprennent que tout le monde peut travailler ensemble : acteurs sociaux chercheurs. Des structures innovantes, de la collaboration et du networking avec partage de compétences. Ca se fait en Italie ou chez nous dans l’aéronautique. Et cela demandera de l’intervention de la puissance publique (pas l’état, mais les régions : nuance de taille) .
Question sur le rôle de la Finance qui salope tout, sur les licenciements boursiers à interdire quand les entreprises font des bénéfices ou trésorerie ? Il répond qu’il y a un prélèvement , des rendements à 14,15,17% pour
vider les entreprises en 3 ans pour payer les retraites US : LBO etc… Il propose du bonus-malus, et là je dit “énorme” il est d’accord : En gros interdire et mettre un malus avec 5 chiffres. Inutile de chercher la petite mouche : interdire ou mettre un énorme malus ça reviendra au même pour le salarié qui doit pouvoir rebondir et aux actionnaires qui doivent payer les conséquences de leur recherche pénible de rentabilité immédiate.
Une rencontre captivante, nous lirons le rapport et son ajout. Et nous le reverrons.
Lire aussi chez Seb Musset qui a découpé des extraits sonores.
Son brut à écouter :
Notes :
[1] va falloir que je la trouve.
Vraiment très intéressant. Malheureusement il y a des chances que Copé et sa petite bande de salopard passe tout ça à la broyeuse. Dans tous les cas il faut que la gauche s’empare de ce travail.
Sur les 35h et la productivité, Paul Krugman vient tout juste d’écrire un billet comparant les USA et la France, cas d’école en Europe :
http://krugman.blogs.nytimes.com/20…
The bottom line is that France is a society with the same level of technology and productivity as the US, but one that has made different choices about retirement and leisure. Vive la difference!
Le passage sur les délocalisations boursières m’a rappelé l’interview d’un journaliste ce matin sur France Info à propos de Molex. Ces chacals ont viré des centaines de personnes d’un site largement bénéficiaire, pour rapatrier la production aux USA. Résultat : les américains, moins qualifiés et moins expérimentés, font de la sous-qualité et font corriger leurs pièces … en France par la poignée de salariés ex-Molex conservés par le repreneur. Et comme les dirigeants-voyous de Molex USA refusent de financer le PSE, c’est l’Etat français donc le contribuable qui va devoir le faire à leur place.