Fat Cats, trop c'est trop…
Les Fat Cats de la city de Londres nous donnent un exemple de ce que sont les excès de l’économie de marché. Avant de sonder les gens, les gracques auraient pu donner cet exemple et d’autres aux sondés… Cela montre qu’il faut démocratiser l’économie et y mettre de l’éthique.
Orgie de pognon à Londres
C’est Libé qui a commencé à en parler, via deux petits articles incisifs sur le sujet. On apprend que Londres est devenue la capitale mondiale de la finance, et ce après le nettoyage post-Enron de la bourse de New-York. Cela veut tout simplement dire que les entreprises un peu trop borderline ont traversé l’atlantique. Ceux qui en Europe pensent moraliser le libéralisme, devraient d’abord s’inquiéter de l’existence de la perfide Albion, et d’un gros paradis Fiscal à portée de TGV de Paris: GebruikLand, alias les Pays Bas. On y trouve pas loin de 30 000 mailboxes, ces entreprises qui ne sont que domiciliées aux Pays-Bas dans le but de profiter de la fiscalité nulle sur les royalties, et très faible sur les profits.
The Guardian explique un peu tout ce partage d’un pactole basé sur les profits d’opérations financières, de licenciements, de mondialisation avec quasi-escalavage: City bonuses have increased by 30% to a record £14bn this year. The rise is twice as big as in 2006 and likely to exacerbate the widening gap between executive and shop-floor pay. The bonuses come against a background of record debt, rising bankruptcies and home repossessions.
Chez les grands-britons les bonus des FatCats ont donc cru de 30% pour atteindre un record de 14 milliards de £, soit 20,6 milliards d’€. La différence avec le bas de l’échelle sociale devient énorme, l’obscénité des chiffres est telle que certains craignent des émeutes: Sir Ronald Cohen, one of Britain’s richest men and a founder of private equity group Apax warned recently that the gap between rich and poor could lead to riots. Il faut dire que les calculs sont simples: “More than half, £14.1bn, was earned by the 1 million people in the financial services sector”. Ces 20 milliards d’Euros ont donc été répartis dans les poches gargantuesques d’un seul million d’individu, soit plus ou moins 200 000€ de moyenne. Cette moyenne cache d’horrible injustices, en effet certains se sont mis 300 millions d’euros de bonus dans les narines.
Et chez nous, qu’est ce qui a doublé en un an ou presque? le volume des dividendes versés par les entreprises du CAC40 aux actionnaires, qui étaient déjà repus par la progression observée en 2005. Qu’est ce qui à lui aussi progressé en 2007? le taux d’emploi en intérim: la précarité et aussi le nombre de pauvres. Et nous apprenons qu’un plan de rigueur serait en préparation: François Fillon a même démenti son existence, après que Lagarde ait vendu la mèche. Claude Gueant que le Figaro voit comme le prochain premier sinistre a préféré parler de “plan de revalorisation“. Les mots sont cruels, n’est-il pas? On voit la valorisation du pognon des actionnaires grimper, et on va demander au simple citoyen de se serrer la ceinture. Voilà une application du flou idéologique de la droite néo-cons: Elle travestit le sens des mots, et n’hésite pas à les inverser.
Bien sur les médias mainstream vont vous parler comme RTL du fait que Lagarde se voit corriger par l’ectoplasme Fillon et le proto-premier ministre Claude Gueant. La bourde est donc une habitude de ce gouvernement, et dire que certains parlaient de Ségolène Royal comme d’une gourde.
Des propositions Bolchevik chez Attali!
Comme vous le savez, Sarkozy a demandé à Attali de présider une commission pour libérer la croissance dans ce pays. Attali homme moderne et intelligent à donc ouvert un blog où chacun peut donner son avis. C’est une forme participative de commission, et c’est Sarkozy-Fillon qui font cela après s’être moqué du concept de la démocratie participative prônée par Ségolène Royal.
Le but de cette commission c’est de libérer la croissance, comme si la croissance d PIB (du fric) pouvait assurer de la création d’emplois. Il est parfaitement possible de faire de la croissance sans création d’emplois, voire même en en détruisant. Ce n’est qu’une question de flux financiers et de productivité. La création nette d’emploi est le résultat d’une différence positive importante entre la croissance de la production et celle de la productivité ou d’une forte diminution de la durée du travail. Sauf cas particulier, ce n’est donc pas une forte “croissance” qui crée de l’emploi
On trouve certaines propositions a l’orthographe douteuse, mais elles montrent le ras-le-bol de nos concitoyens sur ces excès : “Privilégié les plus nanti et leurs théories vaseuse et leur octroyer des avantages fiscaux au minimum indécent, toute façon pas la peine d’avoir le peuple comme copain, suffi d’un seul très riche.”
D’autres sont pertinentes: accorder aux représentants des salariés des sièges (avec voix décisionnelle et pas seulement consultative) dans les organes de contrôle des sociétés (Conseil d’Administration ou Conseil de Surveillance). Deux avantages majeurs pourraient en découler : – la présence de deux types de représentants (des actionnaires et des salariés) devrait conduire à des décisions prenant en compte l’intérêt global de l’entreprise, et pas seulement celui des actionnaires ou des salariés ; – la participation de représentants des salariés aux organes de contrôle pourrait faciliter l’adhésion des salariés aux changements stratégiques ou opérationnels, et réduire d’autant les conflits capital / travail (en tout cas en les remontant en amont des décisions et non plus en aval).
Voilà exprimé simplement, tout ce qu’il faut pour mettre un grain de sable dans le capitalisme, le genre de réforme simple qui tel un virus de science-fiction en remodèlerait l’ADN pour le faire muter vers un système démocratique. Cette ambition va au delà de la social-démocratie des années 70, et je suis sûr que de nombreux socialistes la partagent. C’est tout le contraire d’un grand soir, c’est un projet bien plus réaliste, mais qui augurerait de changement radicaux.
Et cela c’est compatible avec une économie de marché contrôlée et régulée démocratiquement, sans passer par un état omniprésent, mais décentralisé, auto-gérée via de plus en plus de démocratie participative. Si par exemple, les fonds de pensions avaient une finalité éthique et sociale, et étaient gérés par des syndicats ou les citoyens, leur politique ne serait pas cynique et destructrice d’emplois et d’activités.
Ethique
Sur son blog Quitterie Delmas, parle d’éthique à exiger dans les entreprises. Je lui ai d’ailleurs demandé de détailler sa vision de l’éthique. Quel dommage d’ailleurs qu’elle précise qu’il faille commencer par “les organismes financés par des fonds publics” : Cela implique aussi toutes les entreprises qui touchent un seul euro de financement public. Elle exprime une idée forte: “Travailler plus pour gagner plus ? Non, notre société doit vivre mieux.” Elle sera sans doute ravie d’apprendre que c’est la base du projet de la gauche, et un peu moins en apprenant que François Bayrou avait repris le concept du “travailler plus pour gagner plus” dans son projet présidentiel.
Et elle m’a répondu rapidement: L’éthique en entreprise est, pour moi, le renforcement des processus de démocratie interne à l’entreprise, le choix des fournisseurs (ex :
dans quelles conditions travaillent les salariés de votre fournisseur à l’autre bout du monde), le respect du client (SAV, tarifs, publicité, etc…), et bien sûr la prise en compte de l’impact environnemental. En fait c’est la responsabilité sociale des entreprises : RSE. L’économie sociale et solidaire est pour moi, le meilleur laboratoire que l’on trouve actuellement sur le marché. Nous aurons l’occasion d’y revenir très longuement cette année.
Comme je lui ai expliqué en réponse, c’est un sujet primordial par ce qu’il permet justement de contrôler de manière plus démocratique le fonctionnement des entreprises. C’est une des façons de réformer le système actuel en douceur et de le rendre plus démocratique. Pour l’instant seul 10% du PIB Français vient de ce secteur, nous devons tout faire pour qu’il soit plus important. Si le MoDEM va dans ce sens, on peut oublier ses erreurs de la campagne avec programme présidentiel trop libéral en économie.
On ne va pas être chien, il faut aussi citer ce que le tovarich CSP a écrit sur ce sujet des fat cats: Je suppose donc que si on est de gauche, on ne peut que “s’indigner” de pareil abîme dans les inégalités. Je suppose qu’on ne peut éprouver un sentiment de révolte légitime devant l’arrogance de ceux qu’il faut bel et bien appeler des inutiles malfaisants. Je suppose même qu’on peut vouloir en appeler aux gouvernements pour “réguler” ces “excès”, voire, si on est vraiment à gauche, vouloir que s’exerce un contrôle “citoyen” des bourses mondiales, et que s’instaure une taxation des transactions.
N’est ce pas là de l’éthique citoyenne via un contrôle démocratique? CSP devrait discuter avec Quitterie Delmas, ce n’est pas une DSKiste )
Leftists Fat Cats
Je tiens à préciser à mes lecteurs qu’il existe des fatcats de gauche, oui, mais bien sûr ils ne travaillent pas dans la finance. Ce sont des sympathiques gros-chats que j’ai rencontré pendant la campagne, et avec qui j’ai travaillé sur des vidéos d’une grande qualité avec scénario génial à chaque fois, avec l’aide d’un producteur de génie.
Ils ont réalisé un grand nombre des reportages de campagne de Ségolène Royal. Ils ont un site Web, où vous pourrez voir certaines de leur création. C’est bien léché, normal pour des chats: reportages, courts-métrages, e-CV. Ce sont des gens biens, si vous avez des projets vidéo allez les voir de ma part, vous ne serez pas déçus.
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Tiens, rien que pour le fun : le comic strip Fat Cats, qui met en scène des "fat cats" ressemblant à de vrais chats…
http://www.comics.com/comics/fatcats/index.html