Vive les SCOP , et pourquoi il faut SCOPISER l’économie (partiellement, le plus possible)

Qu-est ce qu’une SCOP ?

Lire Wikipedia.

Une société coopérative et participative (Scop ; jusqu’en 2010, société coopérative ouvrière de production) est, en droit français, une société commerciale, société anonyme ou société à responsabilité limitée. Soumise à l’impératif de rentabilité comme toute entreprise, elle bénéficie d’une gouvernance démocratique et d’une répartition des résultats favorisant la pérennité des emplois et du projet d’entreprise. Ses salariés-coopérateurs y sont en effet associés (ou « co-entrepreneurs ») majoritaires et détiennent au moins 51 % du capital et 65 % des droits de vote. Par ailleurs, quelle que soit la quantité du capital détenu, chaque coopérateur ne dispose que d’une seule voix lors de l’assemblée générale de l’entreprise.

Le statut des SCOP implique l’absence de plus-value sur les parts sociales de l’entreprise. Les excédents de gestion ( profits ) doivent être placés dans un fond de développement, la rémunération du capital des salariés-actionnaires sur un compte bloqué, des primes etc.. En effet la SCOP ne peut pas faire appel au capital extérieur. Cela interdit par exemple, l’appel aux capital-risque. Mais cela n’interdit pas l’apport d’aides extérieures tant qu’elles ne sont pas en capital : la coopération devient alors plus humaine.

Ce modèle collectif est donc le lieu parfait pour développer un projet d’entreprise où l’esprit créatif n’est pas bloqué ou bridé par des impératifs de rentabilité immédiate venant très souvent de personnes n’ayant aucune compétence dans le métier de base de l’entreprise. La gestion de l’entreprise passe par un CA élu par les salariés, lesquels se réunissent en assemblée générale pour le bilan annuel où ils peuvent sanctionner le CA.

Les SCOP participent à ce qu’on appelle l’économie solidaire, où la quête du profit immédiat n’est pas la règle et où le capital humain prend le dessus sur le capital financier. Elles ne sont pas différentes des autres entreprises en terme de production ou de métiers. Ce ne sont pas des sovkhozes gérés par la CGT, mais de vrais entreprises.

Un rappel: en 2007 Ségolène Royal s’était engagée à respecter le Manifeste de l’économie solidaire. C’est hélas passé inaperçu pendant la campagne de l’époque, alors que cela montre qu’on peut modifier le système et rendre le capital Humain plus important. En 2012, Hollande à expliqué qu’il fallait soutenir le secteur de l’économie sociale et solidaire. On se souviendra du capitalisme coopératif de Montebourg.
Le texte du manifeste de 2007 est disponible au format PDF .

Sa conclusion mériterait quelques amendements : Elle se limite trop aux emplois de proximités, et donne donc une image moins techno et moderne qu’elle devrait donner. Voilà ce que ces gens là écrivaient en 2007:

L’économie solidaire de proximité a l’ambition, non pas bien sûr de remplacer l’économie de marché, mais de s’attaquer aux problèmes des plus démunis et aux besoins individuels et collectifs délaissés par le marché et l’État. A travers cette solidarité active, nous voulons manifester notre résistance à la fatalité, et notre confiance dans le progrès social et la démocratie. Cette ambition vaut aussi pour l’Europe et pour le monde. L’Europe ne peut se construire sur les seules forces du marché. Elle aspire à plus de solidarité, avec des résultats jusqu’ici contrastés et fragiles. L’équilibre économique mondial est menacé s’il ne prend pas la voie de relations équitables et s’il ne se résout pas à ménager et à partager les ressources.

En effet, les SCOP peuvent être sur des segments de marché avec des entreprises de type capitalistiques.

Le MEDEF fait tout ce qu’il peut pour leur tordre le cou, voyant dans les avantages de leur statut une entrave à la concurrence. On doit plutôt y voir un combat idéologique : Les libéraux voient d’un mauvais oeil ce statut qui date de 1947 et qui est le prolongement de nombreuses structures collectives ayant existé dans notre histoire et qui pour leurs yeux ressemble à une forme de communisme.

Certains salariés reprennent des entreprises en difficultés, les transforment en SCOP et les font vivre. Cela doit déranger le MEDEF qui pense représenter toutes les entreprises… Bien sûr, dans ce genre d’entreprise le rapport syndicats-employeurs est tout autre et l’idéologie de certains syndicats peut les ralentir :

Le secrétaire cégétiste à l’économie sociale, Gérard Quenel, reconnaît une frilosité de sa confédération pour les Scop à certaines époques : « Ce désintérêt est lié aux débats dans le mouvement ouvrier sur le rôle de l’Etat, incarné par la différence de conception entre de deux penseurs: Proudhon et Marx, entre un socialisme autogestionnaire ou un socialisme étatique. » Aujourd’hui, il tente de remettre la coopération au goût du jour sans pour autant renier le combat pour la maîtrise publique des grands besoins de la population.

D’un point de vue politique et corpus idéologique de la Gauche, il est important d’agir dans ce domaine pour en favoriser l’expansion, en facilitant par exemple le passage d’un statut au statut de SCOP et en soutenant activement ce secteur. Cette entorse au principe inique de la concurrence libre et non faussée se justifie par une chose bien plus importante : le bien public, l’intérêt général.

En guise de conclusion, une citation d’un prix Nobel d’économie, Joseph E.Stiglitz, ”Quand le capitalisme perd la tête”. Il fut accessoirement conseiller de Bill Clinton. C’est surtout un “libéral” au sens américain du terme, et il dérange les libéraux au sens français. Cela se comprend :

En Suède, les épiceries collectives sont tout aussi efficientes que leurs homologues à but lucratif. Dans le monde entier, les coopératives agricoles ont joué, et jouent toujours, un rôle important pour procurer du crédit que pour commercialiser les produits. Aux États-Unis, pays capitaliste s’il en est, la commercialisation des raisins secs, des amandes et des airelles est dominée par des coopératives. Souvent, les coopératives naissent d’un échec du marché:
il était inexistant, ou dominé par des firmes âpres au gain qui, disposant d’un pouvoir de monopole, exploitaient les agriculteurs.
La dichotomie marché/Etat est une simplification abusive. Il faut aller au delà des marchés. On a besoin d’actions collectives(…) Les partisans de la libre entreprise ont surestimé le rôle des marchés, mais aussi sous-estimé les potentialités des formes non étatiques d’activité coopérative et pas seulement le besoin d’Etat.

A suivre, tant les echecs des marchés sont présent. Bien sûr, je n’ai pas écrit que je voulais scopiser toute l’économie. Il faudra aussi s’interroger sur l’echec des banques mutuelles devenues capitalistiques et aussi pourries que les autres. Mais là ce sont des problèmes humains, donc une absence de regulation forte… dans certains domaines.

 

 


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