La semaine dernière je m’étais un peu moqué de l’empressement d’Arnaud Montebourg à envoyer des PDF pour expliquer qu’il travaillait. Depuis, j’ai pu constater qu’il avait vraiment l’air de travailler. Et aussi de vouloir s’expliquer sur son travail. Il a ainsi publié une lettre d’un socialiste qui espère, en libre consultation sur Mediapart. Et chose rare pour un politique, a même répondu à certains commentaires ! Oui, répondu à des commentaires.

Le pauvre a en effet été rapidement submergé de commentaires ( 224 actuellement) . Il faut dire que le PS mérite ça et que le personnage Montebourg peut entrainer des commentaires. Ses louvoiements et renoncements sur le non cumul des mandats lui collent à la peau.

Et c’est alors qu’il s’est mis dans la tête de répondre à certaines commentaires. Il faut saluer son courage, ils sont rares les z’hommes politiques (et femmes) qui répondent aux commentaires, et donc laissent des traces écrites d’une dialogue moins coincé et plus éloigné des formats mainstream.

Parmi celles-ci, j’en ai sélectionne une, par ce qu’elle est lourde de sens:

Pour faire vite: la social-démocratie s’est noyée, pour ne pas dire compromise, dans la mondialisation financière. Mais cela tient à plusieurs facteurs: le basculement du rapport de force entre capital et travail, amplifié par la disparition de l’URSS; la possibilité pour le patronat de sortir du compromis keynesien; le triomphe de la concurrence comme principe central de l’organisation des sociétés… C’est donc à une réinterprétation de ces mutations touchant au lien social, au travail, à la nature même de l’individu qu’il faut que le socialisme s’attelle. Ce n’est pas qu’un travail de spécialistes ou d’intellectuels. C’est le défi lancé à la gauche européenne qui dans un état calamiteux; mais elle possède des ressources militantes et collectives qui devraient être mobilisées en ce sens.

Vous avez bien lu, il parle de compromission dans la mondialisation financière. La compromission implique une notion d’implication (sic) dans la mondialisation donc de participation et de complicité. Ce n’est pas de la passivité ou de la lâcheté que Montebourg dénonce, mais quelque chose de bien plus grave.

Mais de quelles compromissions parle-t-il ? On aimerait bien qu’il en fasse la liste et que le PS en discute, par exemple dans des débats.  Moi je propose une liste non exhaustive:

  • Libéralisation du crédit, avec confusion des métiers de banque spéculatives et banque de dépôts: déréglementation et libéralisation financière
  • Création du MATIF et autres saloperies.
  • Adoption de traités prenant comme base la concurrence libre et non faussée. Même si celle-ci est du domaine du fantasme libéral, elle reste un argument vicieux.
  • Refus de négocier un traité social au niveau européen.
  • Politique de l’emploi basée sur des exonérations de cotisations sans contre parties fortes (loi Aubry II)
  • Politique fiscale contaminée par la théorie du ruissellement avec baisse du taux nominal de l’impôt sur le revenu. Les plus riches ont payés moins d’impôt.
  • Création des stocks-options à la Française sont les effets sont désormais clairement visibles.
  • Privatisations d’entreprises publiques au nom de l’ouverture à la concurrence, alors qu’aucun texte ne l’imposait.

Pour les noms des coupables, coupables par ce qu’on parle de complicité, c’est simple: Jospin, Fabius, DSK sont encore parmi nous.

Et il me semble évident que si le PS veut retrouver le succès, qu’il devra avant toute chose, faire l’analyse de ces compromissions, en déterminer les méchanismes pour mieux lutter contre celles-ci. Et envisager des retours sur certaines décisions.