Décidément, ces interview de Politique nous apprennent des tas de trucs, Je vous ai expliqué la semaine dernière que Jean-Luc Melenchon nous avait raconté comment certains attendaient un soulèvement populaire en mai 1981. Cette fois-ci c’est Jean Pierre Chevenement, voici un premier billet sur un aveu. Et de taille s’il vous plait. Bien sûr, ça ne sera pas repris par la presse et peut-être un jour dans un livre d’histoire en une ligne.

L’acte unique un des textes majeurs de l’union européenne, il date de 1986 et voici ce qu’en dit le site de propagande Toute l’Europe :

L’Acte unique européen a pour objectif de mener à terme la réalisation du marché intérieur, “espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée” (article 7 a), avant la fin de l’année 1992.       

Pour atteindre cet objectif déjà fixé par le traité de Rome en 1957, le Conseil des ministres de l’Union européenne décide désormais à la majorité qualifiée dans les domaines stratégiques pour l’achèvement du marché intérieur : tarif douanier extérieur ; libre prestation de services ; libre circulation des capitaux ; transports maritimes et aériens ; harmonisation des législations.

La citation résume le tout, et vous êtes au courant des “réussites” dans tous ces domaines notement le “tarif douanier extérieur” . Toutes les directives de l’UE découlent depuis de ces principes, tout cela a été mis dans le fameux traité de Maastricht. C’est le début d’un vaste processus de libéralisation de toute l’économie européenne, avec comme concept le respect de la concurrence dans une économie de marché ouverte où la concurrence est libre. Et promesses d’espace social commun pour la suite.

Mais quel rapport avec Jean-Pierre Chevenement ? Questionné sur la construction européenne voici ce qu’il nous a expliqué:

Alors il y a plusieurs choses dans ce qu’on appelle la construction européenne. Il y a d’abord en 1987 l’Acte Unique qui est un acte de dérèglementation généralisé. Et moi-même je ne m’en apercevrais qu’en 1988-89 au gouvernement quand je verrais les lois qu’on prend en fonction des directives de Bruxelles. Par exemple la libération des mouvements de capitaux non seulement à l’intérieur de l’Europe mais également à l’égard des pays tiers c’est-à-dire soit dite en passant les paradis fiscaux, tout cela se fait sans aucune contrepartie fiscale en matière d’harmonisation fiscale. Je peux dire avoir été le seul à protester au conseil des ministres, ça devait se passer en 89, contre cette mesure. On m’a dit « mais c’est l’acte unique » mais personne ne s’en était rendu compte, on ne nous à pas du tout expliqué ça. Et l’acte unique je vous le rappelle a été voté par consensus entre le PS et le RPR en 1987. Donc il y eu cela, il y a eu le principe de la concurrence régit par Commission Européenne qui s’est appliqué à tout c’est-à-dire non seulement aux fusions d’entreprise mais également aux services publics. On a libéralisé l’énergie, la poste, les transports ferroviaires au nom de ce principe. Ensuite il y eu en 1992 l’idée de faire un pas supplémentaire vers l’union monétaire et vers l’union politique, c’est Maastricht, pour répondre à l’unification allemande. C’était à mon avis une réponse inapproprié parce qu’on prétendait, on pensait entourer l’Allemagne de bandelettes, en fait on se ligotait soi-même et on eu un Mark bis à la place d’une monnaie européenne commune, on a eu un Mark bis dépendant d’une Banque centrale européenne indépendante, elle ne reçoit aucune directive d’aucune instance politique, n’ayant qu’un objectif la lutte contre l’inflation et complètement sourde à toute exhortation visant à ce qu’il puisse y avoir une politique de change, enfin bref la cata. Moi j’ai lu le Traité de Maastricht, je pensais m’abstenir je dois dire, mais après l’avoir lu j’ai décidé de voter contre, c’est là que je me suis dissocié du parti socialiste puisque le parti socialiste me refusait un temps de parole à l’Assemblée Nationale, je devais faire des amendements ou intervenir dans le cours du débat pour pouvoir m’exprimer.

C’est dense non ? J’ai souligné les deux passages intéressants à mon sens. Ils montrent que certains responsables politiques ont signé des trucs sans les lire ou se les faire expliquer. C’est terrible. On imagine les technocrates leur expliquant que tout se passerait bien.

Dramatique non ?

Voici le son, la suite de l’entretien est cependant là pour apporter un piste d’évolution.

Enjoy!


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