C’est la question qui s’est posée entre nous quand nous avons découvert le pedigree de Slate. L’expression coup de pelle a fleuri dans les mails, sur Irc et sur Twitter. Forcément avec Colombin et ELB à la manœuvre, ça ne peut qu’exciter nos neurones à nous gauchisses mangeurs d’enfants et pourfendeur du libéralisme en slip tâché. Alors Slate or Slut[1] ?

Je sais que de vils “vrais” gauchistes, qui nous dépeignent en adeptes d’une putain sociale-démocrate doivent couiner à la fois sur nous et sur slut slate.fr. On s’occupera de ce cas un jour prochain, pour l’instant c’est Slate.fr qui m’occupe. Des experts es-médias ont déjà donné leur avis, pour André Gunthert c’est Décalé, marrant, léger. Marie-Claire en mieux, avec une tendance à ne pas se prendre au sérieux, un goût pour le second degré très web 2.0. Divertissant. Sympa.

Et il n’a pas tord, rendez vous compte, j’ai pu lire un étron d’ELB où celui-ci se pose des questions sans y répondre!  Prenez votre souffle, relire ma phrase : ELB se pose des questions sans y répondre. Il se demande si Obama n’a pas échoué avant de commencer. Titre facile qui va exciter les neurones des milliers centaines de lecteurs de son colombin (NDLA: jeu de mot inside), ça doit lui rappeler le Monde où le titre pouvait contredire l’article. Et sur lemonde.fr on se souviendra des commentaires -forcément avisés- des abonnés qui corrigeaient sans retenue le donneur de leçons.

Et comme le disait en commentaire chez lui, Eric de Crise dans les médias, Ça dépend! La confrontation peut être fructueuse…

On peut donc lire sur slut , des choses comme celles-ci de la part d’ELB : Est-ce que ce ça peut marcher?  ou encore cette interrogation puissante qui a du demander un effort de contrition intense à ELB : Ne faudrait-il pas directement nationaliser les banques à 100% d’un coup  comme le demande notre très alarmiste confrère Martin Wolf du Financial Times ?

Et dans un moment inouï, le voilà qui se pose la question suivante: Comment se faire une idée?  Oui, ELB el magnifico se pose des questions ! On est tout d’abord surpris, on s’interroge. Est ce là ELB, celui qui gambadait joyeusement dans les tribunes du Monde, en meuglant “Yippiiiii la mondialisation c’est génial” ? C’est bien lui. Soyons rassurés, il s’est remis de son départ négocié du Monde.

On aurait pu encore en douter quand parlant du plan de relance US, il ose écrire ça: Plus utiles seront en revanche  les aides versées aux Etats qui doivent équilibrer leurs budgets selon la loi américaine et qui, du coup, licencient pompiers, flics et profs. Les 54 milliards de dollars qu’ils vont recevoir vont freiner ces stupides suppressions de postes.

Oui, vous avez bien lu: ELB écrit que des suppressions de postes de fonctionnaires ça peut être stupide. Le doute vous envahit, vous courrez dans votre salle de bain vous observer dans la glace: Pas de traces de coup sur la tête. Vous vous pincez, non vous n’êtes pas en train de rêver.

En fait, il faut attendre la fin du papier, donc le risque du doigt tâché (erk: j’ose, oui) pour trouver le fin du fin, c’est à dire la pensée réductrice d’ELB :

Certes, la banque poubelle est un vrai pari. Je persiste espérer que cela va marcher. Enfin, j’en fais, moi aussi, le pari. D’ailleurs on n’a pas le choix.

C’est bien là le drame, ELB défend de nouveau la socialisation des pertes. Qui va financer la banque poubelle: L’argent public, donc les citoyens. Cette bad bank défendue dans Slate, comme le moyen d’éviter le pire, par une journaliste financière:

L’heure n’est plus aux postures idéologiques ou manichéennes, pour savoir si c’est bien ou mal de remettre les banques mondiales sur les rails et si le contribuable doit porter encore plus de risques. Il faut un traitement de choc pour soigner une maladie grave avant qu’elle soit fatale. Cela ne doit pas empêcher les gouvernements et institutions internationales de tirer les leçons de la crise. Et de  faire obstacle à l’avenir aux dérives des acteurs de la sphère financière.

On notera évidement qu’on n’a pas le choix (ELB) et qu’il faut cesser l’idéologie. Ça doit vous rappeler Lagarde qui expliquait qu’on réfléchissait trop en France. This is TINA !  Et bien sûr on nous assène que le contribuable n’a pas le choix et doit “porter encore plus de risques“, tout ça après le hold-up capital/travail des 20 dernières années ? Ben voyons, on doit donc pardonner aux petites minorités qui se sont goinfrées de réels bonus en jouant avec des centaines, que dis-de des milliers de milliards de produits dérivés “pas réels“, mais financés par l’économie “réelle“? Tout ce petit monde là est pressé par le temps, par ce que si ça continue, l’idée de collectiviser les banques et le crédit va devenir majoritaire dans les pays occidentaux et c’est la plus grosse frayeur des capitalistes.

Finalement ELB et consorts n’ont pas évolué, la crise les a secoué, ils se posent des questions mais restent dans le moule TINA. Ce sont des dinosaures de la pensée unique, seul un gros choc peut provoquer une évolution qui leur sera de toute façon fatale. On les voit ici se livrer à un chantage odieux, et sans doute espérer une correction a minima éthique du système et rien d’autre. Tout ça bien sûr dans un processus endémique, loin des citoyens devenus actionnaires sans droit de penser. Alors que la solution est simple, il faut trouver les moyens de tuer le marché financier source de tout ces soucis.

En conclusion, j’espère que slate.fr ne fera pas ce genre de truc très Marie-claire. Et je peux le dire, je lirai avec plus d’intérêts les articles de Narvic sur slate.fr que les etrons d’ELB et consorts.

[1] Slut signifie “souillon” en anglais d’après le très poli dictionnaire d’Apple. Mais un expert m’a expliqué que c’était plutot trâinée, garce ou pute….