Vous avez du constater comme moi que Jean-Marie Messier est apparu dans les médias à l’occasion de la sortie de son ouvrage. Je ne compte pas les passages médias, mais on n’en est surement à 4 ou 5. Il a changé de look, avec sa bouille et sa voix si particulière, pour peu il nous ferait pitié. Il ne manque que les chaussettes trouées et voilà les larmes dans les chaumières. On est donc prié d’oublier qu’il fut débarqué de son poste chez Vivendi Universal et qu’ensuite comme un acharné il a cherché à récupérer son bonus de quelques millions d’Euros… qu’il n’a jamais obtenu.  Il lui est donc facile de couiner contre les bonus et la financiarisation de l’économie.. et de se présenter comme un preux chevalier, revenu du coté obscur.

Ça a commencé au matin sur France Inter. Messier a bien sûr répondu aux auditeurs… sans répondre sur le fond. Sur de lui. Il a certes proposé de tordre le coup à la spéculation en interdisant la vente et l’achat d’actions à découvert. Pratique qui permet, excusez du peu, de gagner du fric en ne déboursant pas un seul centime. C’est ça qui permet aux fonds spéculatifs d’exister, et c’est ça qui permet aux amis de J6M de se faire du fric.

Tout ça lui sert de cache-sexe pour faire oublier son CV. N’était-il pas dans la fine équipe de Balladur ? Celle qui privatisa avec le concept de noyaux durs.. dont le père est justement J6M. Ceux-ci étaient censé protéger les fleurons (sic) de l’économie française des OPA étrangères. On trouve encore des traces dans les archives du Sénat, de question de parlementaires de droite horrifiés par cette idée. C’était en 1988, on pourrait demander à ces zozos et à J6M ce qu’ils pensent de la situation actuelle. Comme l’a remarqué mon collègue blogueur la pire-racaille, les principaux groupes français du CAC40 sont déjà en grande partie la propriété d’investisseurs “étrangers“.

Lagadère est ainsi la propriété à 54% d’investisseurs institutionnels étrangers. Comme le dit notre racaille,  au moins c’est franc. Pas besoin de se demander si ce sont des camarguais.  On pourrait en faire la liste, mais soyez en sûr, voilà donc une réussite de Messier et accessoirement de l’UMP qui veut désormais les protéger… Comedia del arte non ? Surtout que Lagardère est un ami de J6M.

Ce même Messier, qui n’a pas peur d’être obscène dénonce sans retenue le mythe de 15% de rentabilité: Cette chimère voulait qu’un bon patron était celui qui faisait augmenter ses profits de 15 % par an. Pour monter de 15 % par an pendant un siècle, il faut multiplier les résultats par plus de un million. Ça ne colle pas.

Ben oui ça ne colle pas, surtout quand on sait que Messier est un des promoteurs de cette idée loufoque. Le même Messier était content de vanter son taux de croissance de 15% en 2001 tout en réclamant une remise d’un milliards d’euros sur la licence 3G. En gros, de demander à la puissance publique une remise sur les investissement immédiats au profit des bénéfices futurs et de la rente des actionnaires. On est prié aussi d’oublier que ce petit monde des opérateurs téléphonique a été puni pour entrave à la concurrence ayant soutiré quelques centaines de millions d’euros aux consommateurs…en les arnaquant.

Ce qu’il oublie aussi de préciser, c’est qu’il a renoncé à ses 25 millions de dollars de parachute doré sous la pression de la SEC et donc dans le cadre d’une transaction avec la justice amércaine. Il lui est alors facile de jouer à l’innocent. Et si notre J6M prend -pour la forme- la défense des salariés victimes de cette outrance financière. Il reste libéral, ne l’oublions pas. En fouillant un peu on découvre que Messier est un des conseils de la Caisse d’Epargne. Son dur retour aux affaires nous est relaté par l’Express

En 2002, il a créé sa propre « boutique », Messier Partners, et renoué avec ses premières amours : le conseil aux entreprises. Il a déjà ainsi ficelé plusieurs deals pour le compte de Publicis, des Caisses d’épargne, d’Eurazeo, de PPR… Certains, comme la cession d’Unilog, ont frôlé le milliard d’euros.Pour se remettre en selle, Messier a trouvé le soutien d’une poignée d’amis – Arnaud Lagardère et Maurice Lévy en tête. En homme de réseau averti, il a su regagner la confiance de plusieurs figures de l’establishment et, d’abord, de ses détracteurs – l’assureur Claude Bébéar et l’ex-patron de Schneider Electric Henri Lachmann. L’ancien haut fonctionnaire se flatte encore de la fidélité de Nicolas Sarkozy. Il ne fait pas partie, pour autant, des visiteurs réguliers du président.

Le pauvre Homme serait donc tombé bien bas. Et comme il ne semble pas faire partie des visiteurs réguliers du président, c’est sans doute pour ça qu’il en fait la promotion de manière honteuse. Tellement honteux qu’il ne répond pas à la remarque du journaliste du Parisien :

Vous faites un portrait extrêmement flatteur de Nicolas Sarkozy et de sa gestion de la crise. S’il vous proposait une mission — voire un poste de ministre —, est-ce que vous accepteriez ?
Je suis merveilleusement heureux dans ce que je fais aujourd’hui, et j’ai acquis par rapport à toutes mes vies antérieures une qualité énorme pour moi : celle de l’indépendance, de la liberté.

On notera la réponse tout simple, moi Messier je suis indépendant et libre. Il ose tout, y compris le plus oscène, quoi de plus logique pour un investisseur qui a misé sur un truc rentable: les sites de cul payants, la pornographie sur Internet. Quelques blogs en ont parlé et on découvre que c’est avec Madelin que Messier s’est refait une santé financière dans ce domaine particulier. On découvre ainsi qu’il édite des choses très éthiques et morales, comme analeclate.compiporama.com, attache-moi.com ou madamesalope.com.

A défaut de bulles, ce sont d’autres choses qui sont éclatées… On voit bien que cet individu qui se fabrique une image de victime n’est qu’un acteur du système qu’il critique. Sa critique ne va pas au delà des dénonciations de façade. Il peut dénoncer les agences de notation, les délires mathématiques à l’œuvre chez les hedge funds et autres foldingues du marché. Il en a profité et va sans doute encore en profiter. Il n’explique pas comment lutter contre ces horreurs apparues lors des 20 perverses
. Il essaye aussi de nous faire pleurer, et parle alors de ses enfants à la radio. Un bel exemple de Storytelling. Et le pauvre homme a donné de sa personne, le jour précédent son passage matinal sur France Inter, il avait fait l’objet d’un reportage sur France2… et avait été l’invité de télé-matin de France 2 à 7H30. Voilà l’épuisante vie du capitaine d’industrie déchu: il est condamné a vivre comme la France qui se lève tôt… pour faire la promotion de ses idées.

C’est un imposteur, qui veut nous faire croire que le système peut continuer à fonctionner comme ça, avec très peu de changements et surtout avec beaucoup de paroles en l’air. Ca doit vous rappeller quelqu’un qui passe son temps en voeux en ce moment, l’überprezident.

Alors Messier n’est il pas en mission ? au moins pour lui même, si ce n’est pour son nouveau maître à penser…