Attention, vous risquez de vomir. Voilà des extraits du discours de Toulon de Sarkozy. Prévoir une bassine ou deux.

“Cette France qui travaille, quand elle n’est pas d’accord, elle ne descend pas dans la rue”

Oui forcément, celui qui manifeste est donc un faux-travailleur, il va donc falloir interdire les manifestations ? Par ce que la vraie-France du vrai travail ne manifeste pas ?

“La France qui travaille, elle regarde son patrimoine avec émotion, en se disant : voici ce que j’ai construit”

Ah oui, regardez cette répartition du patrimoine net des ménages français par type d’emploi ou d’inactivité.

La France qui travaille constate alors des inégalités de patrimoine et constate avec horreur que ces sont ceux qui ont le plus de patrimoine qui votent pour le candidat de la France du vrai travail : les retraités (45% au premier tour)  et les nantis. Et attention il s’agit de moyenne de patrimoine, ce qui veut dire que les valeur extrêmes peuvent être bien plus importantes.

Notre brave citoyen n’est pas dans ces hautes valeurs de patrimoine. Il est dans la mouise.

Et là ce brave citoyen entend ça :

“Que reste-t-il de la liberté si l’on n’a pas le droit de jouir des fruits de son travail ?”

Tiens donc, des hordes de tribus islamo-bolcheviks l’empêcheraient donc d’aller retirer de l’argent pour aller faire ses courses au Lidl du coin ? Et bien si ce n’est eux, alors la solution est toute trouvée : le fraudeur.

“Que reste-t-il de la fraternité quand la fraude sociale mine la solidarité ?”

Si le citoyen se dit que la fraude fiscale et des entreprises est entre 10 et 80 fois plus importante, alors notre super-candidat a une solution à lui proposer: les hordes d’étrangers qui vont lui piquer son travail, violer les frontières et la voisine en levrette :

“Quand on ne protège pas le travail et qu’on ne contrôle plus les flux migratoires, ce n’est pas la République.”

Forcement là le citoyen en discute avec son voisin Malien qui se lève à 4H30 pour aller faire les ménages à l’autre bout de la région. Un doute l’envahit: Ce voisin là, serait-ce a lui tout seul une horde, une tribu ?  Il discute aussi avec d’autres et ça se passe bien. Notre citoyen n’est pas seul : C’est ce que super candidat cinglé lui annonce :

“L’immense vague va submerger tous ceux qui ne connaissent rien au Peuple de France”

Cette fois-ci il se souvient que la dernière vague bleue qu’il a vu c’est dans ses toilettes, et là le doute l’envahit, surtout quand il entend ça:

“La France qui travaille, quand elle n’est pas d’accord, elle ne saccage pas les abribus”

Là il réfléchit si des cons saccagent un abribus, doit-on jeter le discrédit sur tout ce qui se plaint, et qui n’est pas là a soutenir les cons en questions. Il se souvient que c’est une pratique classique depuis au moins les années 30 : l’amalgame.

Et là notre pauvre citoyen déjà un peu secoué entend encore des choses qui marquent les esprits.

“La gauche a abîmé la République en faisant entrer tout le monde au collège”.

Mais alors il faut séparer les enfants avant le collège ? que faire des enfants de 10 ans ? on va les sélectionner, et sur quelle critères  ? les envoyer où ? qu’en faire ?  Là notre citoyen a un doute, il se souvient de ses amis de l’école : agités à 8 ans, qui sont devenus plus tard ingénieur. Peux-on les juger par avance ? Le doute l’envahit.

Et il entend encore d’autre chose :

“La Gauche a abîmé la République, par sa démagogie, son laxisme, son clientélisme, sa lâcheté” (…) ”La gauche, au fond, n’aime plus la République” (…)
“cette gauche qui trahit l’idéal républicain”

Mais donc, dans quel pays vit-il ? le même que celui de ce candidat qui été président pendant 5 ans et qui explique que rien n’est de sa faute. C’est le président de tous les Français, du moins sur le papier. Papier de la constitution, qu’il méprise, et ce sans risques. N’a t’on pas vu des membres du Conseil Constitutionnel faire sa promotion ou celle d’un autre ?

Et ce candidat accuse la gauche de saboter la République. Mais pourtant elle se présente aux élections, et il ne comprend pas du tout : le Président ne peut il pas via cette constitution invoquer  l’article 16 de la constitution qui prévoit que :

Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacées d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du premier ministre, des présidents des assemblées ainsi que du Conseil constitutionnel.

Mais là un doute l’envahit: Et si ce candidat ne faisait usage de peurs que pour provoquer un sursaut dans son électorat. Mais quel électorat ? Un qui est d’accord avec ces messages loufoques et dangereux.

Il se souvient de la une du Figaro sur le bureau du DRH de son entreprise à coté du “Valeurs Actuelles” : Quelle drôle de monde que voilà: des peurs, de l’argent, des complots (JFK)  et des troubles mentaux.

Et là tout s’éclaire.

Cette république menacée , cette Nation menacée , oui la Nation.  C’est celle dans la quelle nous vivons. Mais aussi, c’est cette République qui s’est transformée en république bananière, qui présente les Roms comme un danger, les syndicalistes comme des ennemis, les chômeurs comme des voleurs, les “assistés” comme des mafieux, la rente comme la norme,  les pauvres comme des gens sales, les professeurs comme des fainéants, les fonctionnaires comme des nuisibles, les patrons nuls comme des références etc…

Et là notre citoyen, se dit qu’il a mal à sa Nation, qu’il est laissé embarqué dans des saloperies et des errements. Que non ce n’est pas possible: Nous ne sommes pas entourés d’ennemis. Et se dit que Mickael Vendaeta la pute de NRJ12 n’est pas un modèle de travailleur, que Christian Clavier n’est pas un intellectuel, que non le curé n’est pas supérieur à l’instituteur.

Notre brave citoyen apprend aussi que des militants nervis du candidat en question ont agressé des journalistes à Paris, et à Toulon une équipe de BFM-TV.

Et la tout s’éclaire : Oui, c’est Nicolas Sarkozy qui trahit l’idéal républicain et qui n’aime plus la République. Oui, ce Sarkozy qui a fissuré la Nation, voulu changer le vivre ensemble, le contrat social. Quelque chose de précieux est touché, ça sera long à reconstruire: On parle là de la cohésion nationale, du vivre ensemble sans se regarder avec de la haine.

Il découvre alors que François Bayrou le centriste autrefois allié de la droite va voter Hollande, ce type supposé mettre en péril la démocratie. Et comme c’est étrange, d’autres aussi comme Poutou du NPA, Melenchon supposé bolchevik dangereux ou les ecologistes.  Et que ce Sarkozy là, il est bien tout seul: aucun candidat dans son camp naturel ne le soutient. Son rassemblement se résume à sa seule personne (et c’est déjà beaucoup). Il divise la Nation et joue sur les peurs.

Contre ce risque de division de la nation, de fissure de la République, l’appel de Bayrou lui semble sincère, même s’il veut profiter de la recomposition à venir de la droite molle et du centre c’est personnellement risqué.

Notre citoyen mettra donc un bulletin François Hollande dans l’urne, par ce que non: la République est une chose trop sérieuse pour la laisser à ce type qui a du mal avec les autres.

Et comme le fait remarquer Antoine en commentaire,  Sarkozy a déclaré que le FN était compatible avec la République, il a donc choisi son camp.

Fin de règne et Les rats quittent le navire / L’UMP touche à sa fin dans Rva (dagrouik)


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