TINA, c’est “There is no alternative“, ce mot d’ordre de Thatcher est repris par nos gouvernements UMP de manière identique: les réformes doivent être faites, tout le monde les a fait, on ne peut plus reculer. Et ces réformes structurelles ont une source: la banque Mondiale et l’OCDE assistée du FMI. Tout ça sous la coupe du consensus de Washington.

Nous avons donc trouvé un document PDF qui date de 1996, un vrai manuel pour TINA publié par l’OCDE

Dans le manuel de Tina, on trouve des choses très intéressantes, le tout est stupéfiant. Ce rapport explique en 1996 comment appliquer les réformes ici “politiques d’ajustements” à des pays en voie de développement.  Certains passages s’appliquent spécifiquement à eux, comme par exemple les passages sur la fin des droits de douane et de monopoles sur certains produits.

Malheureusement, il semble que ces conseils vieux de 12 ans, concernent aussi les pays développés, et que l’UMP les applique comme programme. Jugez en par ces extraits.

Tina: pas de pitié, tous les coups sont permis contre l’opposition qu’on accuse forcément d’etre responsable, ils n”ont pas fait les réformes. Cela peut être clamé par des zozos qui participaient à un gouvernement RPR devenu depuis UMP et qui avaient par exemple explosé les compteurs de dettes.

Ainsi, pour tout gouvernement, l’ajustement n’est pas seulement (comme pour une organisation internationale) une opération économique et financière délicate sur le plan technique, c’est aussi un combat politique à livrer en position de faiblesse, où tous les coups sont permis (l’opposition peut critiquer avec acharnement les mesures dont elle est en réalité la responsable par la politique laxiste qu’elle a menée auparavant), parce que le premier objectif pour certains partis politiques n’est pas le rétablissement de l’économie, mais la conquête du pouvoir, au moment même où celui-ci est fragilisé.

Les vilains syndicats rebaptisés corporatismes: On doit les affaiblir par ce que ce sont des obstacles à TINA.

L’autre obstacle tient au corporatisme. Plus il existe des groupes d’intérêt puissants et bien organisés, plus la marge de manœuvre du gouvernement est réduite. Celui-ci sera incapable d’appliquer des mesures indispensables, même s’il dispose d’une majorité parlementaire dans un régime démocratique et veut ajuster avant la crise financière. L’histoire récente de pays développés comme la France et l’Italie montre d’ailleurs que les PED n’ont pas le monopole des corporatismes. Ce problème se pose surtout dans les entreprises parapubliques, auxquelles, souvent, le gouvernement veut supprimer les subventions afin de réduire le déficit budgétaire. Cette coupure entraîne inévitablement des baisses de salaire et parfois des licenciements. Si ces entreprises appartiennent à des secteurs clés (énergie, transports ou mines, lorsque les exportations minières sont la première source de devises) et si les salariés de ces entreprises sont bien organisés, ils peuvent s’opposer efficacement à la décision du gouvernement. Ce qui importe en l’occurrence n’est pas le nombre, puisque des groupes même minoritaires au sein de l’entreprise peuvent arrêter complètement son activité dès lors qu’ils contrôlent des secteurs stratégiques. Ainsi, toute politique qui affaiblirait ces corporatismes serait souhaitable : d’un point de vue économique, cela éliminerait des entraves à la croissance et, politiquement, le gouvernement gagnerait une liberté d’action qui peut lui être précieuse en période d’ajustement. On objectera que cette politique soulèvera des résistances, mais il vaut mieux que le gouvernement livre ce combat dans une conjoncture économique satisfaisante, qu’en cas de crise, lorsqu’il est affaibli. Cette politique peut prendre diverses formes : garantie d’un service minimum, formation d’un personnel qualifié complémentaire, privatisation ou division en plusieurs entreprises concurrentes, lorsque cela est possible.

Ca vous rappelle des choses? le service minimum pour qu’une grève ça ne se voit plus.

D’actualité , l’école et l’université. Ca se passe de commentaires, tellement le coté odieux et cynique de l’extrait suffit à comprendre que l’objectif de ces cons est la réduction de la qualité de l’enseignement financé par l’argent public. Donc l’enseignement public.

Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très importante des investissements publics ou une diminution des dépenses de fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population.

Les élections, qu’on doit regrouper pour mieux réformer… Ca ne vous semble pas être le cas chez nous, avec aussi des réformes pour “ajuster” le mode de scrutin. Et où en est-on pour la dose de proportionnelle promise par Sarkozy?

Des réformes, comme celles sur la longueur des mandats, le mode de soutien, le référendum ou le droit de grève, peuvent faciliter l’ajustement. La longueur des mandats est une variable importante, parce que l’ajustement est caractérisé par des effets négatifs à court terme et positifs à moyen ou long terme. Si les mandats du parlement ou de l’exécutif sont trop courts, l’application de programmes de stabilisation sera rendue très difficile, puisque l’échéance électorale arrivera avant l’heure des bénéfices de l’ajustement. Il importe donc que les mandats durent au moins cinq ans, étant entendu que le nouveau gouvernement utilise les premiers mois — la période où la résistance au statu quo est la plus faible — pour prendre les mesures impopulaires. De plus, il faut veiller au regroupement des élections, afin de ne pas transformer une série de scrutins en une suite de référendums sur l’ajustement.

Démocratie avancée : Zapper les partis politique le plus possible, pour n’en garder que 3 ou 4 et s’attaquer aux vilains juges qui pourraient bloquer des réformes. Conserver l’initiative du référendum au pouvoir, pour éviter que les vilains citoyens ne l’utilisent pour bloquer une réforme ( on a rajouté un délai d’un an chez nous: Où en est cette réforme?)

Pour qu’un gouvernement ait la marge de manœuvre nécessaire pour ajuster, il doit être soutenu par un ou deux grands partis majoritaires et non par une coalition de petits partis, ce qui conduit à préférer le scrutin uninominal au scrutin proportionnel pour l’élection du parlement (ou pour le moins à conseille
r une combinaison des deux modes de scrutin). D’autres moyens permettent de renforcer l’exécutif, comme la possibilité de pouvoirs spéciaux temporaires ou un  contrôle ex post par le pouvoir judiciaire, afin d’éviter que des juges puissent bloquer ex-ante l’application du programme. Le référendum peut être une arme efficace pour un gouvernement dès lors qu’il en a seul l’initiative. En effet, les groupes d’intérêt qui s’opposent à des mesures d’ajustement défendent souvent des intérêts particuliers et minoritaires sous le voile de l’intérêt général. Le recours au référendum pour faire approuver une mesure précise permet au gouvernement d’expliquer sa politique et de disloquer une coalition d’opposants.

Terrifiant non ?