On vous explique des tas de choses, sur la dette. Ca devient l’objet qui captive les médias, au point qu’on en entend parler même dans les bistros ! C’est dire. Voyons quelques rappels, dont une réussite en terme de dette d’un donneur de leçons dans le domaine…

La dette ce sont des emprunts, comme vous si vous achetez une voiture a crédit, vous êtes alors endettés et devez capital et intérêts au préteur. Une banque, privée. Idem pour les états. La France jusqu’en 1973 pouvait se financer par sa banque centrale: La Banque de France. Ella avait à sa tête un banquier d’affaire devenu président : Pompidou. Celui-ci décida, comme c’est étonnant, que désormais la France ne pourrait plus emprunter à sa banque centrale, mais sur les marchés financiers et donc les banques privées. La loi Pompidou-Giscard d’Estaing date de 1973, elle stipule que:

 « Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France »

Juste après la promulgation de cette loi, VGE lança un grand emprunt national (national étant un bien grand mot) , dont les intérêts coutèrent plus cher que le capital initial ! « L’emprunt Giscard 7%, 1973. Indexé à partir de 1978 sur le cours du lingot d’or. D’un montant de 6,5 milliards sur quinze ans, il a coûté à l’Etat, en 1988, 92 milliards (capital et intérêts), soit, en francs constants, plus de quatre fois et demie sa valeur d’origine »

C’est à partir de ce moment là que l’endettement de la France se mit à croitre, au bénéfice tout d’abord des investisseurs nationaux , papy & mamie qui achetèrent des bons du trésor.. Puis grosse finance et spéculateurs. Tout ça avait été conçu par VGE pour une raison simple :

une réforme moderne qui a transposé en France la pratique en vigueur dans tous les grands pays : il s’agissait à l’époque de constituer un véritable marché des titres à court, moyen et long terme, qu’il soit émis par une entité privée ou publique.

Ce qui est faux pour les Etat-Unis, et on voit donc le but : Commencer la financiarisation de l’économie au prétexte de lutter contre l’inflation. Alors que les taux d’intérêts verront un inflation privée chargée de profiter à des investisseurs. On voit là une leçon donnée par un cuistre dont l’emprunt portant le même nom avait été payé 4,5 fois sa valeur (taux normal de 7% + indexation sur l’or) . D’après vous qu’avons du nous faire pour remboursser l’emprunt Giscard ? par de nouveaux emprunts sur les marchés. Un effet revolving tout simplement. Tout ça se reproduit ainsi depuis cette date: Que les budgets soient en équilibre ou pas, les intérêts font que la dette enfle mécaniquement.

Regardez cette courbe, ce sont des vilains gauchistes qui l’ont fait… En fait non, des citoyens qui se posent des questions sur cette dette. Voici l’évolution de la dette depuis 1980.

On le voit avec un taux d’intérêt nul, la dette se serait réduite considérablement avec le temps. Et que savons nous désormais, la Banque Centrale Europénne prête aux banques à très faible taux : 1%, puis 1,5%. Ensuite ces banques privées vont prêter aux états à 3 ou 4% suivant les indications des “agences de notation” et vont donc empocher des intérêts et profits sur le dos des états qui doivent ensuite répondre aux diktats des banquiers. On a vu ainsi Tricher envoyer une lettre au gouvernement italien lui demandant de privatiser des services publics. Donc de réduire les ressources de l’état en lui supprimant les revenus de ces services:

Selon le Corriere, la BCE demande à l’Italie d’accélérer la libéralisation de son économie et la privatisation des sociétés municipales, qui en Italie gèrent souvent les transports publics, la collecte des déchets, la distribution d’électricité et de gaz, etc. Et pour la première fois, selon le Corriere, la BCE parle aussi de la nécessité de réformer le marché du travail italien, en entrant largement dans les détails: “Moins de rigidité sur les contrats à durée indéterminée, interventions sur l’emploi public, modification du modèle basé sur l’extrême flexibilité des jeunes et précaires et la totale protection des autres, contrats de travail stimulant la productivité”.

Voilà donc un non-élu qui dicte des choix à un gouvernement élu (fût-il corrompu, ça ne change rien) . Et bien sûr Sarkozy et Merkel ont demandé à l’Italie d’obéir. Ce n’est plus de la démocratie, ce sont les banquiers aux manettes, eux mêmes conseillés par des banques d’affaires qui profitent de la situation quand elle n’agissent pas pour créer des crises (Lehman Brothers avec Goldman & Sachs aux manettes)

Les traités européens interdisent à la banque centrale d’acheter de la dette. Ainsi, le Traité de Maastricht via son article 104, § 1, repris dans le TCE. J’ai voté non à ce truc en 2005: je ne voulais pas confier mon avenir à des banquiers et à des adeptes forcénés de la concurrence libre et non faussée…

 « interdit en effet à la BCE et aux banques centrales des Etats membres, ci après dénommées “banques centrales nationales”, d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des Etats membres ; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la BCE, ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. » 

 

Or, la BCE le fait pourtant ainsi que les banques centrales qui n’ont plus le droit de le faire selon les traités ou lois nationales, nous sommes donc dans un no man’s land complet. Et ça peu d’européïstes ne l’avouent.

Dans le même temps on assiste à des pitreries de la part de politiciens comme Borloo ou Villepin qui réclament  désormais une taxation des mouvements financiers, alors que lors du vote au Parlement Européen sur la taxe Tobin, leurs amis ont voté contre. Et pourquoi n’ont ils pas relancé cette initiative européenne depuis 2002 ? Evitant de soutenir les propositions de la gauche au Parlement Européen. Voilà le temps perdu, ils en sont responsables ni plus ni moins.

Et il faudra bien cesser de se faire financer par des banquiers privés, sinon la dette va mécaniquement atteindre des niveaux faramineux. Et les privatisations  ne pourront pas combler les trous, mais finiront par produire ce que veulent les libéraux et libertairiens: la fin de la chose publique, et donc une anarchie soft, un monde soumis aux lois des plus forts ( western) : la démoctature laissant sa place à une ploutocratie où des Proconsuls comme Trichet ou autre, dicteront ce qui doit être fait à une masse de citoyens soumis à contrôles, censures, publicités poussant à l’endettement et jetés les uns contres les autres via télévisions cyniques…

Il faudra donc changer le statut de la BCE et la placer sous contrôle des élus, lui permettre de prêter à faible taux aux Etats de l’UE. Et d’autres part revenir sur le holdup financier via un retour à des situations fiscales plus strictes.


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