Le pole écolo du PS me spamme avec des éoliennes partout
on m’a spame, c’est le pole écologique du PS qui rappelle qu’il a un plan pour remplacer le vilain nucléaire. Avec des éoliennes en nombre. Il a donc envoyé un mail a 9000 signataires de sa contribution lors du congrès de Reims. On passera le problème de spam pour s’attarder au contenu du mail.
Le mail assez long se termine par un paragraphe sur un plan éolien. Voici en italiques l’extrait.
Pensez donc que pour un coût d’investissement d’une centrale nucléaire de 4,5 Milliards d’euros (donc 5200 mégawatts de capacité de production, donc 865 euros le kW de capacité de production), on pourrait construire et installer une capacité de production d’électricité supérieure avec des éoliennes dispersées un peu partout et en off-shore. A un prix moins important au kW installé.. et tellement d’économies en tous domaines par la suite.
Quant au vent, s’il est vrai qu’il peut faire défaut par moment, il ne faut oublier que statistiquement, toutes les éoliennes n’en souffriraient pas en même temps. Il resterait toujours 75% du parc qui produirait. Sans oublier, par la diversification et l’éparpillement des réseaux, l’économie sur les lignes à hautes et moyennes tensions.
J’ai donc demandé des éléments : Combien ? Comment , ou ? Voici le peu que j’ai obtenu. Aucun élément complet ne m’a été adressé autre que ceux cités ici en particulier la demande de fourniture d’études sur les sujet: Zero réponse sur ce dernier point. Je vais donc poser des questions au risque de me faire traiter de con sur twitter. Mais j’emmerde les cons que ce soit clair.
Première réponse: le nombre d’éoliennes .
Le nombre varie selon la taille des engins, de 50 kw de puissance, à 5 MW. Riens qu’en 5 Mw, il en faudrait à peu près 17 000 pour remplacer en totalité toutes les centrales thermiques et celles nucléaires. Ce qui n’est absolument pas démesuré. Nous avons la place pour cela en multiples sites.
Donc on me parle de 17 000 éoliennes en 5mw C’est à dire le gros modèle, ça se trouve un peu partout. Ce qui donnera 85 000 MW, soit la consommation normale du pays. Attention “normale” . Rajoutons donc + 25% par ce qu’il parait que 75% sont toujours sous le vent, donc pour avoir le rendement optimal , on fait 17 000 * 1,25 , on arrondit à 22 000 éoliennes.
D’après les vendeurs d”éoliennes le rendement est optimal à une certaine vitesse, ils indiquent tous plus ou moins 5 m/s pour les trucs pour particuliers (que vous pouvez installer dans votre jardin). Est-ce que pour les grosses éoliennes c’est pareil ? Et c’est qu’on me dit dans mon mail:
C’est oublier le offshore, et que les éoliennes peuvent démarrer à un vent de 3,00 m/s.
Soit 10 km/h. C’est là que l’éolienne commencerait à donner les KW ou GW de puissance qui vont bien et au-delà c’est mieux, et on doit penser qu’il y a des limites. En dessous ça marche aussi ? ou pas ? ou moins ? Le rendement global du parc est donc calculé la dessus dans le scénario du pole écologiste du PS.
Vérifions tout ça.
Tout d’abord cherchons des données sur les éoliennes de 5 mw. En quelques clics google, voilà un constructeur allemand : repower.de
Element a connaitre : la répartition et force des vents en France. On google un peu et on trouve ça:
On constate qu’en gros la zone blanche n’est pas trop propice au rendement optimal. On doit exclure aussi des zones de montagne et les zones urbaines dans les zones rouge, jaune et bleue. Il ne reste en gros que 50% du territoire utilisable (et encore). Soit 50% des départements , si on considère qu’ils ont la même superficie. Et on retire 75,92,95,94 qui sont urbanisés à 99%. Il ne reste donc que 45 département. 22 000 / 45 ça fera 500 éoliennes par département en moyenne. Il est évident que les zones en rouge seront mieux loties .
Mais revenons à nos éoliennes de 5 MW, si je veux en acheter une , je clique et je trouve le PDF du fabricant qui me donne tout plein d’infos. Et que vois-je : le rendement énergétique en fonction du vent. C’est à dire les KW produit en fonction de la vitesse en m/s du vent.
Arghh malheur, ces gros trucs, lourds sont eux au rendement de 5 KW à 12 m/s soit un vent de 43 km/h. C’est autre chose que les petits vent de 3 m/s dont on me parlait par mail où l’engin ne produit presque rien. Et en plus entre 5 et 12 m/s son rendement varie dans un rapport de 1 a 10, ce qui doit poser un beau problème de gestion du flux d’energie à l’opérateur: on le verra plus loins.
Voilà donc une contradiction avec les éléments du mail reçu du responsable du pole écolo du PS. ET quand on regarde la carte des vents , on voit donc qu’il ne reste plus beaucoup d’endroits pour installer tout ça: il faut du fort vent pour que ça débite les 5 MW qui servent dans l’argument: 5 MW c’est le rendement qui fait que notre parc peut remplacer les centrales.
On retire donc de la carte la zone bleue, en plus du blanc sur ma carte des vents. Il ne reste plus grand chose.
Donc la zone d’installation va être très réduite, et nos 17 000 éoliennes risquent de se retrouver en off-shore ou dans 10 ou 20 départements seulement et dans des zones où il y a TOUJOURS du vent à 43 km/h pour que le compte soit bon. Et elle s’arrêtent quand le vent dépasse 30 m/s en mer(soit 108 km/h) ou 25 m/ sur terre (soit 90 km/h). Ca vous ne le saviez pas ? forcement comme c’est un truc mécanique, si ça tourne trop : chaleur, tensions sur les éléments, déformations et ensuite destruction d’éolienne ou alors incendie tout ça si les mécanismes d’arrêt d’urgence (trop de vent ) ne se sont pas déclenchés.
Autre argument : 75% toujours sous le vent. problème si ma zone d’installation se réduit , comment va évoluer ce taux de disponibilité du parc éolien ? C’est dommage pour mon spammeur, par ce que si ses estimations sont basées sur les chiffres qu’il me donne dans le mail, j’ai un gros doute.
Le record de consommation électrique est de 94 000 MW en décembre 2010 suite à vague de froid causée rappelons le par un changement étonnant dans la circulation nord atlantique. On nous explique d’autre part que le réchauffement climatique devrait provoquer des pics de chaleur (canicule) et aussi et c’est un paradoxe, des événements plus froids en hiver comme celui de l’hiver dernier. Tout ça c’est lié à des histoires de glace en moins à des endroits, de courants d’air qui changent et donc de risque d’événements brefs et froids plus fréquents en hiver.
Et il suffit alors de creuser un peu ou d’attendre qu’on vous donne l’information via twitter. Les générateur d’énergie ne fonctionnent pas tout le temps. Ils ont un facteur de charge. C’est à dire le pourcentage de temps où il fournit de l’énergie. Le reste du temps il est arrêté, il y a maintenance par exemple pour les centrales nucléaires ou thermiques, et pour les éoliennes c’est pareil et on rajoute le temps ou le vent n’est pas suffisant ou trop violent.
le réacteur nucléaire fournit du courant entre 75% et 80% du temps en moyenne. Pour l’éolienne qui n’est pas sous le vent tout le temps, c’est 20% soit 1/5e. Soit une contradiction avec les 75% cités par le pole écolo du PS. Ce qui veut dire que les 17 000 éoliennes de 5 MW de mon spam, il en faudra 5 fois plus pour fournir la puissance demandée. Soit 85 000 éoliennes. Nous voilà dans un autre ordre de grandeur. Tout ça a installer dans les zones les plus rentables en vent, donc les cotes ( ou off-shore donc dans la mer) et départements en rouge sur la carte.
élément de comparaison: 17% de l’électricité allemande est produite par l’éolien. Ce parc comporte 21500 éoliennes. une simple règle de 3, montre qu’il faudrait 126 000 éoliennes ( à puissance identique ) pour le total.
Le scénario du Pole Ecolo du PS est biaisé
80% du parc ne sera jamais sous le vent, vu que les éoliennes devront être concentrées sur des zones à fort vent. Donc sur quelques dizaines, 2 ou 300 km. En rouge sur la carte. Ces zones rouges ne sont pas en plus toujours sous le vent !
Donc on risque d’avoir des moments où le parc éolien ne pourra pas produire la quantité d’énergie réclamée: Imaginez le problème en été pendant un épisode caniculaire ou en hiver par un pic de grand froid.
Nos adeptes de cette solution expliquent qu’on doit aussi supprimer progressivement le chauffage électrique, donc passer au gaz individuel ou alors à l’eau chaude collective avec autres moyens pour chauffer l’eau (fuel, biomasse, geothermie). 30% des logements ( chiffres 2001) sont équipés en chauffage électrique: cela fait quelques millions de foyers, sans doute pas loin de 10 millions. Comment les passer au gaz par exemple ? va falloir faire des trous dans les routes, construire du réseau de gaz là où il n’y en pas et pas partout: Croyez vous que le petit village va passer au gaz s’il est à 10 km du premier bout de réseau gaz ?
Ont-ils modélisé ou estimé ce changement ? et pris en charge le risque d’explosion du prix du gaz dans les années à venir du simple fait de la spéculation (plus gens c’est plus de profits, ça commence déjà).
Donc ce que ne vous disent pas ces adeptes de l’éolien massif c’est qu’il devra donc être accompagné forcément de centrales thermiques au fuel , gaz et charbon. Des trucs qui même modernisés rejettent du CO2, des poussières et micro particules, du No2 et du So2 qui génèrent des saloperies sanitaires.
Je me répète donc : le nucléaire n’est pas qu’une énergie de transition : Nous devrons mixer les énergies. Et donc installer du photovoltaïque, centrales solaires, d’autres sources (géothermie) et de l’éolien mais sans doute pas 85 000 éoliennes de 5 Mw je ne sais où et du nucléaire plus sûr et plus contrôlé.
J’envoie donc le lien de ce billet à Monsieur Morel du pole écologique. C’était lui le spammeur.
Print article | This entry was posted by Rva on March 21, 2011 at 2:13 pm, and is filed under Monde en Vrac. Follow any responses to this post through RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed. |
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about 2 years ago
« Je me répète donc : le nucléaire n’est pas qu’une énergie de transition : Nous devrons mixer les énergies. … »
… et réduire drastiquement la demande (consommation) !
about 2 years ago
Toutes ces démonstrations ont déjà été faites sur le site de Manicore. Rien de bien neuf donc.
Se passer du nucléaire ne se fera pas en trois jours, et nécessite au préalable une réduction de la consommation.
Tout autre calcul est vain.
about 2 years ago
@PapaPingouin : oui et qu’on nous dise comment , par ce que dans les 10 millions de foyer à convecteurs pourris .. euh comment dire : isolation, ok, mais ensuite changer leur chauffage ? donc remplacer chaque radiateur a 20€ par un modèle a inertie 15 fois plus cher ( ce que je vais faire chez moi pour économiser l’hiver prochain même si interdit par le bail).
about 2 years ago
Tu te donnes bien du mal, alors que ça me paraît évident qu’il faut tout faire pour favoriser les énergies renouvelables, quitte à faire chier M. Total ou Mme Areva ou Le roi de l’Arabie Saoudite et à ne plus déclencher des guerres et à ne plus ravager l’environnement à la recherche désespérée des dernières goutes de pétrole, de gaz de schiste ou de poussières d’uranium…
about 2 years ago
Prems (quand j’ai commencé à rédiger !)
@rva
Juste une ch’tite coquille : 5KW au lieu de 5MW sous le superbe graphe de la courbe de puissance.
Ne pas oublier non plus un facteur d’encombrement pas du tout négligeable : une éolienne perturbe fortement le flux d’air à grande distance derrière elle, il n’est pas possible de les installer les unes à la suite des autres (sinon ça serait trop simple !)
Rien à redire sur le billet, la démonstration est parfaitement imparable.
Au lieu de se bagarrer sur le nombre de ventilos installables sans faire hurler son voisin, on ferait mieux de développer un peu plus sérieusement l’hydrolien. Parce que là :
1) c’est invisible
2) ça ne dérange personne (à part 3 pêcheurs en coma dépassé et subventionnés en intraveineuse)
3) la puissance délivrée est parfaitement prévisible (courant marin, effet de marée)
4) on peut en mettre quasiment autant qu’on veut (l’eau est 800 fois plus dense que l’air, ça change la donne par rapport à l’aérien)
5) ah merde, c’est encore un peu cher (installation, maintenance…)
6) d’accord, on ne peut pas en installer partout (au coeur des Alpes, c’est pas terrible, certes)
Conclusion : on veut bien, mais à condition que ça coûte que dalle.
Moralité : y’a peu de chance que ça bouge vraiment dans les temps qui viennent. Et en attendant, on va continuer à faire de la com’
A bon entendeur…
about 2 years ago
@Merome : donc comment réduire la consommation chez les 10 millions de gens chauffés électriquement. ? et chez les milliers de PME avec machines & appareils qui consomment trop mais qui couteraient trop cher à changer ?
about 2 years ago
@Tonton Georges : j’ai regardé aussi la géothermie profonde : le dada de Meluche, ça chauffe 30 ans et après on attend que le truc redevienne chaud on dirait. Mais si on met d’enormes turbines + pompes à eau (eau prise où?) sur 1% de l’alsace on a l’equivalent de 10 réacteurs nuke. Je n’ose pas imaginer la taille des turbines et leur nombre.
Et l’ impact profond en zone sismique et l’eau ? Et là aussi c’est experimental.
En gros et c’est que disait la motion E que j’ai défendu au PS : prendre sur la rente du nucléaire et investir dans la R&D sur ces sujets.
about 2 years ago
@rva : La question n’est pas “Comment”, mais “Avec quel pognon ?”.
Comment ? En isolant, en remplaçant les chauffages éléctrique par autre chose…
Avec quel pognon ? Celui qu’on économisera des investissements dans le nucléaire, déjà, et celui qu’on économisera avec l’isolation des logements
Mais c’est un vrai projet de société, qu’il faut envisager comme tel et pas seulement sous l’angle “réduire l’électricité dépensée”. Relocalisation, recyclage, interdiction de la pub, …
Quand on a lancé l’idée de sécurité sociale, ça ne rentrait pas non plus dans un schéma “toutes choses égales par ailleurs”. À nous d’organiser la vie qui va autour d’un monde sans nucléaire.
about 2 years ago
@Merome : oui, donc QUOI ? je met la merde de mon chat dans une micro chaudière dans mon HLM ? Mes parents passent au tout bois ? ils ont 70 ans ça les emmerde déjà d’être à 1/2 bois le reste = électrique.
Le comment est important par ce ça concerne la vie des gens, et que vu le volume à traiter , on est prié d’y réfléchir sérieusement et autrement que dans des salons de thé avec des pdf creux.
about 2 years ago
@rva :
Meilleur confort de chauffage, ça c’est évident.
Economie financière, ça c’est clair et on est bien d’accord.
Mais si c’est juste pour profiter du tarif heures creuses pour la charge de l’accu, je ne vois pas trop l’économie d’énergie réalisée ?
L’effort réside dans une remise en cause fondamentale des bétonneurs et autres promoteurs z’opportunistes dans leur façon de travailler. Et là, vu l’obscurantisme rampant, ça fera mal.
L’isolation est un point capital (j’ai encore vu un trouduc pas plus tard que la semaine dernière qui prétendait être «RT2012 ready» avec une isolation intérieure, alors qu’avec une bonne calculette on pouvait démontrer qu’il ne passait même pas la RT2005 – mais ceci est une autre histoire…) ; mais pas seulement : on oublie souvent l’ergonomie (i.e. l’agencement et l’utilisation pratique du logement.) Le constructeur dispose les pièces comme les enfants jouent avec leurs lego, on commence par les grands volumes tape-à-l’oeil et on termine en casant n’importe comment le reste (cuisine tarabiscotée – voire inexistante – escaliers n’importe où, chambres inlogeables, mansardes à gogo – merci la loi Carrez – commodités saupoudrées au hasard, rien à cirer de l’orientation et de l’éclairage naturel, ce qui compte c’est le linéaire de tuyauterie économisé, point barre)
Bref, on pourrait en dire… Et pas qu’un peu !
about 2 years ago
@rva : Je ne sais pas si c’est le lieu (dans un blog) pour y réfléchir sérieusement. Mais d’autres s’y sont collés bien avant toi. La démarche Négawatts te fournira un paquet de chiffres par exemple. Tu as le plan des écolos, sans doute un peu plus documenté que le PS qui s’est mis à l’écologie depuis 5 minutes.
Pour moi, le “comment” est secondaire, dans la mesure où on sait que notre mode de vie actuel n’est pas tenable (avec ou sans nucléaire !). On ferait mieux de se fixer des objectifs et de tendre vers eux. Abandonner le nucléaire peut être un de ces objectifs. Mais je préfèrerais qu’on englobe tout ça dans un projet de décroissance global.
about 2 years ago
@rva : Absolument. L’investissement dans la recherche est non seulement urgent, mais aussi vital pour la suite.
L’Alsace n’est peut-être pas la meilleure région pour ce genre de manip (géothermie / nucléaire) : la vallée de Rhin est tout de même un bassin d’effondrement. Si on pête la centrale géothermique, ça fait pffuitt et pis c’est tout. Si on pête la centrale (nuc) de Fessenheim, c’est sûr que ce sera nettement moins drôle…
Pour mémoire : Bâle 18 octobre 1356, séïsme 6.5 (6,2 selon les français – 6,9 selon les teutons), ville entièrement détruite (ah, s’ils avaient eu nos belles normes parasismiques à l’époque, hein !) Ça a déjà pété, ça pétera encore (d’autant plus qu’on soupçonne la faille de passer directement sous la ville.) Ça ne signifie pas que le projet de géothermie là-bas abandonné ne sera pas intéressant ailleurs. D’ici à ce qu’on ait pompé toute la chaleur de la Terre, on a encore de la marge !