Marianne m’a alerté d’un sujet intéressant: le MEDEF semble ne pas être représentatif et son comportement vis à vis d’autres syndicats d’employeurs ou d’entreprises est assez odieux!

Car le Medef, comme son aïeul le CNPF n’est qu’un syndicat patronal parmi d’autres, avec ceci de particulier qu’il ne supporte aucune concurrence, et qu’il a érigé sa domination en un dogme intangible. C’est ainsi qu’il dicte souvent sa loi à la CGPME, dont les adhérents sont souvent les mêmes que les siens, notamment dans la métallurgie. Qu’il conteste en justice la capacité de l’Union professionnelle artisanale (UPA) à passer des accords séparés avec les syndicats, et qu’il fait tout pour barrer la route de la représentativité à l’Union des employeurs de l’économie sociale (associations, mutuelles, etc..), qui a pourtant recueilli 10% des voix dans le collège employeur lors des dernières élections prud’homales, en 2002.

Mardi 15 octobre, Parisot invitée sur Canal+ dans le grand journal de Denisot, a eu le culot de déclarer que le MEDEF représentait toute les entreprises! Elle n’a bien sûr été reprise par un seul journaliste. Toutefois notons l’exceptionnelle sortie d’Apathie qui a cité les statistique d’Eurostat pour rappeler que la France ne travaillait pas moins que ses voisins, dégommant au passage une thèse de la droite et du Medef. On est en droit de se demander pourquoi les journalistes ne l’ont pas fait pendant la campagne présidentielle et pourquoi la gauche ne l’a pas fait non plus. Je rappelle que deux ou trois bloggeurs l’avaient pourtant déjà fait. Passons sur ce point, qui est désormais hélas secondaire.

D’après Parisot le MEDEF est le seul syndicat d’employeurs et le seul représentant des entreprises. C’est faux et personne n’ose la corriger!
D’après la journaliste de Marianne, on aurait des choses à creuser: Le Medef fait tout pour barrer la route à l’Union des employeurs de l’économie Sociale. On en trouve des traces sur le blog du Medef Lyonnais : Après avoir appelé les employeurs attachés à l’économie de marché à une certaine vigilance au regard de l’émergence des listes de l’Economie Sociale et Solidaire.
Les adeptes du libéralisme voient d’un mauvais oeil la concurrence électorale des listes ESS. Le MEDEF ne supporte pas l’idée d’entreprise où la logique financière n’est pas la première valeur. Elle fait croire que les entreprises de l’économie Sociale et Solidaire sont hors marché, qu’elles ne participent pas au système. Qu’elles ne sont pas marchandes: C’est de l’auto-intox, les coopératives vendent des produits, les mutuelles des prestations! Mais c’est peut-être ça qui inquiètent le MEDEF.
Les acteurs de l’économie sociale sont sur des marchés en plein essor: Mutuelles, services à la personne. Ceux-ci génèrent un chiffre d’affaire en hausse constante et attirent les rapaces du monde de la Finance. Souvenez vous de la reconversion très rapide de Guillaume Sarkozy. ils obtiennent pourtant entre 10% des élus et 30% dans certains régions comme Poitou-Charentes. Le MEDEF a commencé a les attaquer dès 2002, au prétexte sournois d’entrave à la concurrence libre et non faussée. Le combat est donc politique, tout est parti d’un rapport paru en décembre 2002:

 Enfin, les entreprises de l’économie dite”sociale” qui ont toujours bénéficié de la faveur des pouvoirs publics (avantages fiscaux, sociaux et autres), viennent aujourd’hui concurrencer les entreprises du secteur marchand, tout en continuant à jouir d’un certain nombre de privilèges(…) Le principe d’unicité du marché dans lequel interviennent des acteurs multiples, principe fondamental des pays développés et la définition de l’entreprise (v. supra) en droit communautaire, plaident pour la suppression de la distinction entre une économie marchande et une économie dite “sociale” dont les comportements se sont fortement éloignés des principes fondateurs pour intégrer ceux de l’économie concurrentielle. Les rapprochements récents et ceux en cours entre des acteurs majeurs de l’industrie coopérative ou de la mutualité avec des acteurs majeurs du secteur concurrentiel montrent bien que les limites du système sont atteintes.

Le MEDEF veut faire la peau a tout ce qui est social, collectif et donne des leçons aux acteurs de l’économie sociale. Ceux-ci pourraient sans doute donner des leçons sur la concurrence et la gestion du personnel aux patrons paternalistes du MEDEF! Parisot nous donne des leçons de dialogue social à la Télé, alors que pendant le même temps, le MEDEF attaque toute concurrence dans le monde de l’Entreprise. Beau foutage de gueule non? LE MEDEF ne tolère pas par exemple qu’une organisation patronale négocie avec les syndicats, c’est le cas par exemple le cas de l’UPA (Union professionnelle artisanale), qui a le tord de discuter. l’UPA dénonce d’ailleurs des magouilles dans la médecine du travail, qui est restée opaque jusqu’en 2004. Ses dénonciations sont d’ailleurs les mêmes que celles de la CGT! L’argent de la santé des salariés sert à financer tout autre chose: Rue89 et France Inter ont enquêté sur le sujet. Je vous conseille d’aller voir: c’est édifiant. On parle d’emplois fictifs, de millions détournés! Ce dossier est a suivre.
Dans le même genre, on pourra aussi s’intéresser aux 26 milliards de la formation continue. Surtout quand on constate que la part de ce budget destiné aux chômeurs baisse! On comprend alors que le MEDEF refuse que de nouveaux acteurs du monde de l’entreprises soient reconnus! La gauche doit s’emparer du sujet et dénoncer ce comportement. Elle doit défendre le secteur de l’économie sociale vecteur d’idées novatrices et de comportement sociaux différents. Les organisations représentant les autres entreprises doivent être reconnus et le comportement honteux et rétrograde du MEDEF doit être surveillé.

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