La comédie des bonus
Ah qu’ils sont pratiques ces traders, ils ont un visage connu (Kerviel), s’amusent à croquer du million ou des milliards. Et en plus, ils sont l’objet d’un délire médiatique, qui n’est autre qu’un rideau de fumée. Tout cela sans doute organisé quelque part en haut-lieu pour mieux masquer la réalité selon le principe ancien du bouc-émissaire. La lecture d’un quotidien comme Le Monde, peut vous faire croire de tas de choses aussi idiotes qu’une phrase de Minc quand il affirme qu’il est le dernier marxiste de France.
Ici le gag du moment est assez clair : Mardi 1er septembre, la Commission bancaire, l’organe chargé du contrôle des banques, a lancé une série d’enquêtes auprès des grands établissements financiers.
On apprend déjà qu’il y a un organe chargé du contrôle des banques. Sans doute un sphincter, pratique car il s’ouvre dans les deux sens. Et on nous annonce une série d’enquêtes. Houlà, des procès de Moscou chez les rapetous ? Ou pire encore, des risques de camps de travail ? un séjour au goulag ? Rien de tout ça en effet :
L’objectif est de vérifier que leurs politiques de rémunération des professionnels des marchés sont conformes aux nouvelles règles: pas de bonus garanti; des primes versées en fonction des risques pris par les traders mais aussi de la performance globale de la banque; étalement du paiement du bonus sur plusieurs années.
Les nouvelles règles sont celles du G20, vous savez le truc qui devait “moraliser le capitalisme“. Les bonus sont liés aux performances globales des banques qui se sont re-financées avec de l’argent public vite utilisé dans des opérations spéculatives alors que cela devait servir à soutenir l’économie réelle.
Tellement gros que même Parisot le voit et le dénonce dans le même Monde en réclamant un réseau bancaire plus actif en matière de crédit. Quand au bonus non garanti, tout va se jouer dans la rédaction de contrats de travail entre le trader et la banque. Contrat signé avant tout ce bazar médiatique. Bazar médiatique qui a oublié de vous expliquer que les banques ont aussi profité de nouvelles normes comptables pour être plus “rentables“. Tout ça payé sur plusieurs années, ce qui ne change rien: la masse de fric reste la même.
Et que risquent les banques en cas de “faute” ?
En cas de manquement, les banques s’exposeront à un rappel à l’ordre immédiat.
On en tremble d’avance ! On imagine Minc les appelant : Vilaine banque, tu vas écouter ce qu’on te dit. Rendez vous au fouquet’s pour une explication, ça ne va pas se passer comme ça… et tu payera l’addition !
Vous y croyez vous ? Bien sûr que non. Tout ça se fera en silence, et tout continuera comme avant. Le plus grotesque en apparence dans tout ça, c’est Parisot qui dénonce les banques qui ne font pas leur job de financement de l’économie et ne demande qu’une limitation des bonus. J’ai bien écrit en apparence, par ce qu’en fait tout ça c’est du flan, de l’enfumage. C’est la base de la stratégie du vacarme propre à l’UMP. Chirac appelait ça la tactique du ventilateur à merde. Ici, on désigne les traders à la vindicte populaire, et on propose benoitement de limiter leur rémunération.
Or le problème est ailleurs: il faut tout simplement rétablir la progressivité de l’impôt , revenir à un nombre de tranches plus élevés et a des taux marginaux supérieurs, surtout pour les revenus qui se comptent sur 6 chiffres ou plus, puis s’attaquer vraiment au problème des niches fiscales et du bouclier fiscal. Et s’occuper de la fraude fiscale et sociale qui se chiffrent en dizaines de milliards, plutôt que de nous parler de 3000 fraudeurs en suisse.
De tout ça on en reparlera prochainement…