Schroederllande S01E02

Posted by Rva in Hollandie | 6 comments

En Mars, je citait des propos de Hollande, dans mon billet Schroederllande . Propos montrant son glissement vers la droite de la gauche.  On me disait alors que je m’égarais, et que finalement ça ne ferait pas de mal, ou pas mal.

Propos présidentiel en Mars.

Qu’est-ce que je veux, moi, comme réforme si j’avais un conseil à donner aux partenaires sociaux ? C’est qu’il faut que le système d’indemnisation encourage le retour vers l’emploi et que l’on puisse même avoir des systèmes d’indemnisation qui se cumulent davantage qu’aujourd’hui avec la reprise d’un emploi à temps partiel, même à temps partiel. On aura donc à revoir ces procédures, y compris d’ailleurs ce que l’on appelait le RSA-activité qui était l’idée de Martin HIRSCH, qui était une bonne idée et qui n’a pas véritablement fonctionné. Donc il va falloir que l’on donne cette incitation, plus forte qu’aujourd’hui, à la reprise du travail

Il parait que j’exagère, ça se trouvait  en commentaire: il n’y a rien à craindre d’une droitisation du président.. Pourtant ce sont les propos de F.Hollande. On y lit que les chômeurs ( 4 millions ) ne sont pas incités assez fortement à reprendre du travail . C’était un des éléments de langage de Sarkozy pendant la campagne de 2012. Nous n’avions pas voté pour ça, pas fait campagne pour ça, et le candidat Hollande avait je crois dénoncé ces pratiques sarkozyste de désignation de bouc-émissaires.

Nous sommes maintenant presque en Juin.

Et voilà donc que chez le SPD Allemand, le président qui parait-il ne fait pas là un satisfécit des mesures de Schroeder comme le disent des amis blogueurs… sort ces propos:

Le progrès, c’est aussi de faire des réformes courageuses pour préserver l’emploi et anticiper les mutations sociales et culturelles. Et c’est ce qu’a fait Gerhard Schröder et qui permet aujourd’hui à votre pays d’être en avance sur d’autres. Ces décisions ne sont pas faciles à prendre, elles peuvent même faire surgir des controverses mais rien ne se construit, rien de solide ne se bâtit en ignorant le réel .

Résumons nous: Selon Hollande, le progrès (..) c’est qu’a fait Schroeder. Et les critiques sont dans ce cas des controverses. Le reste c’est du courage. On pourra aussi comme un brave troll expliquer -en mode binaire -que les vilains qui ne sont pas d’accord avec cette option soc-lib se moquent du peuple. Ne rigolez pas ça a été fait, ceux-là osent tout.

Cette citation du président n’est pas certes pas une ode, il manque la harpe, mais c’est un aveu de proximité intellectuelle avec la ligne soc-lib allemande qui a produit des résultats connus.  C’est ce qui est estimé “progrès” par Hollande qui est donc bigleux et ne voit pas les 20% de pauvres en Allemagne, la démographie en vrac du même pays et les conséquences de ce modèle égoïste sur le reste de l’UE… et sur l’exploitation des salariés low-cost dans les PECO¹

Il faut vraiment la force de l’auto-conviction chez certaines personnes pour croire que cela reste compatible avec ce qui a été annoncé pendant la campagne électorale. Surtout quand un ministre de premier plan, Moscovici nous annonce qu’il fait confiance à l’auto-régulation exigeante des très gros revenus.

Ca se traduit comme ça : cher renard, ici les poules tu peux nous plumer et nous niquer, merci bisous.”

En effet, on va laisser faire contrairement aux mots de la campagne. Ce ne sont plus des couleuvres, mais des boa constrictor qu’il faut avaler pour les militants socialistes qui commencent pour certains à twitter leur mécontentement et rappellent que ce n’est pas ça qu’ils ont entendu au Bourget.  D’autres n’avalent pas et rappellent les propositions des unes et des autres au sujet des très hauts salaires, ou préviennent que la moscovidose se manifeste par langue de bois, mauvaise foi, haleine de chacal...

D’autres militants nous disent que ce discours doit être lu en bloc : forcément les gens sont trop cons pour comprendre ?    On nous avait fait le même coup au moment du rapport Gallois : mais non vous allez voir..les choses sont plus compliquées  et 5 jours plus tard, le truc était devenu la bible des cadres soc-lib du PS et militants CSP+ complices.

Les mêmes peuvent vous sortir l’élément de langage de base du Hollandisme:  “on doit se serrer la ceinture, pour aller mieux ensuite” . Il manque juste “il faut donner du temps au temps”. C’est la traduction de la période de “redressement” , par ce que vilaine dette etc..  Sauf que ce redressement va se faire de manière injuste et que certains actes très clairs indiquent bien cette ligne soc-lib (le libéralisme c’est vraiment autre chose) : Loi bancaire en carton qui ne va pas couper les banques mais juste sortir 1 ou 2% de risques, ANI négocié par des syndicats minoritaires avec le Medef lui même minoritaire, RGPP qui continue sous un autre nom, reforme fiscale grotesque, relance UE qu”il doit relancer à chaque fois qu’il y a un sommet ( le dernier foutage de gueule : 250 millions par pays en plus est baptisé “new deal” ). Il reste bien sûr des velléités régulatrices et interventionnistes faisant hurler les vrais libéraux : la BPI , banque publique d’investissements.

C’est plus que de la gauche molle: c’est une ligne Soc-Lib pour CSP+ et cadres socialistes parvenus qui pensent que tout doit être comme pour eux: ils sont politiquement myopes. On trouvera aussi des militants, braves gens, qui vont aux aussi prendre des vessies pour des lanternes. C’est le propre de la ligne soc-lib : On vous affiche des trucs et on vous cache les détails : Loi bancaire qui sépare les activités des banques.. Mais rédaction de loi qui fait que dans les faits… pas plus de 2% du bilan des banques sera éloigné de la protection nationale. Il reste donc un gros paquet de saloperies dont on risque de nous donner la facture d’une façon ou d’une autre en cas de plantage bancaire.

Ces mêmes braves militants là aussi oublient une chose qui va leur être fatale:  Leur endogamie sociale, leur embourgeoisement culturel et financier et leur niveau de bêtise qui progresse qui les rend perméable à l’importe quel troll libéral. En voilà un exemple récent, désolé pour les personnes visées, mais franchement.

J’ai vu et lu certains applaudir le discours de Clinton à Paris qui parait-il soutient la politique de Hollande . Tout ça par ce qu’il a prononcé le mot “relance” comme essentiel pour l’Europe.  Tout ce monde là a retenu ces mots. Mais Bill Clinton a aussi eu cette phrase : “The Days of control are gone but the days of influence are not“.  Cela a été twtitte par un blogueur libéral : @gonzague qui n’en loupe pas une, et est un bon détecteur: qu’il en soit remercié, il était présent sur place.

Cette phrase résume tout: le renoncement à réguler  Le même Clinton va vous dire que les banques centrales doivent agir.  Et là les militants PS vont nous dire : regardez il encourage Hollande.  Mais un détail manque, les banques centrales ce sont devenues les copines …. des banques privées. Les quelles aux USA ont été autorisées à spéculer sur les marchés avec les fonds des  gens, quand Clinton à mis fin au Glass-Steagal act. Et non ce n’est pas Reagan le libéral qui fait ça… les faits sont têtus.

Voilà donc ce que pensent ces gens là, ou font semblant de croire. C’est bien dommage: les couleuvres avalées expliquent sans doute ça et on balance des noms de stars mondiales comme Clinton devenu référence pour ces gens de gauche vraiment fatigués..

Les choses sont  claires : le modèle est donc Schroeder pour Hollande.Hollande doit penser que pour une raison ou pour une autre, la même politique ne produira pas les effets négatifs constatés par grand nombre d’observateurs et statistiques en Allemagne.  le militant CSP+ doit se dire que de toute façon ça ne lui fera rien, et qu’il pourra en profiter.  Pour les autres, c’est simple : soufrez , mangez moins  c’est pour votre bien et si vous posez des questions des experts comme Louis Gallois² vous expliquerons les choses de la vie, et ces mutations sociales citées par Hollande qui nous attendent… Mais quelles sont elles  ?

On sait juste que ce sera avec de l’auto-régulation exigeante dans certains domaines et pour certains. On est loin des discours de fin de primaire socialiste .. ou du Bourget.

C’est une reddition sans combat : la Finance est certes son ennemi, mais dire ça ne voulait donc pas dire qu’il allait lui botter le cul , ou la réguler… désormais les cadres financiers des grandes-entreprises, bras armés de la saloperie libérale sont priés de s’adonner aux joies de l’auto-régulation exigeante.. Et s’accorder bonus et autre cadeaux sur le dos des autres qu’ils soient chez nous (PME, fournisseurs, salariés) ou producteurs à 40 centimes de baskets…dans des contrées lointaines.