L’autre soir, nous avions Rendez-Vous avec Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif. Dûment invités en souvenir des épisodes de la primaire socialiste ou de la présidentielle.

J’aime bien Montebourg, même si désormais il incarne aussi un gouvernement dont l’action ne me satisfait pas et dont les actes ne correspondent pas beaucoup avec les mots de la campagne.

Etonnement beaucoup de monde dans cette salle de réception à Bercy… mais peu de questions, un taux de silencieux de près de 50%  c’est dommage. Passons.. le ministre arrive et raconte son job : c’est un ministère d’unité nationale. On a pas le choix (…) les syndicats doivent faire alliance.

Il fait bien sûr la promotion de l’accord ANI et explique que grâce à l’attractivité du CICE Renault va relocaliser la production de 200 000 véhicules. Tout ça est une stratégie unitaire et une bataille culturelle.  Il est là dans son rôle, on ne peut pas l’entendre dire autre chose… sur cet accord plus gros effort fait depuis longtemps.

“Grace à cet accord, dans lequel nous sommes intervenus des deux cotés. Renault prend l’engagement de relocaliser la fabrication de 200.000 voitures en plus. C’est à dire l’équivalent de l’usine Toyota de Valenciennes”

Etrange comparaison avec Toyota à Valenciennes, là où la seule voiture à 70% made in France, un hybride-essence vient taquiner les industriels français. On le sent un peu énervé des retards pris par ces industriels qui ne sont plus que des actionnaires rentiers… que je propose de mettre sous tutelle.

Lançons le contre le French bashing qui l’énerve, surtout incarné par des imbéciles passant dans les médias. Là c’est de moi, je ne sais plus si j’ai employé le mot bouffon ou imbécile pour qualifier le donneur de leçons en question. Ce genre d’animal exaspère Montebourg: “si vous voulez son numero de portable“..

On le comprend , le ministre dispose d’éléments comme les blogueurs: la France est une destination principale des investisseurs. une étude KPMG : La France est la première destination pour les projets industriels en Europe, le deuxième marché européen, la première destination innovante en Europe. L’étude le dit : La France est un des pays les plus attractifs quand on consolide sur le prix du foncier, sur l’énergie, sur le prix du travail, la productivité...

Voilà de quoi corriger les adeptes du French basching “sport national répréhensible”

Ses services ont donc produit une campagne pour rappeler des évidences aux investisseurs étrangers :

Did You Know? Invest in France Agency par AFII

Il nous cite des entreprises qui ont re-embauché des salariés après une faillite et explique que les couts logistiques , de taxe carbone, et les salaires chinois qui augmentent¹ font qu’on commence à relocaliser certaines production.  Bien sûr ça ne concerne que quelques entreprises. Les autres, qui avaient faire des calculs qu’elles pensaient bon il y’a 5 ou 10 ans doivent changer. On devine qu’il parle de calculs conduisant à des délocalisations.

Questionné sur le CICE sans conditions, ce cadeau de 20 milliards il nous explique qu’un bilan sera fait avec les partenaires sociaux en 2014. Donc après un an. Il cite spontanément le secteur de la grande distribution qui sera regardé de près: Est ce que la précarisation des salariés aura été réduite?

Moi je connais déjà la réponse, c’est Mosvcovici et Cahuzac qui l’écriront.

Voilà en suite Montebourg qui part en guerre contre la BCE. Il dénonce la politique qui va nous guérir en nous tuant, et cette BCE  BCE qui a prêté à 0%  des 1000 milliards aux banques, qui en en suite ont prêté à leur tour la moitié à 3 ou 4% aux états.

Odieuse question qui est mienne et à la quelle la réponse vaut cher “comment faire en sorte que la BCE change de fonctionnement ?”  Par ce que la est la question essentielle, abordée entre autre par Hollande pendant la campagne et oubliée au mois d’aout 2012. Ce qui m’avait passablement énervé².

Et bien en leur parlent à l’Eurogroupe. [...] quand les Européens en auront assez de manger les pissenlits par la racine peut-être qu’ils diront à la BCE de se réveiller. [...] Dans les statuts de la BCE, l’Eurogroupe est chargé de s’intéresser à la croissance et aux taux de change, à la monétisation de la dette.“

On doit donc compter sur les équipes en place, à la commission Européenne pour changer.

Remarquez on trouve désormais des éditos de pénibles andouilles comme LeParmentier et pompeux cornichons comme Quatremer contre la rigueur absurde. Voilà ce monsieur, devenu presque euro-sceptique. Les choses changent donc, sans doute à une vitesse pas suffisante, mais on sent quelques craquements. Peux-être que ces gens là entendent les memes choses que moi: hausse des faits “violents” par des salariés poussés à bout par des comportements³ honteux.

Mais revenons à Montebourg, et au Diesel saloperie … avec ma question “Est ce qu’on peut dans un pays comme la France interdire le diesel d”ici 10 ans”.  Là j’ai senti l’entourage du ministre pâlir. Evidement sa réponse est non: “ Je ne crois pas, d’abord pour une raison simple le diesel il ne faut pas l’aborder selon qu’il est fabriqué en 2011, 2012 ou selon qu’il a été diffusé en 1996“. Il s’agit là des éléments de langage des constructeurs contredits par diverses sources scientifiques, et dont un reportage de France2 qui n’a pas fait l’objet de demandes de corrections de la part de PSA et autres.

Je le coupe: il y’a débat la dessus. Lui “je vous donne la position du ministère,les constructeurs ont investit des milliards à la demande de l’union européenne” Et nous explique que l’UE a produit des normes…. oubliant de préciser que PSA/Renault et autres ont tout fait pour retarder l’adoption de ces normes et que donc les “investissements” dont il parle ont été retardés par ces andouilles et sont donc devenus plus importants. Tout ça dans le but de rendre inoffensif les moteurs diesels. Le mot est assez odieux…

Le diésel est un problème qui concerne le passé industriel.

On notera le beau lapsus, il a confondu la pollution et le carburant. Et explique qu’on peut filtrer sur les gros moteurs mais pas les petits véhicules en raison du prix. Et bingo :

“La question est quelle stratégie pouvons nous employer pour résoudre ce problème de santé publique. Cette question intéresse le gouvernement (…) le débat est ouvert nous y travaillons”

Provoquons un peu : “PSA a attendu le dernier moment pour produire des hybrides”  C’est un fait constaté par tous: les japonais ont commencé il y’a des années, et ce même si PSA est  2e en Europe désormais comme le dit Montebourg. Il cite donc le nouveau projet de PSA hybride-essence-compression “à 2,9 litre aux 100, au sommet de l’économie de carburant .. podium mondial (…) modèle qui va sortir en 2016“.

Je rappelle que tout ça est fait par une entreprise ou l’état a une participation de 30%. Question saugrenue du Ministre “a votre avis pourquoi?”  je lui explique qu’on doit mettre des coups de pied au cul de PSA, en lui disant faut peut être penser à ça .. 

Lui : “non, non  PSA et l’Etat se sont associés dans une joint-venture qui s’appelle Technoboost qui a imaginé de financer des études très lourdes, très importantes qui ont abouti à la naissance d’un prototype (..) je ne vois pas pourquoi l’état qui fixe des caps technologiques (…) 2 litres, c’est une étape (…) le financement de la R&D qui est très lourd pour ces entreprises”

Moi “c’est de la planification?”

Lui: C’est une planification technologique. Et c’est une lutte, voilà quand je parle d’unité (..) vous voyez le mal partout (..) c’est un moment d’unité où l’état travaille avec un constructeur sur une orientation technologique qui sert l’intérêt général . Et vous me dites oh la la ce sont des incompétents (..) l’état à apporté un financement par ce que sont des charges très lourdes.. que de rattraper la déferlante technologique du monde entier… qui est en train d’être financé par tous les états. (…) Nous utilisons le grand emprunt pour financer la naissance, la renaissance, le progrès de Renault euh, Peugeot dans la cadre des grand programmes de renouveau de la filière automobile: véhicule au 2 litres “.

Moi, constatant l’usage du mot rattraper, qui veut bien dire, qu’il a un retard à combler. “Et donc les actionnaires de Peugeot ils ne pouvaient pas financer ça?” 

Lui “ils peuvent (.) mais il nous intéresse d’être présent dans de nombreuses entreprises (…) pour financer et donc recevoir”‘ 

Le brevet sera donc à Technoboost , l’état touchera donc des dividendes. Si bien sûr un habile montage de PSA ne vient pas réduire ces dividendes à pas grand chose.

Le son⁴ de ce moment :

Habemus voituram.

Je me souviens avoir fait “non non ” à un moment de l’échange avec mes doigts à destination d’un de ses conseillers qui m’a demandé lors de l’after biere, mes sources. Je lui ai expliqué que leur “rapport” de l’académie de médecine n’en est pas un, mais une communication d’un membre de l’académie qui est en plus Lobbyiste de Servier. On ne trouve pas ce document dans les rapports de l’académie, il n’est pas rangé au même endroit sur le site Web de l’académie, et ne comporte pas les mêmes éléments textuels, de source, de contenus qu’un rapport. Tout cela est doublement troublant.

Autre point abordé dans cette after-bière : Au sujet de la BCE. La caisse des dépôts et consignation dispose d’une licence bancaire, et est présente dans la BPI. Elle peut aller au guichet de la BCE et emprunter 10 , 20 milliards d’€ et ensuite prêter à très faible taux aux Pme/Eti. Nul besoin de loi, de vote d’amendements FDG et autres. C’est une décision politique, qui revient au couple infernal Cahuzac/Moscovici …

Globalement c’est donc un échange intéressant. Nous avons manque de 15 ou 30 minutes de plus. Il se laisse interrompre et donc prendre au jeu. Ce n’est pas un moscovici en mode Robocop.

En fait Montebourg s’occupe de ses dossiers d’entreprises et d’innovation. Il est bien sûr bridé par Cahuzac/Moscovici comme d’autres. Tout cela limite donc sa capacité a intervenir, tout comme il ne peut pas faire la publicité de son action et citer toutes les entreprises sauvées de justesse⁵. Son coté flamboyant peut lui jouer des tours dans un univers médiatique fasciné par les petites phrases, mais n’oublions pas ce qu’il est un de deux qui essayent de sortir d’une ligne soc-lib… Même si tout ça doit sembler si peu aux adeptes de Melenchon.

Montebourg ne veut pas retourner les tables, mais mettre le plus de gens autour et les conduire à se mettre d’accord, les convaincre de l’importance d’intérêts communs.