Mettre une tarte au CAC40 et à ses complices.
En ces temps où la presse puante nous explique que le sujet du moment serait le permis de conduire, il est très utile de prendre du recul. Et aussi étrange que cela puisse vous paraitre de consulter des études trouvées… sur un site d’une école de commerce et de management. Etude sur le grand décrochage, celui des entreprises géantes.
Tout ça se trouve dans un gros PDF. Et on y trouve de jolies courbes, avec des commentaires qu’on ne s’attend pas forcément à trouver dans un tel milieu.
Dès l’introduction, on apprend que L’économie de marchés financiers a encouragé la concentration économique et accru la taille de certaines entreprises dans des proportions inédites. On assiste à un décrochage croissant entre ces entreprises géantes et les autres. Cela crée aussi une illusion d’optique car les entreprises géantes déforment les analyses que l’on peut tirer des évolutions boursières. C’est ce que nous appelons l’effet Gulliver.
Décrochage, proportions inédites, concentration, illusion : On pourrait lire ici le propos d’un gauchiste commentateur non orthodoxe de l’économie. Je ne sais pas si Elie Cohen pourrait prononcer ces phrases sans tousser. Là n’est pas le propos.
Rapidement on va trouver un beau graphique, qui montre l’évolution du PIB, du CA des entreprises en fonction de leur taille depuis 1992. Les géantes étant plus ou moins le CAC40.
Que lisons nous dans le PDF :
Les géantes représentent la seule catégorie dont la croissance du chiffre d’affaires moyen (CA) est nettement supérieure au PIB. Cela met en évidence la forte concentration économique qu’elles opèrent. En effet, bien que plus nombreuses, elles doublent leur chiffre d’affaires entre 1992 et 2010 alors que le PIB n’augmente que de 30% durant la période.
Durant le même période, on a entendu constamment le MEDEF et autres OCDE nous dire de baisser l’imposition et les “charges” des entreprise. Ca continue encore d’ailleurs. Au nom de la compétitivité des entreprises nous disent Medef, UMP et leur complices.
On le voit hormis pour les PME, les actionnaires sont soignés. Et encore plus dans les entreprises géantes. Il y’a de plus de en plus de dividendes versés. Une courbe plate montre un niveau constant de dividendes : son montant n’évolue pas.
On voit alors clairement l’effet autorenforçant de l’attractivité des géantes pour les investisseurs : plus elles attirent du capital, plus elles versent en moyenne des dividendes ce qui rend leurs titres plus sûrs et plus liquides.
La masse de dividendes distribués en France, est à 90% le fait des 58 entreprises géantes qu’on trouve en France. Constat terrible de l’étude :
Les titres des géantes sont suffisamment liquides et nombreux pour attirer les investisseurs. De plus ces entreprises versent l’essentiel des dividendes au marché, ce qui renforce leur attractivité, donc leur capacité à croître.
On le voit donc nettement, il va falloir modifier l’imposition des entreprises et c’est que propose François Hollande : En modulant le taux en fonction de la taille de l’entreprise et surtout de l’usage des bénéfices : re-investits ou en dividendes… qui on le voit partent dans les marchés financiers ou rachat d’actions. Et il faudra expliquer ça à tout ce monde du CAC40.
Je favoriserai la production et l’emploi en France en orientant les financements, les aides publiques et les allégements fiscaux vers les entreprises qui investiront sur notre territoire, qui y localiseront leurs activités et qui seront offensives à l’exportation. À cet effet, je modulerai la fiscalité locale des entreprises en fonction des investissements réalisés. En parallèle, j’engagerai avec les grandes entreprises françaises un mouvement de relocalisation de leurs usines dans le cadre d’un contrat spécifique. J’instaurerai, pour les entreprises qui se délocalisent, un remboursement des aides publiques reçues. Une distinction sera faite entre les bénéfices réinvestis et ceux distribués aux actionnaires. Je mettrai en place trois taux d’imposition différents sur les sociétés : 35% pour les grandes, 30% pour les petites et moyennes, 15% pour les très petites.
Il faudra aussi, et la gauche l’a déjà voté au Sénat, annuler les niches fiscales et sociales qui profitent abusivement à ces entreprises géantes. Il y’à là déjà entre quelques milliards chaque année. Dont rien que 17 dans la niche LBO .. d’après les estimations de Bercy et non pas de la Gauche. Ce qui avait fait couiné Pecresse en mode MEDEF et en défense permanente de la finance. Un petit détail, je lis que cette mesure là avait été votée par 176 sénateurs et 167 contre. Ce qui veut dire que l’ensemble de la gauche (PS,EELV,FdG) et des centristes de gauche (sic) avaient voté pour… On se trouve là dans un contexte bien différent des discours “révolutionnaires” des blogueurs et twittos.. Même si certains produisent des chiffres différents, par exemple le Front de Gauche estime que 90 milliards de niches fiscales sont à supprimer.
Tandis qu’un député UMP, Gilles Carez trouve lui que l’état à perdu 100 milliards de recette cumulées depuis 10 ans (d’UMP) , du fait de la politique fiscale, dont une partie avec été initiée par Laurent Fabius en pleine période de croissance, ce qui était une aberration complète.
La cour des comptes estime elle le montant totale des niches fiscales et sociales pour les entreprises à 172 milliards d’euros, soit 172 / 1946 = 8,8% du PIB… en cadeaux dont l’efficacité n’est pas manifeste : plus on en fait, plus le chômage augmente. Cadeaux dont la destination est connue: bien plus dans la rente et la financiarisation de l’économie , je vous rappelle mon billet sur le taux d’investissement en chute depuis 10 ans.
Et sinon, on peut aussi se poser une question , vu la répartition des entreprises et leur comportement économique… le MEDEF est il encore représentatif de quoi que ce soit en France ?
Oui c’est intéressant, c’est juste que j’avais lu “mettre une tarte au Cacao” et ça faisait bizarre avant de tout lire…