le document Nautilus
Voici ce que j’ai trouvé sur le site Web de Jeune Afrique, et cité dans mon billet Karachigate, on nous prend pour des cons. C’est le verbatim de la fameuse note “Nautilus” qui détaille une version différente de la piste Al-Qaida.
Bonne lecture !
Nautilus
Après de nombreux contacts, tant en Europe qu’au Pakistan, nous parvenons à la conclusion que l’attentat de Karachi du 8 mai 2002 a été réalisé grâce à des complicités au sein de l’armée et au sein des bureaux de soutien aux guérillas islamistes de l’ISI (1). 1. Intermédiaires opérationnels dans le contrat tour la vente de 3 Agosta 90B à l’état pakistanais. (1). Inter Services Inteligence, services spéciaux pakistanais. Pour la DCN, la phase amont du contrat (été 1993) a été assurée par la SOFMA, la SOFRESA et la SOFREMI. Lors des premières approches, elles ont été épaulées par l’Office général de l’Air qui venait alors de finaliser un contrat pour le compte de Dassault. Plusieurs chefs militaires pakistanais ont été reçus à Paris et à Cherbourg. Ils étaient accompagnés par Hermine de Clermont Tonnerre, qui prenait en charge leur confort sur le territoire français. DCN International, créée pour la circonstance, a pris le relais quelques mois plus tard, par l’entremise notamment d’Edwige Avice. Ces démarches ont progressivement permis à la DCN de convaincre le chef d’état-major de la marine pakistanaise, Mansurul Haq, lequel a demandé le versement d’une commission pour ce contrat, organisé par le biais d’une banque Suisse. 1.2. L’intervention de l’Arabie Saoudite, qui a subventionné l’essentiel du contrat, explique la présence, à divers stades des négociations, de l’intermédiaire Cheikh Ali Bin Mussahalam, ancien grand chambellan du roi Fahd. 1.3. Pour Thomson CSF, les négociations ont débuté au début de l’année 1994 et portaient sur la vente du matériel électronique embarqué à bord des sous-marins. Sur les conseils de Samir Traboulsi et de Ziad Takie Eddin (actuellement actionnaire de Gemplus, connu pour son rôle dans l’affaire Isola 2000, et ami de Francine Gomez), la présidence du groupe a choisi l’homme d’affaires libanais Abdul Rahman EI-Assir (gendre d’Aman Kashogi) pour mener à bien les négociations sur ce volet du contrat. Aux yeux de l’industriel, El-Assir possédait alors deux avantages. C’était un ami d’Azi Ali Zardari le mari du Premier Ministre Benazir Bhutto, lequel incarnait la clé des contrats de la puissance publique au Pakistan. 1.4. Pour Aérospatiale, il semble que sa direction commerciale a joué un rôle moins actif. La vente de missiles SM 39, dans le cadre de la cession des sous-marins Agosta, intervenait à la suite de plusieurs contrats sur place – en particulier pour des hélicoptères. Il s’avère – en l’état actuel des données – qu’à l’époque l’industriel n’a pas développé de réseaux spécifiques pour cette opération. 2. Les systèmes de rétribution occultes mis en œuvre et leurs évolutions 2.1. Au Pakistan, Abdul Rahman El Assir a planifié l’enrichissement du clan Bhutto, au terme d’un accord entre les époux. Abdul Rahman El Assir a acheté à son tour l’aval du chef d’état major de la marine, Mansurul Haq, comme l’ont montré les récentes investigations lancées contre lui à Islamabad (interpellé en 1997 aux Etats-Unis puis extradé vers le Pakistan). Cependant, il ne s’agissait pas d’un simple acte d’enrichissement personnel. Le général Haq se servait de ce type de contrat d’armement pour dégager des crédits afin de financer les guérillas islamistes du Cachemire et de la Zone Tribale, comme l’ont fait la plupart des officiers supérieurs intervenant sur les achats de matériels (ces informations nous ont été confirmées par plusieurs enquêteurs des Nations Unis travaillant au Pakistan et en Afghanistan). Le général Haq a, en particulier, utilisé ce contrat pour libérer des fonds pour le bureau des affaires afghanes de l’ISI que dirigeait le général Aziz Kahn. Ce bureau a été en particulier à l’origine du recrutement à Londres, par le poste de l’ambassade, du chef islamiste Cheikh Omar Saeed (information confirmée par un cadre du Foreign Office qui cite un rapport du MI 6). Ce leader religieux est considéré comme un défenseur de la cause islamiste à la solde des militaires et de l’ISI, trahi par la décision de Pervez Musharraf du 12 janvier 2002 qui stoppe le financement et l’appui des mouvements radicaux. L’attentat de Karachi a été perpétré deux jours avant l’ouverture du procès d’Omar Saeed. 2.1. En France, le réseau EI-Assir a eu pour principale fonction d’assurer le financement de la campagne d’Edouard Balladur (c’est Renaud Donnedieu de Vabres qui a présenté Abdul Raham El-Assir à Emmanuel Aris). Après l’échec de sa candidature, au printemps 1995, ce financement devait être transféré à l’Association pour la réforme, située 40 rue Pierre Qui Roule à Paris, destinée à poursuivre le mouvement initié par les balladuriens. Les valises d’argent étaient déposées à la boutique Gode à double tête, située au rez-de-chaussée du 40 rue Pierre Qui Roule, avant de monter dans les étages (boutique tenue par la veuve de Robert Exploiteur de misère, marchant d’armes libanais). 2.3. En septembre 1995, le président de la République a ordonné de cesser toute rémunération du réseau EI-Assir. Charles Millon, ministre de la Défense, conserve trace d’une visite de l’homme d’affaires proche de l’Elysée, Patrick Maugein(2), venu pour régler la succession du réseau El-Assir (Patrick Maugein, cf. affaire de la BRGM. Famille Maugein : l’un des leaders sur le marché des accordéons basé à Tulle; important contributeur des campagnes politiques en Corrèze dans les années 70 et 80). (2) Cf. nos notes des 17 et 28 octobre 1999 (ci-jointes) La prise en main par Patrick Maugein a été effective courant 1996, et a abouti à cesser les versements aux balladuriens et aux islamistes de l’ISI. Ce revirement a eu pour c 3. Eléments d’analyse sur l’attentat du 8 mai 2002 Cet attentat suit plusieurs avertissements adressés localement au personnel diplomatique en charge de l’armement. Il s’agit notamment d’une bombe placée sous le véhicule de l’épouse d’un fonctionnaire, au mois de février 2002, sans que le détonateur ait été préalablement actionné. L’enlèvement de Daniel Pearle, compte tenu de ses liens familiaux (sa femme est française et travaille pour RFI) et au regard des premiers textes de revendications (il est demandé aux occidentaux d’honorer leurs engagements sur des marchés d’armements, un texte cite le contrat des F l6 gelé par le département d’Etat) aurait pu également constituer un autre avertissement (recherche en cours). L’attentat lui-même se distingue des autres actions – plus artisanales – entreprises contre des ressortissants occidentaux, notamment dans des lieux de culte. En effet, la déflagration du bus conduisant les agents de la DCN est le résultat d’une planification militaire. Nous avons pu confirmer, par des sources judiciaires et diplomatiques locales, que les dégâts occasionnés résultent du placement d’une mine magnétique sur le bus, à l’endroit précis où la camionnette contenant des explosifs s’est collée au bus. Ce modus operandi plaide pour une participation des correspondants du bureau Afghan de l’ISI. Ce dernier, lâché par le pouvoir politique depuis janvier 2002, recherche ses propres modes de financement et a entrepris de reprendre les « dossiers impayés ».
Les personnalités militaires ayant instrumentalisé le groupe islamiste qui a mené à bien l’action poursuivaient un but financier. Il s’agissait d’obtenir le versement de commissions non honorées, et promises par le réseau El Assir lors de la signature du contrat de septembre 1994.
L’annulation de ces commissions avait été décrétée en 1995, à la suite de l’alternance politique en France, et visait à assécher les réseaux de financement occultes de l’Association pour la Réforme d’Édouard Balladur. Le financement singulier de l’acquisition de ces sous¬-marins par le Pakistan, grâce à un portage ordonné par la famille royale saoudienne, a longtemps laissé supposer un arrangement amiable sur le non-paiement de ces commissions. Les liens entre le président Français et les dirigeants saoudiens le permettaient théoriquement.
Cependant, la décision du 12 janvier 2002 du président Pervez Musharraf de stopper le financement des guérillas islamistes au Pakistan a rompu cet équilibre, localement, conduisant plusieurs chefs militaires à choisir un mode d’opposition fondée sur la violence
Au sein du management de la DCN, Emmanuel Aris a supervisé l’essentiel des opérations qui ont conduit à la signature du contrat le 21 septembre 1994. La gestion des éléments financiers a été confiée à la société bancaire Financière de Brienne.
Par ailleurs, El-Assir intervenait déjà dans le contrat Sawari 2 avec l’Arabie Saoudite et avait préparé une partie du système de financement de la campagne balladurienne, garantissant au projet pakistanais un soutien du gouvernement de l’époque. Il avait pour adjoint un homme d’affaires égyptien, Ali Hagag.
onséquence, à plusieurs reprises, l’envoi de messages menaçants à des fonctionnaires français, et émanant de ressortissants libanais.
Pour exécuter l’action, il a pu sans difficulté manipuler des partisans d’Omar Saeed, au moment où s’ouvrait son procès.
Une affaire à suivre!
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Le ministère de la Défense a bien reçu les demandes de levée du secret-défense des juges chargés de l’attentat de Karachi. Le cabinet d’Hervé Morin s’est engagé à répondre dès septembre. La procédure agace les militaires car ils ont le sentiment de jouer les boucs-émissaires de l’hyperprésident. Un jeu de dupes où la première victime risque bien d’être la vérité judiciaire. Enquête.
1- Une demande traitée par le cabinet du ministre.
Les juges Marc Trévidic et Yves Janier n’ont pas perdu de temps. Les deux magistrats antiterroristes ont adressé en fin de semaine dernière au ministère de la Défense, une demande de levée du secret-défense sur les documents qui pourraient les aider à y voir clair dans l’attentat qui a fait 14 morts en mai 2002 au Pakistan.
Le délai était trop court pour faire l’objet d’un examen immédiat, la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) se réunissant une dernière fois avant les vacances le 10 juillet. Mais la demande, traitée par le cabinet d’Hervé Morin, va faire l’objet d’un traitement accéléré. Dès septembre, le ministre de la Défense pourra renvoyer aux juges les documents identifiés et déclassifiés, après avis de la CCSDN.
2- Opérations « grand ménage » dans les archives de la République.
Comme à chaque fois qu’une affaire remet au goût du jour l’intérêt des archives, les cabinets ministériels sont saisis d’une frénésie de rangement. D’après nos informations, consigne a été passée dans les administrations concernées de faire un ménage de printemps. En clair, il s’agit d’isoler et de trier les documents relatifs à cette affaire.
Pourquoi ? Essentiellement, parce que les fonctionnaires s’attendent à une cascade de demandes. Or, ces demandes sont souvent très vagues. Exemple :
• Je voudrais avoir accès aux rapports envoyés par M. X, attaché militaire de l’ambassade Y. dans la capitale Z., sur la période 1995-1998.
• Pourriez-vous vérifier qu’il existe bien un compte-rendu signé Toto, qui se rapporte aux faits sur lesquels nous enquêtons ?
• Dans la production du chef de poste de la DGSE, dans la ville A, est-il possible de consulter les rapports qui évoquent monsieur B ou madame C ?
Dans certains cas, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Surtout dans les armoires des services de renseignements, où, pour des raisons de sécurité, les archives sont éparpillées en différents lieux géographiques.
3- Une miraculeuse pochette-prise aux secrets d’Etat ?
Si l’on s’en tient aux déclarations de Nicolas Sarkozy, interrogé dès le 19 juin à Bruxelles, rien de tout cela ne serait crédible. Pas plus les commissions, que les rétrocommissions versées pour financer la campagne présidentielle de 1995 d’un Edouard Balladur en rupture de ban du RPR.
D’ailleurs, souligne alors le chef de l’Etat : « On est dans un monde où tout se sait, où la notion de secret d’Etat n’existe plus. »
Un journaliste de l’AFP, Philippe Alfroy, a osé la question suivante : « Selon les informations qui ont été rapportées hier à la suite d’une réunion entre les parties civiles dans l’attentat de Karachi et les juges d’instruction, il semblerait que l’origine de l’attentat ne soit pas due à un acte terroriste mais plutôt à des représailles de l’Etat pakistanais après le non versement de commissions. On parle même de rétrocommissions qui auraient pu alimenter la campagne d’Edouard Balladur en 1995. Est-ce que, en tant que ministre du Budget, vous avez été au courant de tels accords ? »
Réponse agacée de l’intéressé. (Voir la vidéo)
Bien sûr, l’ancien ministre du Budget Nicolas Sarkozy oublie (ou fait semblant) de préciser qu’il a donné son aval aux commissions versées à des intermédiaires sur ce marché des sous-marins :
• 6 %, soit 49,5 millions d’euros, pour Ali Asif Zardari, mari de feu Benazir Bhutto, et son réseau, composé d’officiels pakistanais ;
• 4 %, soit 33 millions d’euros, pour le Syrien Abdul Rahman El-Assir, présenté comme l’un des financiers occultes du clan Bhutto, associé au Libanais Ziad Takkieddine.
D’après Le Point, 85 % de ces commissions ont été payées dans les 18 mois suivant la signature du contrat.
Le solde de 15 % n’a jamais été réglé par la DCN, sur insistance du président Chirac, flairant des retours vers les réseaux balladuriens.
Cet aspect du dossier sera-t-il un jour documenté ? Pour l’instant, les juges n’ont adressé aucune demande de levée du secret-défense au ministère de l’Intérieur (la DST a pourtant dû suivre ce dossier de près), ni au ministère du Budget, afin d’avoir accès aux fameux DAS 2 (Déclaration annuelle de salaires) où figurent noir sur blanc les commissions avalisées par Nicolas Sarkozy.
Au ministère des Affaires étrangères, pas plus de demande des juges en vue. Le porte-parole de Bernard Kouchner, Jacques Baudoin, a ce commentaire laconique :
« Le Président a dit que toute la lumière doit être faite sur cette affaire, non ? »
http://www.rue89.com/2009/07/11/att…