Ségolène Royal est passée chez Apathie. Voici la vidéo, vous allez constater encore une fois qu’un sujet très important n’a pas été abordé par Apathie, alors que Ségolène l’a cité deux fois. La prochaine fois, je lui conseille de faire un truc du genre suivant “au fait Monsieur Apathie, j’ai cité deux fois ce sujet <…>, vous pensez que ça n’interresse pas les citoyens?

Voici la vidéo de son passage chez Apathie ce matin.

Ceux qui pensent qu’elle n’a rien à raconter devraient visionner cette vidéo.  Ne serait-ce par exemple que pour se poser des questions aussi simples que “Mais que se passe-t-il en dehors de Paris?” Et aussi se rendre compte que certains à gauche ont compris que Sarkozy et l’UMP méprisaient les citoyens, qu’ils les prennent pour des cons. Et que cela risque de mal se terminer.

Il y a trois hypothèses soit ce gouvernement est totalement méprisant, c’est très ressenti il y a une revendication de respect et de dignité de la part des salariés, soit il est incompétent, soit il est obstiné: c’est sans doute un peu des trois

Elle parle aussi des chefs d’entreprise qui ne sont pas d’accord avec le MEDEF et qui ne s’estiment pas représentés par Parisot. Tiens voilà un sujet qui devrait intéresser les journalistes dont ceux qui me lisent. Ségolène Royal annonce  dès le début l’expérimentation de la sécurité sociale professionnelle en région. Apathie n’a même pas demandé de quoi il s’agissait! Il préfère parler de Parisot, et de la démagogie que cette cynique foldingue voit dans les manifestations. Et après c’est ce même genre d’éditorialiste qui nous dit que la gauche est inaudible.

Ségolène Royal parle aussi des milliards d’aides qu’il faut ré-orienter pour donner des marges de manoeuvre à l’état pour agir plus efficacement. C’est un sujet qui me passionne, vous allez le voir prochainement.

Et voilà le verbatim de cette interview:

Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Ségolène Royal.

Ségolène Royal : Bonjour.

Vous verra-t-on dans un défilé tout à l’heure, Ségolène Royal ?

Oui, bien sûr. Je vais aller à Poitiers, dans le chef-lieu de la région Poitou-Charentes que je préside.

On va vous accuser de récupération ?

Je ne crois pas parce que je suis tous les jours au côté des entreprises, des salariés ; que la région que je préside fait énormément, à la fois pour aider les PME, pour réunir les banques, pour faire en sorte que le crédit arrive à ces entreprises qui avancent, pour servir de médiation dans les entreprises qui se comportent mal, pour investir à la fois dans les secteurs de pointe du futur comme dans la croissance verte, et en même temps, pour mettre en place à titre expérimental, la Sécurité sociale professionnelle.

Donc, vous pensez que votre place est dans un défilé ?

Bien sûr, parce que défilé non seulement est légitime ; mais en même temps, il est utile. Il est utile au pays. Pourquoi ? Parce peut-être que grâce à ce défilé, le Pouvoir va enfin bouger pour répondre aux préoccupations des Français.

Laurence Parisot, présidente du Medef, qualifie cette journée de “démagogie”. “Une facilité”, dit-elle.

Je suis consternée, moi, par les prises de position successives du Medef. On a un patronat qui, heureusement, n’est pas représentatif de l’ensemble du patronat français que je distingue des patrons des petites et moyennes entreprises qui ne se reconnaissent plus dans le Medef.

Vous faites une différence entre patrons de grandes entreprises : tous mauvais ; patrons des petites et moyennes entreprises : tous gentils ?

Je regarde quel  est le comportement et quelles sont les déclarations des uns et des autres. J’ai vu quel était le comportement du Medef en Guadeloupe. Et d’ailleurs, si le pouvoir en place avait pris soin de résoudre la crise guadeloupéenne, peut-être aujourd’hui, serait-il mieux à même d’avoir les outils pour répondre à la crise en Métropole parce qu’elle est de même nature ; et on a vu un Medef très réactionnaire, très replié sur lui-même alors que nous devons, aujourd’hui, chercher, tous ensemble, des solutions pour répondre à la crise.

Il y a des solutions à court terme : celles qui devraient inciter l’Etat à prendre toutes ses responsabilités par rapport à la gestion des fonds publics, on pourra y revenir.

Et puis, il y a des investissements à faire dans les industries du futur parce qu’il y a des solutions, bien sûr la croissance verte, je l’évoquais à l’instant. Mais aussi tout ce qu’il y a quelque chose à voir avec la santé, ce sont des filières de développement économique très importantes et tous les secteurs d’innovation comme les nouveaux matériaux, le bâtiment, les transports ; et là, on ne voit pas clairement quelle est aujourd’hui la politique de l’Etat ; et je crois que c’est ça qui fait peur aux Français.

François Fillon, la semaine dernière, disait : il n’y aura pas d’enveloppe supplémentaire parce qu’une enveloppe supplémentaire, ce serait de la dette supplémentaire. Il a raison ? Il a tort ?

Je suis très choquée d’entendre un chef de gouvernement avant même un grand mouvement social déclarer que rien ne changera. Il y a trois hypothèses :
- soit ce gouvernement est totalement méprisant, et d’ailleurs c’est quelque chose qui est très ressentie. Il y a une revendication de respect, de dignité de la part des salariés. Soit il est méprisant.
- soit il est incompétent,
- soit il est obstiné.
C’est sans doute un peu des trois.

Soit il n’a pas d’argent ?

Il n’a pas d’argent ? Mais il en a de l’argent. Il ne s’agit pas d’engager une fuite en avant vers toujours plus d’endettement et d’investir n’importe comment dans n’importe quel secteur.

Mais quand l’Etat met de l’argent, par exemple, dans les banques. Il doit y avoir des contreparties : c’est-à-dire dénationalisation partielle et temporaire du système bancaire. Je réunissais récemment des PME de ma région qui, pourtant, sont engagées dans la construction du véhicule électrique. Les banques avaient arrêté de leur prêter, c’est-à-dire elles n’avaient même plus le fonds de trésorerie pour continuer à avancer alors qu’elles innovent et qu’elles vont sortir, en fin d’année, la voiture électrique à 5.000 euros. Et donc, c’est à la fois désespérant sur le plan de l’efficacité économique, et incompréhensible sur le plan de la bonne gestion des affaires publiques.

Il y a de l’argent aussi dans les aides économiques aux entreprises. D’ailleurs, les responsables syndicaux l’ont demandé. Il y a 40 milliards d’aide économique aux entreprises. Il faut concentrer ces aides sur les entreprises qui augmentent la masse salariale, soit parce qu’elles augmentent les salaires, soit parce qu’elles recrutent, et ainsi de suite.

Il y aurait beaucoup d’exemples à prendre aujourd’hui dans la politique économique qui prouve que l’Etat a des marges de manœuvre très importantes.

Quand on interroge les Français, le Parti socialiste a-t-il des idées face à la crise ? 76% estiment que non. Vous n’êtes pas audible, Ségolène Royal ?

Il y a un vrai problème, en effet, de crédibilité de la parole politique parce qu’aujourd’hui …   

De celle des socialistes ?

De celle des so
cialistes aussi. Pourquoi le nier ! Et en même temps, quand on regarde le travail que nous faisons sur les territoires, comme je viens de le montrer, je crois que nous avons des réponses. Nous avons des réponses crédibles. Il y a trois domaines d’action :
- Il y a les entreprises qui se comportent mal et sur lesquelles l’Etat doit remettre de l’ordre juste. C’est l’exemple de Total. C’est l’exemple de Continental. Songez que dans cette entreprise, les salariés avaient accepté de revenir aux 40 heures et malgré tout aujourd’hui, ils sont licenciés. Les Français sont révoltés par le comportement de ces entreprises. Là, il est possible de mettre de l’ordre et de vérifier aussi la répartition des profits de ces entreprises qui continuent à donner beaucoup de dividendes aux actionnaires et par ailleurs, de licencier.
- Il y a ensuite les entreprises qui avancent, qui innovent, qui créent, qui marchent parce qu’il y en a dans cette Crise. Il faudrait aussi les montrer un peu plus pour éviter cette dépression collective sur l’économie.

Et la troisième catégorie ?

La troisième catégorie, ce sont les entreprises qui ont de réelles difficultés, qui perdent des marchés, qui ont des difficultés de mutation, qui ne trouvent pas les salariés bien formés ; et dans ces entreprises à la fois pour leur épargner les plans sociaux tout en protégeant les salariés qui ne doivent pas être les seuls à subir la crise, dans ces entreprises-là, il faut mettre la sécurisation des parcours professionnels, c’est-à-dire continuer à payer les salariés même en cas de mutation, en leur maintenant le contrat de travail pour qu’ils puissent se former et rebondir sur des nouveaux emplois et de nouvelles activités.

François Chérèque jugeait que certains militants politiques, notamment ceux du parti d’Olivier Besancenot, dans cette crise, faisaient un peu “rapace”. Qu’avez-vous pensé du mot, Ségolène Royal ?

Je pense, d’une façon générale, qu’il ne faut pas récupérer le mouvement social. Et en même temps, il faut être à ses côtés lorsqu’il est légitime et lorsqu’il peut déboucher sur quelque chose de positif pour le pays. Aujourd’hui, nous avons des responsables syndicaux extrêmement responsables…

Le parti d’Olivier Besancenot exagère dans sa tentative de récupération du mouvement ?

Je ne suis pas là, moi, pour évaluer tel ou tel comportement ; mais c’est vrai que dans la façon dont il intervient et dans la façon dont il est absent sur toutes les formes de propositions opérationnelles de politique alternative, ça peut poser un problème, mais c’est de sa responsabilité. Le rôle des socialistes, un parti de gouvernement, c’est de faire des propositions et c’est de faire la politique par la preuve sur les territoires que nous dirigeons.

Qu’avez-vous pensé des propos du Pape, Ségolène Royal ?

Je suis profondément choquée. Vous savez, il y a à travers le monde, 33 millions de personnes qui sont touchées par le sida. J’observe avec satisfaction aussi que les catholiques élèvent la voix et prennent leur distance par rapport à cette prise de position. Je crois que la responsabilité de tout chef religieux, quelque soient les religions c’est de défendre le principe de vie et certainement pas d’engager les êtres humains vers la mort.

Une ministre défend le Pape, ça vous choque ou elle a le droit, Ségolène Royal ?

C’est déplacé.


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