Le Monde publie une tribune d’un dirigeant de PME qui explique tout ce qu’il faut savoir sur les Heures Sup de Sarkozy: bordel, fraudes possibles, intérêt économique nul

Ségolène Royal l’avait affirmé pendant la campagne présidentiel: la défiscalisation des heures supplémentaires de Sarkozy n’est pas une solution. Des économistes avaient conclu à la même chose, et bien sûr les médias TV n’avaient pas prêté attention aux critiques. Seul comptait pour eux l’image de Sarkozy répétant ses gimmicks dont le célèbre “travailler plus pour gagner plus”, sa oser poser une seule question.
Le Monde propose donc un article signé par un dirigeant de PME sur le sujet des heures supplémentaires défiscalisées.

Je vous résume ses remarques, en précisant bien sûr que ce n’est pas un gauchiste. Christian du Mesnil du Buisson est directeur financier dans une PME.
Il décrit le tout avec quelques qualificatifs assez joyeux, comme inepte, contre-productif, disproportionné. Il nous explique que cette mesure pourra être utilisée de manière frauduleuse pour travailler autant pour gagner plus, en faisant de fausses déclarations.

Prenons le cas des très petites et petites entreprises, où le climat social est souvent bon, notamment dans le secteur des services. Ici l’on ne compte pas toujours ses heures et la tentation sera grande, avec l’accord verbal des salariés, de transformer en heures supplémentaires nominales les augmentations annuelles de salaires ou encore tout ou partie des primes sur résultats. Gagner plus en travaillant comme d’habitude et sans que cela coûte un sou au patron, cela ne vaut-il pas de signer les yeux fermés une feuille d’horaires bidon, là où l’on n’en signait aucune par le passé ?

N’oublions pas qu’en même temps un mouvement idéologique se dresse contre le contrôle de la législation du travail, avec des mesures pernicieuses prises depuis 2002 par la majorité UMP.

Quand aux conséquences macro-économiques de cette mesure, voilà ce que ce monsieur écrit, et vous reconnaîtrez les critiques que nous avons fait pendant la campagne.

Cette loi n’est pas seulement douteuse quant à son application effective par les entreprises. Elle est aussi plus que discutable sur le plan de ses effets macroéconomiques. S’agit-il comme le suggère de plus en plus le gouvernement d’une relance keynésienne de la demande ? C’est une hérésie dans un pays qui souffre non pas d’un déficit de consommation, mais d’un manque évident d’investissements et surtout d’une compétitivité externe dégradée. Cherche-t-on à diminuer le coût du travail pour améliorer cette compétitivité ? Alors ne limitons pas la mesure au seul coût des heures supplémentaires. Et si l’on veut relancer l’offre productive, a-t-on mesuré l’efficacité réelle d’une mesure caractérisée par un effet d’aubaine disproportionné (plus de 90 % des heures supplémentaires détaxées étaient déjà effectuées) et qui de surcroît entraînera inévitablement un déplacement de l’offre de travail des salariés les plus précarisés (intérimaires, temps partiels) aux “insiders” les mieux lotis ?

Ca vous rappelle quelque chose non? Le vaste foutage de gueule de la campagne, et qui va payer la facture de la rupture: ceux qui ne sont pas rentiers.

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