Nicolas Hulot, le Crozemarie de la forêt amazonienne
Je me doutais bien un peu que cette présidentielle s’annonçait encore plus baroque que la précédente mais quand j’ai appris que le patron de la marque de gel-douche qui trône dans ma salle de bain envisageait sérieusement de se présenter à l’élection présidentielle, j’en suis quand même resté légèrement sonné
Nicolas Hulot !
Mais si !
Rappelez-vous, ce type qui faisait du parapente au dessus des hippopotames sous les caméras de TF1 dans les années 80 en commentant tout ça avec une voix d’asthmatique en fin de vie, avant de se reconvertir avec un succès certain dans l’industrie cosmétique.
C’est qu’à l’époque, 1993, se présente une opportunité rare ; L’Oreal est absent du secteur gel-douche et souhaite y investir. Le pur coup de chance comme le raconte Patrick Le Lay, l’homme qui gère nos temps de cerveau disponibles : ”On n’a jamais retrouvé une marque de la puissance d’Ushuaïa”[1] .
Un partenariat est donc signé entre L’Oreal, TF1 et Nicolas Hulot dans le but de produire des gels-douche et des produits cosmétiques.
Que la composition et le mode de fabrication de ces gels-douche n’aient strictement rien à voir avec les notions de développement durable est bien sûr un détail anecdotique dans cette belle success-story à la française :
la société Eole « Conseil pour les affaires et autres conseils de gestion (7022Z) », qui gère les intérêts de Nicolas Hulot, et qu’il possède à concurrence de 498 parts sur 500 tire plus des deux-tiers de ses revenus nets (env.2MF en 2000) de la vente des produits dérivés.
Il est difficile d’obtenir des chiffres plus récents que 2006 ( soit 707.200 € de CA) puisque depuis cette date les comptes d’Eole [« Conseil pour les affaires et autres conseils de gestion (7022Z) »] ne sont plus publiés, comme l’y oblige pourtant l’article R-247-3 du code de commerce. Nicolas Hulot doit juger préférable d’acquitter l’amende prévue (minime : 3000 €) plutôt que d’exposer au grand jour les profits moralement discutables que ses partenariats avec l’Oréal et TF1 lui rapportent… 3000€ c’est rien par rapport au risque que la ménagère de plus de 50 ans s’aperçoive que Hulot n’est pas le chevalier blanc qui se bat pour sauver la planète et les gentils dauphins mais un triste affairiste..
En fin, pour la bonne bouche quelques extraits édifiants du très récent (2 février 2011) RAPPORT D’INFORMATION de LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE de l’Assemblée nationale sur les modes de financement et de gouvernance des associations de protection de la nature et de l’environnement
- Tout au long de leurs auditions, vos rapporteurs ont constaté que l’organisation des fondations environnementales soulève d’importantes interrogations, qui pèsent sur leur crédibilité dans le débat public et qui rendent leur parole sujette à caution. Des liens troubles existent avec les grandes entreprises qui les financent, voire qui siègent à leur conseil d’administration – certaines directement concernées par les politiques publiques en matière d’environnement. L’identification d’une fondation à un individu accroît le risque de confusion entre intérêt général et action personnelle : les journaux de janvier ont ainsi annoncé puis démenti la démission de Nicolas Hulot de la présidence de la fondation FNH dans la perspective d’une candidature à la prochaine élection présidentielle.
(..)
La composition du conseil d’administration de la fondation Nicolas Hulot pose d’autres questions. Trois entreprises y occupent un siège : TF1, EDF et L’Oréal. Ceci ne pose, en soi, aucune difficulté : le mécénat de puissantes sociétés en faveur de l’environnement doit être accueilli comme un moyen supplémentaire d’action. Néanmoins, les activités particulières de ces groupes semblent problématiques sans les dimensions environnementales. EDF est une entreprise de pointe dans le secteur nucléaire. Quant à L’Oréal, elle est classée parmi les groupes de cosmétiques dont les produits font l’objet de test sur les animaux, au grand désarroi des opposants à la vivisection. Dès lors, comment interpréter, par exemple, la position très mesurée de Nicolas Hulot sur l’énergie nucléaire ? Quel poids donner à sa parole sur les activités principales de ses deux administrateurs, dont vos rapporteurs ont appris que l’un d’eux finance la fondation à hauteur de 10 % de ses ressources ?
(…)
Les organismes entendus par vos rapporteurs ont subi le mouvement de professionnalisation qu’a connu le monde associatif au cours des deux dernières décennies. La multiplication des permanents, rendus nécessaires par les formalités administratives à acquitter et par la compétition pour l’accès au don, imposés aussi par les avancées permanentes de la technique en matière de protection de l’environnement, justifiées enfin par la présence obligatoire de personnels pour les opérations de sensibilisation et de pédagogie, aboutit à des frais de fonctionnement importants. La LPO a fait part de sa volonté de plafonner sa masse salariale à 45 % de son budget. Pour la fondation Nicolas Hulot, le taux est supérieur à 50 %.
(…)
Nous avons mis le doigt sur des situations assez étonnantes. Ainsi, nous avons rencontré une fondation de protection de l’environnement – celle de Nicolas Hulot – dont EDF et L’Oréal sont des administrateurs et des financeurs importants. Peut-on, dans ces conditions, tenir un discours neutre sur les choix énergétiques et sur les pratiques de vivisection dans l’industrie des cosmétiques ? Nous avons appris que Yann Arthus-Bertrand, président de la fondation Goodplanet, soutient l’organisation de la coupe du monde de football de 2022 au Qatar, gâchis énergétique plusieurs fois évoqué en ces lieux. Le Qatar a par ailleurs financé la traduction en arabe de son film Home. Est-ce une bonne politique ?
Je ne vous le cache pas : autant Geneviève et moi avons relativement peu à dire sur les associations, qui représentent leurs adhérents et qui sont une expression de la démocratie, autant nous sommes plus circonspects sur le poids médiatique acquis par les fondations qui ne représentent souvent qu’une dizaine de personnes et leurs amis.
La candidature Hulot signe la mort de l’écologie politique
et annonce l’avènement d’une écologie soft, syncrétique, voire anomique, qui fait le lit de cet oxymore débile de croissance verte que les think-tanks US essaient de nous vendre : Une écologie au delà du bien et du mal, au delà de la gauche et de la droite ; mais quand l’écologie oublie l’idéologie pour croire qu’elle se suffit à elle seule, on sait où déjà où ça mène, il y a des précédents : la législation sur la protection de la nature du IIIe Reich fut la plus contraignante jamais édictée à ce jour … et Marine l’a déjà parfaitement bien compris, elle, qui vient d’infléchir sa ligne politique en directrion
de l’écologie…
Nicolas Hulot, candidat du courant ‘marketing gel-douche‘, essaie de nous vendre un ideal bobo qui financera généreusement des caprauducs avec le 0,00000000001% des profits que M. Bouygues, Mme Bettencourt et M. Hulot auront généré avec cette escroquerie morale qui s’appelle Ushuaïa.
De grâce, ne rajoutons pas une imposture politique à une escroquerie commerciale !
Notes :
[1] Sain Nicolas, BONTE Bérengère, Editions du Moment , pp 185-211, Paris, 2010
Billet invité, c’est un pote qui l’a écrit: Philippe de Tilbourg consultant web indépendant, un de mes complices de 2007. Je suis d’accord à 100% avec tout ça ! Et notez que ce billet a été publié le 14 février à 11H20 . Etrangement Libération a publié hier un article sur le même sujet qui reprend ces informations y compris les citations du rapport au caractère près. Nous avons donc une forte suspicion de copier/coller honteux. ils ne sont cependant pas allé jusqu’au stade “Morandini” en y collant exclusif.
Pour compléter :